Lettre ouverte au Président de la République

par morice
lundi 8 mars 2010

M. le Président,

Notre pays va mal, et vous le savez bien et vous vous efforcez d’y remédier, ainsi que vos ministres. Nulle envie aujourd’hui de polémiquer sur le sujet pour en connaître les attenants ou en voir les conséquences immédiates ou lointaines. L’art est difficile, dirais-je, faisons donc confiance à nos élus, et à vous-même. Le moment n’est pas à la polémique en la matière. Aujourd’hui, l’heure n’est pas à la critique.

Un pays va mal quand sa jeunesse va mal, dit-on : nul besoin d’être prophète ou sociologue pour le constater. Or, depuis quelques jours, je trouve personnellement de quoi reprendre espoir, à voir une jeunesse décidée, qui donne l’exemple et qui s’investit dans quelque chose de généreux qu’il conviendrait de saluer davantage. Je pense que vous serez aujourd’hui sensible à ma démarche en homme soucieux avant tout de l’avenir de son pays.

Des jeunes des Charentes et de Vendée ou de plus loin encore viennent spontanément en aide, actuellement, aux sinistrés durement touchés par ces terribles inondations. Dans l’océan de désespoir qui a envahi la région, ils représentent un signal fort. Celui d’une jeunesse ayant gardé sa force et ses valeurs de générosité. Celui de la jeunesse d’un pays qui songe à ses plus âgés dans le besoin. Celui d’une jeunesse telle que vous l’aimez, monsieur le président, et telle que je l’aime également : décidée, volontaire, active et pleine d’espoir.

C’est cette jeunesse qui peut redynamiser notre pays. C’est sur cet exemple qu’elle nous donne qu’il nous faudra, et qu’il vous faudra compter, pour le rendre meilleur dans les années à venir. C’est votre volonté, la leur, et c’est la mienne également. C’est cette jeunesse qu’il convient de féliciter.

Ces volontaires n’ont rien demandé à personne et ne sont inféodés à aucun parti. Leur décision de venir en aide aux autres n’appartient qu’à eux. Mais leur geste est beau, Monsieur le Président. Très beau : il est l’âme même d’un pays qui sait se mobiliser quand il le faut en cas de difficultés. Ils sont partis un beau matin la fleur au balai, le seau et la serpillère au bout du bras, sachons leur faire savoir combien leur geste nous a ému. Ces jeunes ne se sont pas inquiétés de savoir qui ils aidaient : la générosité exclue le racisme ou l’intolérance. La jeunesse est par nature généreuse, et cette jeunesse-là est à féliciter de ne pas l’avoir oublié. En ces moments où les liens entre individus disparaissent, ou les briques de la discorde font leur apparition, ils nous apportent un ciment frais capable de bâtir un beau pays. Leur civisme est confondant.

Ces jeunes qui ont du cœur, et des idées nobles, je vous demande, Monsieur le Président, de les récompenser comme il se doit. On octroie habituellement des médailles à ceux qui ont œuvré pour la France, ou sont même tombés, hélas, pour elle. 

Vos services de l’Elysée ont reçu récemment les formidables pompiers qui se sont rendus à Haïti afin de les récompenser de leur devoir accompli. Je m’en félicite. 

Aujourd’hui, Monsieur le Président, il convient de faire davantage et c’est pourquoi je vous demande d’en choisir quelques-uns, parmi ces jeunes dynamiques et enthousiastes, que vos services sauront retrouver, faisons leur confiance, pour les distinguer comme il se doit. Le tirage au sort étant le meilleur moyen pour les sélectionner.

En qualité de simple citoyen bouleversé par leur geste, Monsieur le Président, je vous demande de choisir cinq d’entre eux, et de les faire accéder au rang de Chevaliers de l’Ordre National du Mérite, l’Ordre du Mérite Civil n’existant plus, ce que je regrette à vrai dire. La nation doit savoir récompenser à sa juste valeur les plus beaux gestes de ses meilleurs enfants. C’est l’occasion il me semble.

Un pays a besoin d’exemples de ce genre pour avancer : nous en avons d’excellents avec ces jeunes volontaires, leur engagement spontané et leur énergie, et je pense que vous saurez écouter ma supplique et la recevoir au mieux.

En souhaitant un geste fort pour ces jeunes méritants, veuillez recevoir, Monsieur le Président de la République, l’expression de mon profond respect républicain.

 

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