Liban : des traces dans les esprits

par franck dana
vendredi 3 novembre 2006

Avec deux mois de recul, il apparaît que la guerre au Liban a laissé des traces.

Août 2005, à Beyrouth.

Le voilà enfin, ce pays dont j’ai beaucoup entendu parler, sans pouvoir arriver à imaginer à quoi il pouvait ressembler. Ma chère et tendre et sa famille m’ont convié à ce voyage dans leur pays d’origine. Nous y sommes arrivés de nuit, et c’est donc seulement le lendemain matin que j’ai pu me faire une idée. De la fenêtre de la chambre d’hôtel. La première impression : celle d’un pays tout en contraste. En face de moi, un hôtel luxueux, digne de figurer en bonne place sur la Croisette. Juste à côté d’une carcasse d’immeuble rappelant aux touristes que ce pays s’est déchiré pendant des années. A droite, c’est encore plus saisissant. La mer, les restes d’un autre palace avec sa piscine... pleine de baigneurs !

J’ai vite compris que c’était ça, le Liban. Détruisez ce que vous voulez, nous, on continue à profiter de la vie.

A quelques mètres de là, au centre du carrefour, un trou immense. Un cratère laissé par l’explosion qui a coûté la vie à Rafik Hariri. Le ton est donné.

Paradoxe entre la religion présente partout (une mosquée, une église, une mosquée, une église...), et la vie nocturne des Libanais (et des Libanaises...) Les rues animées vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les restaurants bondés et les boîtes de nuit branchées. Paris by night est relégué au rang d’animation de village.

Paradoxe encore avec la gentillesse et la simplicité de la population. L’accueil chaleureux, aussi bien des chrétiens que des musulmans. Difficile d’imaginer ces deux populations s’entretuant pendant des années. Et pourtant, au milieu d’un restaurant luxueux et d’un centre commercial bondé, les cadavres d’immeuble sont là pour le rappeler.

Nous avons visité le pays du Nord au Sud (très au Sud même, mais je préfère ne pas développer), la beauté des paysages et ces petits endroits somptueux cachés au milieu de nulle part.

Ce pays a une âme, ce pays m’a conquis. Je le vivais déjà à travers ma seconde famille, de Paris. Mais une fois là-bas, je me suis vraiment senti Libanais de cœur. Et pourtant, ce pays est en guerre avec Israël.

Juillet 2006.

Tous ces endroits que je garde encore en mémoire, bombardés par le pays des juifs, c’est-à-dire par mes frères de sang. Ceux qui là-bas se battent pour leur survie.

Et de nouveau le paradoxe. Dans ma tête cette fois-ci. Partagé entre la compréhension d’un Israël qui se défend d’une agression, et la détresse d’un Liban victime d’une partie de sa population. Car le Hezbollah, justement visé par l’Etat hébreu, n’est pas le Liban. Inutile de revenir sur la géopolitique ultra complexe de cette région, mais pour schématiser, le Hezbollah, c’est un peu de Syrie dans une population libanaise prise en otage. Alors pourquoi ne pas dégommer la tête du mouvement terroriste et laisser le peuple tranquille ?

Octobre 2006.

D’apparence, Chirac a sauvé la situation. Mais le mal est fait, et tout est à reconstruire au Liban. Le plus grave est la victoire du Hezbollah. Son but était de conquérir le Liban, mes frères israëliens les y ont aidés. Par cette mauvaise guerre, l’Etat libanais n’existe plus. Place à l’Etat du Hezbollah.

Qui a dit que la Guerre froide était finie ? Les Etats-unis ont juste changé d’adversaire. Maintenant, c’est l’Iran. Et comme à la belle époque, ce sont les autres pays qui trinquent. Israël et le Liban. Deux peuples manipulés dans une guerre qui n’était pas la leur. Juillet 2006 n’a été qu’un épisode. On attend la suite.


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