Lorsque la Russie pose ses conditions
par oscar fortin
lundi 24 novembre 2014
Si le président Poutine a donné les grandes orientations des politiques de la Russie et les principes qui les inspirent lors de sa conférence à Valdaï, il passe maintenant aux conditions qu’il exige pour que la paix puisse avoir une chance de se concrétiser.
La semaine dernière. il a clairement indiqué que la Russie ne bougera sur la question de l’Ukraine qu’à condition d’avoir des garanties fermes à 100 % que l’Ukraine ne sera pas entraînée dans le giron de l’Union européenne et qu’elle ne sera pas intégrée comme membre de l’OTAN. Par cette exigence, le président Poutine fait entendre à l’Europe et à Washington qu’il ne saurait tolérer la présence des forces armées de l’OTAN à la frontière de Russie. Il s’agit d’une question fondamentale qui répond aux exigences de sa sécurité nationale et des intérêts du peuple russe.
« La Russie a besoin des "garanties à 100 %" assurant la non-adhésion de l'Ukraine au sein de l'Alliance atlantique, a déclaré le porte-parole du président russe Dmitri Peskov dans une interview accordée à la BBC.
Selon le porte-parole, le rapprochement des forces de l'Alliance des frontières russes a rendu Moscou "inquiet". M.Peskov a également reproché à l'OTAN de chercher à "déséquilibrer le rapport des forces".
“Les É.-U. tiennent fermement au maintien de principes fondamentaux dans les relations internationales, et l’un de ces principes est que l’on n’envahit pas un autre pays”
Comment est-ce possible qu’il puisse dire une telle chose avec le plus grand sérieux de monde sans se payer la tête de ses interlocuteurs ? Je ne pense pas qu’avec une telle affirmation il ait augmenté son niveau de crédibilité déjà passablement bas.
Le second point qui a été relevé par le président Poutine est celui des révolutions de couleurs qu’il ne saurait tolérer sur le territoire Russe. Il va déployer tout ce qui est en son pouvoir pour que ces révolutions qui ont fait des ravages dans de nombreux pays ne puissent s’implanter en Russie.
“Les autorités russes mettront tout en œuvre pour éviter qu'une "révolution de couleur" ne se produise en Russie, a indiqué jeudi le président russe Vladimir Poutine lors d'une réunion du Conseil national de sécurité.
"Dans le monde contemporain, l'extrémisme est souvent instrumentalisé à des fins géopolitiques, pour une nouvelle répartition des sphères d'influence. Nous pouvons voir les conséquences tragiques de la vague de soi-disant révolutions colorées,
"Les souffrances des peuples ayant vécu ces expérimentations irresponsables (…) d'ingérence grossière dans leur vie. Il s'agit pour nous d'une leçon et d'une mise en garde, et nous ferons tout notre possible pour que cela ne se produise jamais en Russie".
Sur les révolutions couleur à lire un article de Luc Michel qui fournit de nombreuses références. Un autre de Maria Baliabina et un dernier de Pablo Gonzalez.
Il est évident que toute action de sécurité gouvernementale pour contrer les leaders à l’origine de ces mouvements subversifs sera considérée par la presse meanstream comme une mesure répressive, augmentant ainsi le discrédit sur les autorités du pays. On parlera alors de prisonniers politiques et non de délinquants ou d’ennemis à charge pour faire le travail de bras des maîtres du jeu. On transformera tous les personnages politiques importants en des êtres corrompus et hypocrites. Comme on dit, ils en savent quelque chose pour en être eux-mêmes.
Pour le moment, Poutine est l’objet de tout ce qui peut se dire pour le diaboliser et le discréditer. Heureusement, son peuple, à 85%, est là pour lui faire savoir qu’il est avec lui et en accord avec sa manière de gérer le pays.
Pour finir, il est intéressant de noter un changement de comportements chez certains pays européens. Il faut relever la toute dernière intervention du ministre des Relations extérieures d’Allemagne dont le rôle en Europe est de premier plan..
Dans le même temps, M.Steinmeier a qualifié d'"irréaliste" le scénario prévoyant l'entrée de Kiev à l'UE à long terme, car la modernisation économique et politique de l'Ukraine constitue selon lui "un projet pour plusieurs générations".
Nous assistons peut-être aux premiers signaux d’une solidarité qui commence à se fragiliser d’une part entre les membres de la communauté européenne et d’autre part avec Washington.
Oscar Fortin
Le 23 novembre 2014