M. Macron et la logique de la repentance. Le point Godwin comme point de départ

par Artémise
mercredi 10 mai 2017

"On enfonçait dans la vasque du régime" M. Déon

 

   Il est évident que M. Macron en se rendant en pèlerinage à Oradour-sur-Glane le vendredi 28 avril a décidément atteint en beauté le sommet de la montagne de la démagogie, ou plutôt s'est précipité dans le gouffre du chaos rhétorique. Après s'être débattu dans la vase du chantage à la colonisation le voici abattant sa dernière carte. Avec toute l'indécence que cette stratégie implique, M. Macron ne conçoit même pas l'indignité que lui a fait atteindre, dès le début de sa seconde campagne, le point Godwin ! Dans le milieu journalistique, s'il peut constituer l'argument d'autorité par excellence, il symbolise également l'abandon du débat constructif. Il impose le silence, oppresse la réflexion, mais qu'importe, le perdant a été dénoncé.

Ainsi, signez-vous un échec de campagne ou avouez-vous un vide dans votre programme que seul peut rattraper l'argumentum ad hominem ? Considérez-vous avec autant de mépris les Français pour espérer les convaincre par la politique des bons sentiments ? Prenez garde à ne pas bâtir votre campagne sur les décombres d'un discours périmé, d'une stratégie qui s'essouffle.

Quand le recours au pathos se substitue à l'art de la rhétorique...

 

  Si la démagogie est bien l'art d'exploiter les intérêts, les égoïsmes individuels comme des armes de conquête des opinions, en les subordonnant à cet intérêt, ô combien supérieur, de l'instauration d'un pouvoir, elle devrait du moins avoir la décence de ne se justifier qu'auprès des vivants.

Écœurant, de prendre les morts à témoin pour servir les intérêts du capital.

Abject, de profiter du drame national à des fins politiques.

Honteux d'exploiter, non seulement un passé qui ne vous appartient pas, et surtout de réduire la souffrance à une valeur marchande. La commémoration est par nature un geste gratuit et désintéressé. La mémoire est le ciment unificateur d'un peuple. M. Macron l'utilise comme un argument de campagne.

 

  Toutefois, s'il y a quelque choses que M. Macron a très bien assimilé, ce sont les exigences de la guerre stratégique. Elles reposent sur trois piliers : un ennemi à abattre, une arme à maîtriser, un espace à conquérir. L'ennemi n'est pas difficile à déterminer. La nébuleuse médiatique constitue son arme. M. Macron territorialise à présent son combat politique et idéologique. Le passé devient le lieu des affrontements. Les rôles sont réattribués. En se montrant le défenseur de la République et du même coup l'incarnation de la résistance au régime nazi, son concurrent politique est contraint de jouer la pièce, sous le masque de la perdition la démocratie et du même coup, de la menace de mort qui plane sur l'humanité en général puisqu’associé ipso facto au régime hitlérien. Le poids du raisonnement sophiste sacrifie l'honnêteté sur l'autel de l'idéologie.

M. Macron est décidément de ces derniers fantômes qui hantent les couloirs de la vie politique en huant à la menace fasciste à l'heure où il invite les Français à s'habituer au danger terroriste. Le hors sujet, hélas, peut être fatal.

 

 Si la culture française n'existe pas, qu'est-ce que l'histoire alors ? Une boîte de conserve qui a rejoint les chiffres et les statistiques dans le supermarché des arguments électoraux. M. Macron symbolise l'individu même du village global qui ne survit que dans la course effrénée pour la consommation, le prédateur sans cesse insatisfait. Tout y passe, même la culture française.

L'histoire aurait donc déserté les champs d'investigations de M. Macron. Plus celui-ci nie l'existence d'une culture française, plus il s'illustre par la pertinence de son ignorance quant au passé du pays qu'il prétend gouverner. Pauvre pendu étouffé par son nihilisme au-dessus du gouffre de l'inculture.

Si de la France il ne connaît ou ne feint de connaître que les horreurs, pourquoi vouloir être président d'un peuple, d'un pays dont l'histoire ne se résume qu'à la succession morbide de « crimes contre l'humanité » ? Peut-être que la culture française n'existe que dans la mesure où M.Macron l’intègre et la juge dans ses palabres démagogiques ? Finalement la culture française (qui, si elle n'est pas illusion est un déchet à fouler aux pieds) est réinventée et réinterprétée par M. Macron grâce à son art du monologue, d'où son assurance sereine à débiter des absurdités historiques et faire de ses phrases des réservoirs de paradoxes noyés dans un flot de subordonnées. On cherche d'ailleurs souvent la principale...

 

  Si M.Macron avait mieux appris son histoire de France il aurait su que la première initiative des dictatures qu'il redoute tant, est de s'accaparer l'histoire (de la Troisième République au Troisième Reich). Si ce polichinelle de la pensée unique de la non-identité daignait laisser aux Français ce qui peut encore les réunir : leur culture constituée d'un héritage et entretenue par une mémoire...

Vous serez jugé par les peuples pour avoir voulu acheter ses morts. Vous serez jugé au tribunal de l'histoire pour l'avoir ignorée et manipulée et l'avoir réduite à une mascarade de la repentance. Et sachez-le, elle vous enverra bien vite aux oubliettes du château de la honte.

  M. Macron, laissez l'histoire aux historiens, la mémoire à leur peuple et ils laisseront avec insolence la démagogie aux démagogues.

Si vous n'avez pas pitié des Français, ayez au moins pitié des morts.

 


Lire l'article complet, et les commentaires