Macron à hue et à dia

par Henry Moreigne
lundi 9 octobre 2017

Eh bien non. Il n’y a pas comme on voudrait nous le faire croire un nécessaire équilibre à trouver entre des mesures économiques de droite et des mesures sociales de gauche. Il y a tout simplement de bonnes ou mauvaises réformes pour le pays. Peu importe dès lors la classification subjective dans laquelle certains tentent de les faire rentrer.

L’erreur d’Emmanuel Macron est sans doute d’être trop pressé, de ne pas prendre le temps d’expliquer et de contextualiser ses décisions. Sa ligne politique sur l’Europe est limpide. Elle a été présentée le 26 septembre à la Sorbonne mais a été largement occultée par des médias plus enclins aux petites polémiques stériles qu’aux pensées complexes. Sa ligne économique qui fait la part belle aux entreprises mériterait un peu de pédagogie sur l’état de la France de 2017. Le mauvais élève de l’Union Européenne est un pays en plein décrochage où l’on a oublié qu’avant de penser à une redistribution des richesses, il faut commencer à en produire.

Prompte à aboyer, la gauche qui crie au loup est bien amnésique sur l’état du pays exsangue financièrement à l’issue d’un quinquennat où elle a cumulé tous les pouvoirs exécutif, législatif et locaux. La droite, plus discrète, mais toute aussi responsable de la situation actuelle, travaille en coulisse pour faire échouer le président de la république en jouant la carte de l’inertie et du blocage.

Vouloir des services publics performants et largement déployés dans l’hexagone est normal. Ne laisser personnes sur le bord de chemin et accompagner les plus fragiles en leur garantissant un minimum de ressources est à l’honneur d’une société qui se veut évoluée. Encore faut-il en avoir les moyens et ne pas payer la générosité d’aujourd’hui par le biais de dettes laissées aux générations futures.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron se veut à cet égard un mandat de rupture avec le manque de courage d’une partie de la classe politique pour mener des réformes indispensables dans un contexte mondial marqué par l’empreinte croissante de la mondialisation. Ne pas se réformer, c’est accepter de n’être qu’un simple bouchon balloté par les flots tumultueux d’une planète qui part à vau-l’eau. C’est faire le choix de l’effacement avec une France aphone dans le monde du fait de son absence de poids économique et sans influence dans une Union Européenne laissée aux seules mains allemandes.

Face aux harangues des yakafautquon il faut rappeler que la générosité, comme la gratuité, impliquent toujours au final un coût et donc un payeur. La question des APL à cet égard est un exemple parlant. Le coût du dispositif s’élève à 8,4 milliards par an (multiplié par 4 depuis 1984). Comme pour toutes les politiques publiques, une bonne gestion invite à vérifier que chaque euro dépensé l’est à bon escient et à défaut à apporter des correctifs.

Le décrochage économique de la France, notamment de son industrie, n’est pas une fatalité. Mais il serait démagogique de laisser croire que la remise sur les rails peut se faire en douceur totale sans petits désagréments, sans bouger les lignes.

Le nouvel instituteur Macron est-il trop sévère et exigeant ou ses prédécesseurs n’ont-ils pas été tout simplement trop laxistes ? Nous sommes en ce début de nouveau siècle à la croisée des chemins. Soit celui d’un égalitarisme béat qui tire vers le bas les niveaux scolaires, les salaires, étouffe les initiatives et les créations de richesses soit, celui de la méritocratie républicaine retrouvée où l’on encourage et récompense les plus travailleurs et les meilleurs sans délaisser pour autant les autres. Tous les autres.


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