Mahmoud Ahmadinejad : le héraut perse et... mondial

par Allain Jules
mardi 21 avril 2009

Hier à Genève, on a assisté à un véritable « n’importequoitisme » des pays de l’Union européenne. A quoi ça sert de se déplacer et quelques minutes après de prendre la poudre d’escampette ? Quel poker menteur ! Nous pomper l’air avec ces sempiternelles indignations à géométrie variable, hypocrites à souhait, ne trompe plus personne. Une véritable pantalonnade, un succès sans faille pour le président iranien qui touche juste, là où ça fait mal. Quel régal ce Ahmadinejad !

Apparemment donc, certains s’arrogent le droit de traiter les iraniens et les arabes comme des animaux sans âme au nom de la supposée démocratie qu’ils réclament à cor et à cri pour les autres, et la liberté d’expression. Alors, lorsque d’autres à leur tour prennent la parole, les cris d’orfraie dominent tous les récits des scribouillards qui sévissent en toute impunité dans les médias dominants, faisant la leçon comme d’habitude mais ne relatant pas réellement les faits.

Après un lynchage en règle avec la complicité de nombreux opposants iraniens en exil, la journée du président iranien ne fut pas une partie de plaisir. Le supposé Hitler selon ses détracteurs commence dès son arrivée au Palais des Nations de Genève. Conspué, insulté, accusé de racisme par une cinquantaine de personnes, dont le très médiatique Elie Wiesel dont on croyait qu’il était sur le carreau après que le magicien d’Oz aka Bernard Madoff l’eut ruiné et des étudiants juifs de...France qui hurlaient à tue-tête « raciste, raciste » (voir vidéo). Ils n’ont pas mieux à faire ? Mais c’était mal connaître le virevoltant leader iranien toujours droit dans ses bottes.

En quittant ainsi la salle en guise de protestation, indignation déguisée alors qu’ils fuyaient la vérité, les européens se sont montrés comme étant les dignes héritiers de Gobineau. Un seul d’entre eux, Dante Martinelli, le ministre suisse des Affaires Etrangères s’est montré digne en déclarant : « La Suisse ne partage pas les opinions du président iranien, mais chacun a le droit d’exprimer ses opinions ». Si j’avais été ministre c’est le même jugement qui allait être le mien. Une diplomatie ridicule donc, à coup de sarcasmes, de canons et d’arrogance comme l’a si bien dit le président iranien.

C’est en scrutant de fond en comble le discours de 30 minutes de Mahmoud Ahmadinejad qu’on se rend compte de sa cohérence et de sa profondeur. Du coup, les choses deviennent plus claires. Beaucoup de personnes ne peuvent faire face à son franc-parler et ne sont pas aussi prêtes à entendre certaines vérités venant de la bouche de ceux qu’on méprise en accusant de tous les mots et maux... L’attitude des européens qui se prennent pour le nombril du monde n’est que le substrat d’un atavisme raciste. Et puis, 23 pays représentent-ils le monde entier, même si on associe les absents ? Que nenni.

Amusons-nous à dire ce que nous, Occidentaux, aimons si bien dire sur les autres : nazislamiste ; Hitler ; nazillon ; fascislamiste ; facho ; et le bouquet final, celui que les braves européens qui ont adoubé Avidgor Lieberman qu’ils traitent....d’ultra nationaliste (amusant) c’est : « chef mondial des négationnistes » à l’encontre du président iranien. Mais, ne vous évertuez jamais à faire l’inverse c’est à dire à renvoyer les mêmes quolibets aux inspirateurs. Là, c’est le drame. Une machine hypocrite sans nom se met alors en branle pour vous éliminer de tout. Passons.

L’apologie de la haine n’est surtout pas le fait de Mahmoud Ahmadinejad. J’aimerai bien sûr savoir quel pays l’Iran a envahi, bombardé et réduit en esclavage. Cherchez bien, vous trouverez certains pays qui le font encore au XXIe siècle. Mais, il ne faut pas le dire. Dans cet ethno-différencialisme se cachant derrière des élucubrations d’une logorrhée morbide, se trouvent toujours ceux qui ne vivent que de guerre et ne se sentent bien que lorsqu’ils ont un ennemi avoué ou inavoué.

C’est le règne même, l’exaltation en somme d’une prose mensongère et mortifère qui perdure malgré un mensonge abyssal qui ne trompe plus personne. Sans complexe, le petit iranien au look Tati remet les pendules à l’heure. Il y a quelque chose de réconfortant à savoir que les vrais racistes qui ont soutenu jadis l’Afrique du Sud et son Apartheid -nous préférons taire les noms ici de peur que les foudres ne tombent sur nous-, ne sont pas à Genève pour participer à une conférence contre le racisme. Quoi de plus normal ?

Là où réside le grand bluff c’est que, les participants sont plutôt allés faire du shopping chez les célèbres horlogers à quelques encablures du Palais des Nations et pour couronner le tout, sont revenus. Alors, à quoi ce vaudevile enfantin a-t-il servi ? Cette ridicule action ressemble bien à une tentative de protection solaire à l’aide de tamis au lieu de parapluie. La fuite en avant manifeste en dit long sur les intentions réelles de certains.

Peut-être bien que, au lieu que le président iranien dise : « après le 2ème Guerre Mondiale une Nation de sans-abris a émigré venant d’Europe afin d’établir un gouvernement raciste au détriment de la Palestine. » Il devait plutôt annoncer qu’après cette guerre, un peuple civilisé s’était installé en terre palestinienne parce que la Bible est un plan cadastral et que par conséquent, ça vient de Dieu alors, pas de revendication possible pour les autres. Il allait être applaudi.

On a aussi appris que les représentants du Vatican sont restés dans la salle. Maintenant, on leur fait un nouveau procès honteux. Mais en réalité, la chose la plus importante vient du côté israélien sur la question israélo-palestinienne qui se pose depuis 60 ans avec acuité. Selon Uri Avnery, derrière l’argument de sécurité se cache naturellement le démon démographique. Les juristes du ministère de la Justice ont fait tomber le masque en déclarant pour la première fois dans un langage sans équivoque que : « L’État d’Israël est en guerre avec le peuple palestinien, peuple contre peuple, groupe contre groupe. » Le reste n’est que verbiage et folklore ridicule. Il faut donc faire partir les autres par tous les moyens.

>>> Allain Jules


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