Mahomet, une énigme de l’Histoire
par Emile Mourey
mardi 17 novembre 2015
Que mes camarades généraux s'expriment à la radio, à la télévision, dans la presse ou sur le web, je m'en félicite, mais lequel d'entre eux a-t-il pris le temps d'étudier les textes religieux fondateurs, en particulier les textes musulmans ? Je ne suis qu'un lieutenant-colonel de seulement vingt-cinq ans de services mais plutôt que de continuer une fin de carrière en montant la garde face à un soi disant ennemi rouge (avant la chute du mur de Berlin) ai-je eu tort de consacrer une partie du reste de mon temps à réfléchir sur l'origine de nos valeurs ? Ai-je eu tort de passer des jours et même des nuits à scruter les textes fondateurs de nos religions ? Je ne le pense pas. Cela me permet, aujourd'hui, d'écrire en justifiant mes écrits par une argumentation rénovée et serrée.
La reconnaissance, il est vrai, n'a pas été au rendez-vous. Souvenez-vous à quel point mes articles ont été critiqués par les croyants comme par les non-croyants alors que je voulais seulement montrer que, dans le conflit des religions, la seule solution était d'en retrouver les explications historiques et purement humaines (cf. mon profil Agoravox).
Souvenez-vous comment le ministère de la culture m'a disqualifié en me faisant passer pour un homme seul face au poids de la communauté scientifique. Ce tragique aveuglement des responsables politiques et culturels, on commence aujourd'hui à en voir les conséquences. Mis à part quelques soutiens (Jacques Toubon, Claudie Haigneré), aucun d'entre eux n'a voulu comprendre que depuis une Bibracte replacée sur son véritable site, le fil de l'Histoire conduisait, par le chemin retrouvé des évangiles, à une plus juste compréhension de l'islam, à l'opposé de l'islamisme radical.
Depuis cinquante ans, j'explique que, face à cette idéologie islamiste, nous sommes en retard d'une guerre. Combattant de la guerre 1914-1918, dix trous de balle dans la peau, mon père concevait encore la guerre à la chevaleresque, un peu comme au temps des seigneurs du Moyen Âge, ce qui explique l’armistice de 1940. J’ai connu, pour ma part, une guerre plus totale, dite psychologique, une guerre menée plus ou moins solitairement par les militaires, mais où la difficulté était de l’emporter non pas seulement sur le terrain, mais par l’adhésion de la population (une guerre qui aurait pu se terminer un peu mieux). Aujourd’hui, la stratégie à mener est encore plus globale. Elle n’est pas seulement l’affaire des militaires, mais nécessite l’effort de tous, y compris des acteurs non étatiques (page 24 du Livre blanc sur la Défense). J’aimerais préciser : surtout l’effort des intellectuels, de ceux qui "pensent", où dont le rôle est de penser. Dans ces conditions, qu’on ne s’étonne pas si j’ai écourté ma carrière militaire et troqué mon épée pour la plume. Le combat est toujours le même, mais il se joue sur la durée, dans la confrontation, non pas seulement des armes, mais aussi et surtout des idées et des croyances.
Condition sine qua non, il s’agit de redonner à nos concitoyens une foi commune qui repose sur du vrai. Dans ce domaine, les intellectuels ont une énorme responsabilité. Hier, la foi de nos pères prenait racine dans le patriotisme, comme aujourd'hui, mais aussi dans le christianisme. Il en est de même - espérons-le - pour la partie de notre population issue de l’immigration, mais il y a l’islam, et c'est bien là le hiatus. Evolution oblige, sans vouloir renoncer à l’histoire, ni des uns ni des autres, il importe de dépasser ou, au minimum, de faire évoluer les anciennes croyances en faisant appel à la raison et à l’explication historique ; et cela, sans aucunement les dénigrer. Soyons clairs ! Il ne s’agit pas de polémiquer sur l’existence ou la non-existence de Dieu, mais d’enseigner dès l’école le cheminement intellectuel des cultures et des différentes religions pour ne finalement mettre en exergue que les valeurs communes positives de leur héritage.
Cette révolution intellectuelle qui doit d’abord se faire au sein de la société par le débat public sur les textes fondateurs est, à mon sens, indispensable pour la cohésion future de la nation, mais aussi de son armée. C’est ainsi que les errements religieux éventuels perdront toute crédibilité auprès de l’opinion. En même temps, le combat commun au nom de nos valeurs devra être mis en exergue par les médias pour éradiquer le doute parmi ceux qui sont en première ligne comme chez ceux qui ne se sentent pas impliqués. Ce qui me paraît en outre évident est qu’il est extrêmement dangereux de continuer à tolérer à l’intérieur de notre territoire des terreaux favorables à l’infiltration de cette dérive qu'est l’islamisme radical.
1998 est l'année où cette révolution intellectuelle aurait dû se faire. C'est cette année-là que les philosophes Luc Ferry et André Comte-Sponville ont posé le problème dans leur ouvrage "La Sagesse des Modernes". C'est cette même année que Jean-Paul II a proclamé son encyclique "Fides et Ratio", la foi et la raison. C'était l'occasion unique d'ouvrir un débat et de repartir sur de nouvelles bases après avoir débarrassé la religion de ses oripeaux théologiques (l'expression est de Luc Ferry). J'avais, à cette occasion publié un article plein d'espoir
http://bibracte.com/mon_aide_aux_philosophes/au_sujet_de_la_sagesse_des_modernes.html
Le débat n'a malheureusement pas eu lieu. L'Église a renforcé ses dogmes et l'islam radical a prospéré. C'est depuis cette date, où le débat n'a pas eu lieu, que je parle de la démission des philosophes.
À cette démission des philosophes s'ajoutent les égarements des professeurs et le conformisme des médias, égarement, notamment dans l'interprétation des textes musulmans fondateurs où l'on mélange tout en dépit du bon sens - hadiths, Sîra et Coran - et où on invente les hypothèses les plus complexes sans aucune preuve probante.
J'ai écrit une vie de Mahomet en 1987. Je n'ai pas trouvé de maisons d'édition pour la publier. Je cherche toujours mais je ne me fais guère d'illusions.
Je sais que ce que j'écris est vrai, mais je sais aussi que même devant l'évidence, il me sera difficile d'emporter l'adhésion.
Peut-on me croire quand je dis que Mahomet n'a jamais existé en tant qu'individu mais en tant que conseil ? Et pourtant, s'il avait le visage en permanence voilé, n'est-ce pas pour la raison évidente que lorsque que l'un tombait au combat, un autre prenait sa place, le visage voilé. Et si le texte était voilé de même pour que seuls les intelligents puissent le comprendre, cela n'expliquerait-il pas tout ? À savoir que le Coran ne descendait du ciel qu'en image ?
Mais le plus fort dans cette histoire est que les rédacteurs du Coran ont tout expliqué, dès les premières sourates, en posant au lecteur l'énigme des sept dormants. La solution de l'énigme était que Mahomet était sorti sept de la grotte, je dis bien "sept".
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/a-m-francois-deroche-titulaire-de-171427
M. Christian Deroche, titulaire de la chaire "Histoire du Coran, texte et transmission", répondez !
Emile Mourey, 15 novembre 2015