Mai 68 : Finissons-en avec la tyrannie des « droits à » !

par Romain Naudin
mercredi 4 avril 2018

Prochainement, nous fêterons le cinquantième anniversaire de Mai 68. Dans l’esprit commun de notre époque, Mai 68, c’est la liberté, c’est l’égalité, c’est la justice, c’est le progrès. Et en même temps, Mai 68 parait lointain, relégué au stade de quasi-souvenir dont il faudrait se remémorer à certaines grandes occasions, comme on se remémore épisodiquement la mise en place des congés payés par Léon Blum en 1936, ou, plus proche de nous, l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981… Pourtant, les grèves, les manifestations étudiantes, les barrages de ce lointain mois de mai 1968 ont incontestablement produit, sur la société française, une marque indélébile qui fait plus que jamais effet. Une marque qui imprègne nos mentalités, une marque qui résume l’esprit de notre temps, une marque que beaucoup continuent de défendre, et qui, toutefois, mérite d’être combattue : cette marque, c’est celle de l’idéologie libertaire. 

L’idéologie libertaire, le « Grand Charles » n’en voulait pas, et pour cause : ce qu’il avait alors baptisé « la chienlit » était tout bonnement un projet de société - conscient ou non - visant à supprimer toute forme d’autorité, quelle qu’elle soit, au sein de la société. « Il est interdit d’interdire », scandait-on chez les soixante-huitards. Ce slogan résume à lui seul la matrice libertaire de ces révolutionnaires du dimanche : Mai 68, ce sont certes au début des grèves ouvrières, mais c’est surtout et avant tout la volonté de tuer l’autorité, dans toutes ses dimensions et dans tous les domaines. 

Les soixante-huitards s’y sont employés d’une façon somme toute assez simple : ils ont fait croire que l’autorité était nécessairement synonyme de tyrannie ou de punition. Personne n’aime les tyrans, personne n’aime être puni. L’interdiction a été élevée par les libertaires de mai au rang de pire ennemie de la liberté. Selon cette pensée, aucune limite, aucun interdit ne devait se mettre en travers de la moindre pulsion humaine. Tout devait être possible. 

 

L’idéologie libertaire de Mai 68 : nous en payons l’addition…

 

Nous payons peu à peu la mise en place progressive, depuis les années 1980, de cette idéologie des désirs illimités : l’autorité a été démantelée partout, à l’école, dans la famille, dans l’entreprise, sur l’espace public, dans la justice… Des lois incessantes, sous couvert de lutter contre les discriminations ou pour la « justice », déresponsabilisent constamment les individus, enlèvent tout pouvoir aux parents sur les enfants, désarment nos forces de l’ordre face aux voyous, restreignent les possibilités de sanctionner à l’école… La liste des attaques faites depuis quarante ans contre l’autorité est longue. Les résultats sont tristement là : incivilités en hausse, chute du niveau à l’école, perte des valeurs et des repères dans la population, jeunesse laissée à elle-même, zones de non-droit, autorités gouvernementales non respectées, laxisme judiciaire… Le terme de « répression » fait peur. 

Nous sommes dans un Etat où les policiers arrêtent des criminels ayant déjà été arrêtés plus de cinq ou six fois précédemment, mais n’ayant jamais fait de prison malgré des casiers judiciaires fournis. 

Nous sommes dans un Etat où les maîtres d’école peuvent se faire insulter sans avoir les moyens de réagir. 

Nous sommes dans un Etat où les ZAD peuvent prospérer sans que les autorités ne lèvent le moindre petit doigt. 

Nous sommes dans un Etat où le vandalisme et les incivilités permanentes ne sont jamais inquiétés, les communes préférant faire nettoyer ou réparer les dégâts causés à l’espace public avec l’argent du contribuable plutôt que sanctionner durement les fautifs. 

Nous sommes dans un Etat où la moindre limite posée à l’encontre des désirs des individus est tout de suite considérée comme « facho » ou dangereuse. 

L’évolution soixante-huitarde ne s’arrête pas là, elle poursuit sa progression en s’attaquant à de nouvelles règles sous couvert d’augmenter les droits individuels : les libertaires veulent maintenant la PMA sans père, la GPA, la légalisation des drogues et de l’euthanasie, la suppression des peines de prison au-dessous d’un certain seuil (que notre président de la République est en train, dangereusement, de mettre en place), l’enseignement et la promotion active de la théorie du genre, la suppression totale (aussi bien économiquement que physiquement) des frontières, où qu’elles soient (frontières nationales ou européennes)… 

 

Réhabilitons la notion d’autorité !

 

En tant que gaullistes sociaux, il est de notre devoir d’appeler à dire stop à ces évolutions aveugles et inconscientes. Le progrès ne doit pas être la tyrannie des fameux « droits à ». Tout comme l’était le Général de Gaulle, nous sommes attachés à ce que la modernisation de la France se fasse dans un cadre où l’autorité bienveillante fixerait des limites entre ce que les individus peuvent librement faire et ce qui serait nuisible pour tous. Chacun a des droits naturels, mais la bonne marche de la société impose que ces droits se concilient et que l’individu ne soit pas tout-puissant, esclave de tous ses plaisirs et désirs. Sans autorité, pas de liberté ; sans autorité, pas de sécurité non plus. L’autorité permet l’efficacité ; elle pose des repères, un modèle pour la jeunesse ; elle fixe un cadre, certes non immuable, mais stable. Tout le monde est gagnant lorsque l’Etat protège l’autorité que doivent avoir les forces de l’ordre, les professeurs, les parents, les autorités gouvernementales… 

Le gaullisme social ne peut valablement voir en Mai 68 un modèle : non pas seulement parce que ce mouvement a déstabilisé le Général (qui devra démissionner moins d’un an plus tard du fait d’un référendum perdu), mais surtout parce que l’héritage de Mai 68 a en réalité été profondément déstabilisateur pour notre société, l’ayant affaiblie et livrée au règne de l’individu désincarné, aux désirs tout-puissants, dans une société atomisée et privée de ses repères. 

L’Union des Jeunes pour le Progrès lutte depuis toujours pour la prospérité de la France, pour son indépendance et pour l’union de son peuple, au-delà des clivages, pour le bien commun. Nous sommes attachés à une République qui garantisse la liberté individuelle, mais aussi l’excellence et l’ordre, sans lesquels toute liberté est illusoire, et qui ne peuvent exister si on ne réhabilite pas la notion d’autorité. Non pas l’autorité qui bride, qui tyrannise, qui discrimine, mais l’autorité juste, qui fixe les bonnes limites et qui permet à chacun de se réaliser dans le respect du bien de tous. 

« La France ne peut être la France sans la grandeur », disait le Général. Nous pourrions humblement ajouter que sans autorité, point de grandeur.

 

Romain Naudin, secrétaire-général adjoint et porte-parole de l'UJP


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