Maintenant que les victimes sont palestiniennes, on ne les entend plus s’horrifier

par Alain Alain
jeudi 19 octobre 2023

Pour agonir l’ignoble Hamas, dénoncer ses crimes et exactions barbares, pour soutenir au mieux les victimes innocentes, « ils sont venus, ils sont tous là »*, politiciens chevaleresques, paladins médiatiques. L’honneur de la France.
*« ils sont venus, ils sont tous là » - La mamma - Charles Aznavour

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Les L.R. derrière Éric Ciotti, ceux du R.N. derrière Marine Le Pen et Jordan Bardella ont accouru pour dénoncer l’horrible calamité, inquiets des répercussions en France, indignés de la compromission des LFI. Une intervention marquée du sceau de l’émotion et de la sincérité. Gloire à eux. Gloire à leur noblesse d’âme. Quels exemples ! Que Marine Le Pen ait été applaudie à l’Assemblée Nationale n’est que justice, quoi qu’on puisse penser de ces engagements politiques par ailleurs.

Or, désormais les victimes sont palestiniennes…

Étrange, on ne les entend plus ces nobles et prompts défenseurs des martyrisés.
Oui, mais ce sont des martyrisés arabes maintenant.
Et tout ce qui est arabe ne leur est pas électoralement rentable. Au contraire.
A propos, est-ce que tous ces arabes tués n’auraient-ils pas approuvé le terroriste musulman d’Arras ? On ne sait pas. Alors, vous le constatez, ce n’est pas si simple.

 

Ils sont venus, ils sont tous là, tous présents à la grande marche de soutien au peuple israélien même certain qui, parti (à Barcelone), revenu, est aujourd’hui nulle part, sauf là, bien visible sur les photos des magazines.
Les visages fermés, empreints d’une émotion visible et écharpe tricolore sur l’épaule pour les représentants de la France.
Filmé au début de la manifestation, Nicolas Sarkozy : « Vient Carla ! » Qu’elle soit à ses côtés à la place qu'il mérite : devant.

 

À présent ils n’éprouvent plus le besoin de s’exprimer. Pourtant les morts d’aujourd’hui, bien qu’arabes, ont eux aussi été aveuglément massacrés.
Selon l’origine des victimes, la mort est inacceptable ou pas et on peut se pavaner en tête de cortège, ou pas.

 

Élisabeth Borne a donné sa bénédiction à la riposte israélienne, nihil obstat : « Nous soutenons Israël dans cette épreuve, et comme l’a fait le président de la République, je le dis sans ambiguïté, face au terrorisme, Israël a le droit de se défendre. »
Emmanuel Macron avait "rappelé (…) le droit d'Israël de se défendre, ainsi que d'éliminer les groupes terroristes qui ont frappé sa population".

Confortée par ces doctes autorités, Israël s’est défendu : bombardements, destructions, déplacements des populations, blocus des médicaments, nourriture, eau, électricité, carburant, « élimination des groupes terroristes », à vérifier, mais surtout de groupes de civils inoffensifs, femmes, enfants, avant de lancer sa grande offensive de châtiment.
Approuvée par le président, la première ministre et leur majorité.
Que pourraient-ils dire après ça ? Quand on soutient une opération pareille, à la rigueur on pourrait se féliciter de son entière réussite. Mais ils ont conscience que ce serait un peu trop dans cette tartufferie. Sinon, se taire : n’en parlons plus.

Et tous, politiciens, acteurs médiatiques, à quelques exceptions près, envahissant les plateaux pour qu’on sache combien ils étaient horrifiés par la barbarie du Hamas mais surtout outrés par le refus de prononcer le mot terrorisme par certains leaders auto désignés de LFI, ce en quoi ils ont absolument tort : tuer aveuglément des civils, en enlever d’autres est indéniablement du terrorisme.
Espérons que les israéliens ont eu écho ces dénonciations révulsées de la position des LFI. Certainement cela les aura beaucoup réconfortés.

Ce refus des chefs LFI complique la coopération à gauche. Ainsi, certains saisissent l’occasion de remettre en question leur engagement peut-être avec quelques arrière-pensées. Par exemple, Jérome Guedj considère que la NUPES est morte ou Fabien Roussel propose un autre rassemblement à gauche pour 2027, possiblement autour de lui.

Tout ça c’est du pipeau !
Levons l’omerta.

Voilà comment on en est arrivé à la catastrophe actuelle.
En 1947 les USA, la Grande Bretagne, la France et les deux tiers des pays membres de l’ONU ont concédé aux israéliens des territoires de Palestine et du coup, ont spolié les palestiniens d’une partie de leurs terres.
Les palestiniens soutenus et encouragés par leurs « frères » arabes se sont rebellés.
Les israéliens bien armés en particulier par les américains, ont riposté.
Pour se dédouaner de leurs responsabilités dans la survenue du conflit, les USA, la Grande Bretagne, la France et les deux tiers des pays membres de l’ONU ont décrété que les palestiniens étaient les agresseurs donc que les israéliens avaient le droit, bla bla bla, de se défendre.
Voilà, ça fait 75 ans que ça dure.
Quelle hypocrisie !

Sans être ni pro-palestinien ni antisioniste (souvent fallacieusement assimilé à antisémite), en toute objectivité on ne peut que constater que les palestiniens et plus particulièrement les Gazaouis sont les principales victimes, à l’origine de l’histoire coupables de rien.

Dans tout ça, les seuls vrais coupables sont les USA, la Grande Bretagne, la France et les deux tiers des pays membres de l’ONU qui ont concédé aux israéliens des territoires de Palestine contre l’avis des palestiniens.
Les coupables avec circonstances atténuantes sont les israéliens surtout ceux qui ont caché leur volonté d’expulser tous les palestiniens vers les pays arabes voisins, objectif visé dès le début du XXe siècle au moins.
« Le Rapport King-Crane de 1919 confirmait bien que "Les Sionistes espèrent pouvoir déposséder de manière quasi complète les actuels habitants non-Juifs." »
John Quigley, professeur de Droit à l'Ohio State University,
The Case for Palestine : An International Law Perspective - 2005.

Que faut-il faire pour avancer vers la paix ?
Les israéliens doivent abandonner toutes les implantations, arrêter les blocus, donner les mêmes droits civils aux arabes israéliens et reconnaitre l’État palestinien.
Les palestiniens doivent reconnaitre l’État israélien, rendre les armes, instaurer les institutions administratives, juridiques, éducatives et politiques nécessaires à la démocratie.
La communauté internationale doit pourvoir au développement économique et social de la Palestine.
Chacun assumant enfin sa part de responsabilité.

Sur le même sujet, mes 2 précédentes chroniques sur Agoravox.

Ils disent : « si Dieu le veut ». 1354 morts Israéliens, 1417 morts gazaouis !

Les horreurs du Hamas : qui a ouvert la boîte de Pandore ?


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