Mais non Monsieur Hawking, les robots ne sont pas une menace, l’homme oui !

par Bernard Dugué
mardi 9 décembre 2014

L’intelligence artificielle pourrait constituer une menace pour l’humanité. Voilà la dernière déclaration de Stephen Hawking lors d’un entretien donné à la BBC il y a quelques jours. On ne compte pas les médias français qui ont repris cette annonce, de Paris Match au Parisien en passant par le Monde. Il faut dire que c’est Monsieur Hawking qui a parlé. Si l’épicier du coin avait émis cette même idée, personne n’en aurait parlé. Nous attendons impatiemment la réaction des frères Bogdanov. Notons surtout que ni François Hollande ni Manuel Valls ne se sont prononcés sur cet avis de Monsieur Hawking. Que fait le gouvernement ? Il y a urgence, une armée de robots est aux portes du pouvoir.

De quoi est-il question ? De l’intelligence artificielle qui pourrait prendre le pouvoir sur l’homme après avoir effectué un saut évolutif faisant d’elle un computer suprême capable d’évoluer plus vite que l’homme. Faut-il y croire ? Bien sûr que non. J’ai comme l’impression que Hawking est un gars assez facétieux et doit s’amuser des réactions à ses déclarations. L’impact assez consistant de cette dépêche montre bien l’état de nos sociétés qui ont envie de se faire peur en jouant sur des catastrophes planétaire. Après le réchauffement climatique, voici l’insurrection robotique. La machine peut-elle constituer une menace ? Prenez un gosse de six ans. Vous lui confiez un bouton nucléaire pour qu’il déclenche une guerre nucléaire. Vous n’allez pas dire que l’enfant menace la race humaine. La machine c’est pareil. Confiez-lui la décision d’appuyer le bouton et vous verrez le résultat.

La morale de cette histoire, c’est que s’il y a une menace sur l’humanité, elle vient de l’homme, et non pas d’une évolution mais d’une régression, avec un type aussi con pour confier à une machine la décision de déclencher une guerre nucléaire. Pour l’instant, l’homme n’est pas tombé si bas, même si la connerie s’exprime parfois, comme ces polémiques sur une malheureuse crèche disposée dans une marie ou un conseil général à l’occasion des fêtes de fin d’année. Les cons, ça ose tout et c’est à ça qu’on les reconnaît. Méfions-nous, il se peut bien que les sapins de Noël soient proscrits de l’espace public au nom de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Le sapin est en effet un signe ostentatoire célébrant le Noël qui est une fête religieuse, et d’autant plus ostentatoire qu’il est puissamment éclairé par des guirlandes lumineuses de surcroît fabriquées en Chine. La morale, ne confiez pas le bouton nucléaire à un con. La grande menace pesant sur l’humanité c’est donc la régression intellectuelle. Le pire à craindre, ce n’est pas la prise de pouvoir par les robots mais l’élection des « gouvernements douteux » par des citoyens ignorants. La grande menace pesant sur l’humanité, c’est l’homme !

Il faudra bien se faire à l’idée que la science ne favorise pas forcément l’éclosion des gens savants mais façonne une nouvelle forme d’ignorance fondée sur une approche infantile des théories scientifiques comme il y eut une approche infantile de la théologie avec force superstitions, peurs du malin, du diable et des sorcières. On voit les peurs se dessiner dans un contexte scientifique ; virus, climat et maintenant intelligence artificielle. En vérité, la vraie connaissance indique que l’univers n’est pas une machine de Turing mais plutôt un computer quantique, comme le suggère Seth Lloyd. Je dirais même un computer gravito-quantique, de même essence (mais d’un degré différent) que celui qui ordonne la pensée et l’intelligence humaine. La conscience des robots est une fiction scientifique. Si une machine vous agace, débranchez-là et si elle vous menace, prenez un fusil et tirez dessus ! Je ne vois pas ce qu’on peut dire de plus. De toute façon, la lutte contre l’ignorance est une cause perdue dans le contexte des médias de masse avec les savoirs philosophiques et scientifiques vendus sous forme de suppositoires en grande surface.


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