Mais qu’est-ce que le « vrai travail » ?

par Daničle Dugelay
mardi 1er mai 2012

L'expression "vrai travail" prononcée par Nicolas Sarkozy interpelle, car il n'existe pas de faux travail. J'ai donc voulu chercher le sens qui pouvait lui convenir

MAIS QU’EST-CE DONC QUE LE « VRAI TRAVAIL » ? 

Notre Président sortant l’a dit : le 1er mai, il va fêter « le vrai travail ».

La vidéo ne laisse aucune place au doute. Qu’il ait emprunté l’expression à Pétain ou pas, que l’affiche soit trafiquée ou pas, ce n’est pas ce qui nous importe. C’était peut-être un lapsus, mais ceux-ci sont réputés « révélateurs ». Nous sommes donc en droit, nous les travailleurs ou en espoir de le devenir, de nous demander ce qui se cache sous ces deux mots « vrai travail ».

 

Lorsqu’on ajoute le qualificatif « vrai » à ce genre de nom commun abstrait ou général, c’est le plus souvent pour signifier qu’on veut donner au mot son sens le plus ancien ou s’en rapprocher le plus possible. Quelle est donc l’origine de « travail » ? Il est issu du latin populaire, vers les années 1000, et désignait un instrument de torture composé d’un pieu à trois branches utilisé pour punir les condamnés. En ancien français, « travailler », c’était infliger une souffrance, physique ou psychologique. Pour donner une idée de la douleur endurée, on peut rappeler que le mot est employé pour les douleurs de l’accouchement en « salle de travail ».

C’est seulement au XVIème siècle que cette signification s’est adoucie : celui qui travaillait se donnait de la peine, faisait de grands efforts et le mot « travail » s’est appliqué finalement à une activité productive.

 

Ce serait donc la souffrance au travail que voudrait fêter Nicolas Sarkozy. C’est en fait la réalité qu’il a réussi à obtenir depuis le début de son mandat. La médecine du travail ne cesse de s’inquiéter de tous les maux qui frappent les salariés et artisans, les douleurs de dos, le surmenage, la surcharge de tâches quand des postes sont supprimés, l’inquiétude par crainte des licenciements et les dépressions, le calvaire insupportable dû au harcèlement et l’horreur du salarié qui se suicide, souvent sur son lieu de travail pour donner le sens de son geste tragique.

 

Le 1er mai, ce n’est pas cela : c’est la fête des travailleurs qui souhaiteraient pouvoir se réjouir ensemble du bonheur du labeur bien fait dans de bonnes conditions et dans l’intérêt de tous, de l’honneur qui leur en revient, quel que soit leur emploi car tous ont leur utilité, du mérite justement rétribué qu’ils en tirent, sonnant et trébuchant s’il vous plaît et équitablement partagé, et du souvenir des luttes qui leur ont permis jusqu’à récemment d’améliorer leur vie et, espérons-le encore, celle de leurs enfants.

 

Aussi, M. Sarkozy, allez fêter votre « vrai travail » avec vos bourgeois et ceux qui sont tombés dans vos pièges. Le VRAI PREMIER MAI réunira à travers toute la France les salariés, les retraités, les étudiants dans une fête qui sentira bon le muguet et la solidarité.

 

  Danièle Dugelay 


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