Mais qu’est donc ce taux d’occupation des lits en réanimation ?

par Aristide
lundi 2 novembre 2020

 

Le taux d'occupation des lits en réanimation est un des indicateurs important car il permet d'évaluer la tension hospitalière et donc d'orienter la prise de décisons sur les mesures gouvernementales pour éviter une saturation des services de réanimation. Oui mais voilà, le calcul de ce taux pose des questions.

Depuis le 28 mai 2020, les indicateurs de suivi de l’épidémie de COVID-19 ont été définis. Ils sont au nombre de quatre indicateurs :

Il s’agit ici de détailler le mode de calcul de ce dernier indicateur qui permet de connaître la tension sur la capacité de réanimation. Cette tension est évaluée sur la base d'un taux exprimant l'occupation des services de réanimation. Ce taux est important car il permet de définir le niveau d'alerte de la zone concernée, c’est le niveau régional qui a été choisi par le gouvernement : vert si le taux est inférieur à 40%, orange entre 40% et 60% et rouge si supérieur à 60%.

Ce taux est défini comme suit : « Taux d’occupation des lits en réanimation/SI/SC par des patients COVID par rapport à la capacité initiale en réanimation/SI/SC. »

Mais quelle est la signification de ces sigles ? Réanimation, bon là c’est clair. Mais SI et SC ? C’est simple ce sont les lits en Soins Intensifs, SI. Et pour SC, les lits en Surveillance Continue. Pas de problème. Chaque jour, le nombre total est publié sur tous les sites du gouvernement qui donnent ces indicateurs.

Pour calculer un taux, il faut un numérateur et un dénominateur. Pour le numérateur pas de problème, le nombre de lits occupés par des malades de la COVID-19 est calculé en aeffectuant la somme des malades présents en réanimation, soins intensif et en surveillance contrôlée.

Mais le dénominateur. Eh bien c’est là que deux problèmes apparaissent, le premier problème n’est pas le plus grave, il s'agit d'évaluer le nombre de lits en réanimation, il a été choisi le nombre de lits initiaux en réanimation. Initial ? C’est le nombre de lits qui étaient disponibles avant la COVID, les lits de réanimations supplémentaires créés pendant la crise du printemps ne sont pas comptés. La conséquence est simple : le nombre de lits est donc inférieur à la capacité réelle en réanimation. Mais bon, c’est un choix explicable pour ne tenir compte que des lits en réanimation tel que prévu, c'est-à-dire disposant du personnel adéquat enfin ce qui est connu à coup sûr par l’administration. Même si tous les lits en réanimation initiaux ou supplémentaires assurent le même niveau de service médical, on peut accepter ce choix.

Oui mais voilà, le second problème est beaucoup moins … compréhensible. Comme on l’a vu, le numérateur est le nombre total de lits occupés en réanimation, soins intensifs et surveillance contrôlée. Le commun des mortels, dont je suis, pense que le dénominateur sera la somme de même nature et dont le total des lits initiaux en réanimation plus les lits en soins intensifs et enfin en comptant les lits en surveillance contrôlée. Eh bien non ! Le dénominateur est contrairement à ce qui est écrit et compris par tous, seulement le nombre de lits initiaux en réanimation.

La conséquence est simple, comme tout le monde peut le constater, des services de réanimations se retrouvent avec des taux d’occupation supérieur à 100% et surtout un taux qui ignore combien de lits sont disponibles pour recevoir les patients en difficulté et qui ne veut rien dire sur le taux d’occupation des lits en réanimation.

Voila une copie partielle du fichier Excel issu d’une étude sur le nombre de lits disponibles en réanimation, soins intensif et soins continus autrement nommé surveillance contrôlée.

 

Sans en tirer aucune conclusion sur la nature des motivations des responsables de ce choix de calcul, il en existe peut être de bonnes, on peut tout de même s’étonner que soit publié un taux aussi approximatif, deux à trois fois supèrieur à la réalité sur l’occupation des services de réanimation.

Si on ajoute le fait que l’indicateur de tension hospitalière est un des critères les plus importants pour décider des mesures, il apparait nécessaire que le public connaisse les raisons de ce mode de calcul particulier.

 


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