Mais que diable allaient-ils faire dans cette galère ?

par Sirius
mercredi 31 janvier 2024

Les États-Unis ont promis qu’il y aurait une « réponse très conséquente » à une attaque contre une base militaire en Jordanie qui a tué trois soldats américains. Mais que diable allaient-ils faire dans cette galère ?

Un groupe se présentant sous l'étiquette de "Résistance Islamique en Irak" a déclaré qu'il était responsable de l'attaque de drone sur le site connu sous le nom de Tour 22 le dimanche 28 Janvier 2024. En fait, ce groupe jusque là inconnu a fait son apparition juste après le début des bombardements israéliens sur Gaza.

L’Iran a aussitôt été pointé du doigt comme en étant l'instigateur par les médias et certains dirigeants pro-occidentaux, mais les dirigeants iraniens ont qualifié les accusations de « sans fondement » et affirmé qu’ils n’étaient « pas impliqués dans la prise de décision des groupes de résistance ».

Les États-Unis ont riposté en menant une frappe aérienne massive contre une base de résistants à la frontière irako-syrienne et tué 25 combattants, et Biden a déclaré que la réponse américaine contre toutes les personnes impliquées dans l’attaque de "Tower 22" « interviendrait au moment et à l’endroit de son choix ».

Le président américain est pris entre deux feux : d'un côté il subit des pressions de l’opposition exigeant une action militaire contre l’Iran, et de l'autre côté des Représentants de son propre parti comme Mme Barbara Lee qui s'est dite préoccupée par l'échec de la stratégie de Biden supposée circonscrire l'incendie en cours à l'intérieur de la bande de Gaza : « Comme nous le voyons maintenant, la situation devient incontrôlable », a-t-elle déclaré, en renouvelant les appels à un cessez-le-feu dans l’enclave palestinienne. "Cela commence à prendre la forme d'une guerre régionale et, malheureusement, les États-Unis et nos troupes sont en danger."

Selon des responsables américains, depuis le début de la "guerre" israélienne contre Gaza, les bases américaines en Irak et en Syrie ont été attaquées environ 150 fois.

Les agressions se poursuivent ailleurs dans la région, avec une frappe aérienne israélienne sur une banlieue de Damas tuant et blessant plusieurs personnes. L'attaque a touché une ferme abritant des membres Hezbollah libanais considéré comme lié à l'Iran et elle a fait sept morts, dont quatre Syrien. Et ce n'est pas fini, car Netanyahu a réitéré samedi soir que la guerre se poursuivrait jusqu'à ce qu'une « victoire complète » soit obtenue, ce qui inclut l'écrasement du Hamas, mais pas seulement.

 

La mort des trois soldats américains à la frontière jordano-syrienne est indissociable de la guerre à Gaza qui a amorcé une spirale de guerre au Moyen-Orient, un phénomène amplifié par le réflexe conditionné des médias de se mettre l’Iran à toutes ses sauces sataniques et par les vociférations revanchardes des faucons américains qui ont démarré leur campagne électorale.

Les attaques contre les forces américaines seront toujours présentées dans les médias comme des actes de terrorisme "illégal" (le terrorisme d'état l'étant sans doute, légal) survenant brutalement, sans raison et sans provocation, et qu'elles doivent être réprimées pour consolider « l’ordre international fondé sur des règles », des règles bafouées comme on le sait par un état qui extermine femmes et enfants, détruit des hôpitaux et des villes entières et contraint une population à s'exiler devant ses chars.

Or, en toute logique, les troupes américaines ne seraient pas attaquées au Moyen-Orient si elles n’y étaient pas stationnées. Mais que diable viennent-ils faire dans cette galère ? Ce qui n'est pas mentionné dans la plupart des médias, c'est que le gouvernement irakien leur a demandé de partir. Le Premier ministre Mohammed Shia al-Sudani a déclaré au début du mois que leur présence « déstabilisante » avait provoqué des retombées sur les attaques de la guerre à Gaza qui pourraient dégénérer en une nouvelle guerre civile dans ce pays qui souffre déjà depuis longtemps. Et ce n'est d'ailleurs pas la première fois. Le parlement irakien a voté l'expulsion de toutes les troupes américaines il y a plus de quatre ans, après que les États-Unis aient assassiné le général iranien Qassim Soleimani alors qu'il était en visite en Irak en tant qu'invité de son gouvernement.

Stationner des troupes dans un pays contre sa volonté ne revient pas à maintenir un « ordre international fondé sur des règles » c’est réduire le soi-disant droit international au droit du plus fort, s'attribuer la part du lion.

Tower22, où les trois soldats américains ont été tués, se trouve à l’intersection de la Jordanie, de la Syrie et de l’Irak et cette structure est présentée ouvertement comme une « base logistique critique pour les forces américaines en Syrie ». Les forces américaines ne sont certainement pas en Syrie à l’invitation du gouvernement syrien, mais la justification tient dans l'affirmation non indiscutable que les 900 soldats présents à l'appel sont là pour empêcher une résurgence du groupe terroriste État Islamique dont on peut bien se demander d'où il sortait.

 

Trump a été plus honnête en expliquant qu'ils étaient là « uniquement pour le pétrole ». Il faut rappeler que les autorités syriennes remettent en cause le fait que les États-Unis exportent illégalement environ 80 % de la production pétrolière du pays sur la base de contrats signés avec le parti démocrate syrien dirigé par les Kurdes.

L’Iran a sans doute des liens avec de nombreux groupes armés dans la région, ce qui est une des nombreuses conséquences des guerres antérieures. Mais si le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord ont été inondés d’armes, ce n’est pas principalement à cause de l’Iran. La destruction gratuite de la Libye par les puissances de l’OTAN en 2010-2011 s'est soldée par le pillage non contrôlé des stocks d’armes et de munitions en surplus, vendus par la suite à l’étranger, alimentant en matériel les putschs et les insurrections dites "djihadistes" qui sévissent depuis lors dans le Sahel.

Les États-Unis ont envoyé des camions chargés d’armements dans la guerre civile syrienne, admettant eux-mêmes que bon nombre des bénéficiaires ont fini par s’aligner sur Isis. Ce week-end, le New York Times a rapporté qu'une bonne partie de l'arsenal du Hamas à Gaza était en réalité d'origine israélienne.

La seule manière d’empêcher des attaques comme celle de dimanche de provoquer une spirale descendante et d’œuvrer pour la paix est que les alliés d'Israël cessent de fournir les armes et le soutien logistique qui ont permis le génocide de Gaza, ce qui est la cause de l'escalade actuelle des attaques contre les forces occidentales et les transports maritimes liés à Israël.

Mettre fin au commerce d’armes qui sème le meurtre et le chaos à travers le monde est la condition "sine qua non" pour mettre fin aux affrontement, c'est une lapalissade. Mais hélas, c'est aussi un vœu pieux puisque c'est l'industrie de l'armement et l'obligation des alliés de s'équiper qui est le moteur de l'économie de l'empire. C'est d'ailleurs ce qu'a bien compris le maréchal Macron qui, dans ses voeux aux armées françaises du 19 janvier, à explique : " Nous devons amplifier la transformation commencée afin de répondre aux besoins de l'Ukraine dans sa guerre contre la Russie". Mais que diable allons-nous faire dans cette galère ?


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