Manger des légumes rend méchant

par siatom
lundi 17 mars 2014

Bon, je le concède, je regarde rarement en direct et jamais en intégralité l’émission de Ruquier ‘’On n’est pas couché’’ mais il m’est arrivé d’en voir quelques bribes au hasard de pressions incontrôlées sur ma zapette ou ma souris.

C’est ainsi que m’est apparu dans la petite lucarne un rebellâtre à chemise ouverte aux faux airs de BHL de bazar, remplaçant Audrey Pulvar, l’égérie du lunettier Bonnet spécialiste des écailles de tortue. Dans ce jeu de rôles imaginé par Ruquier, il fallait opposer à la réac de service Natacha, un progressiste éclairé.

Substituer à une complice de l’extermination des tortues marines, un apprenti philosophe romantiquement débraillé et adversaire résolu de la corrida ne pouvait que me ravir.

Regarder la télé à travers les larges verres souvent embués par le liquide lacrymal d’une chroniqueuse à fleur de peau, si préoccupée par la misère du monde et sa myopie, n’est pas chose aisée quand on est soi même un peu miro.

En outre, j’appris que cet intellectuel de gôche, oxymore ou pléonasme, à chacun de choisir selon sa sensibilité, qui végétait jusqu’alors dans le journalisme était aussi végétarien et cela me réjouissait.

 De récentes études ont conclu que les végétariens affichent une meilleure humeur et moins d’émotions négatives et de stress que les omnivores.

J’étais donc tenté, malgré mon aversion pour les légumes, par ce régime susceptible d’adoucir mon humeur atrabilaire, mais je voulais aussi en vérifier les bienfaits à travers les interventions du pendant senestre et sinistre à la fois de Natacha Polony.

Il n’était pas question pour autant de m’imposer la vision durant trois heures d’ ‘On n’est pas couché’’, pour deux raisons essentielles, je n’ai pas le gout du sacrifice et l’emploi du ‘’on’’qui se veut inclusif à généralement tendance à m’horripiler.

Pour mon étude approfondie sur les bienfaits du végétarisme sur l’affabilité humaine, je n’avais hélas à ma disposition qu’un cobaye disponible, l’auteur du célèbre ouvrage ‘’No steak’’ que je n’ai pas encore lu mais dont je devine la trame : l’extermination d’une kyrielle de garçons bouchers pour venger l’assassinat de la vache du célèbre prisonnier Fernandel. 

Pour juger de la grande urbanité du bretteur au gracieux prénom médiéval, il me suffisait de naviguer sur le web et de taper son patronyme, j’eus droit ainsi aux innombrables faits d’armes les plus brillants du spadassin du camp du bien.

Évidemment, je ne le trouvais pas aussi affable que son régime alimentaire le promettait mais c’était pour la bonne cause, et les affreux arriérés, traditionalistes, rétrogrades que Ruquier se faisait un malin plaisir à lui opposer ne méritaient pas un autre sort que de passer à la moulinette à gros légumes.

On peut être végétarien et avoir l’estomac fragile, ce qui conduit immanquablement à n’en consommer certains qu’écrasés sous forme de purée après avoir au préalable jeté les épluchures à la poubelle.

Les variétés qui lui étaient proposées étaient particulièrement indigestes et on peut comprendre son haut-le-cœur à la vue de certaines, Finkelkraut, Tilinac, Frigide Barjot, et je ne cite que les plus comestibles d’entre elles.

Malgré tout, sa courtoisie avait été souvent mise en défaut et sa bienveillance végétarienne ne me paraissait pas aussi indiscutable que le laissaient accroire les études que j’avais lues. Mais le doute subsistait encore dans mon esprit.

Le dernier accrochage avec Natacha Polony finit par me convaincre que contrairement à ce que j’espérais, le végétarisme n’avait aucun effet positif sur les cerveaux binaires.

 Tout du moins, pour ce qui concerne l’amabilité même si l’impartialité m’oblige à constater que sa partenaire télévisuelle cumule plusieurs défauts, elle est réac, cultivée, plutôt pondérée dans ses propos, et s’apprête à quitter le navire.

On pourra m’objecter que mon étude n’est pas sérieuse, que le panel retenu est trop peu représentatif, je peux en ma qualité d’omnivore invétéré, me montrer aussi insupportable et sectaire que lui, aussi infatué de mon auguste personne et déclarer sans vergogne que manger des légumes rend méchant.


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