Manque d’eau

par Sophie
jeudi 26 juin 2008

De retour du Sénégal, j’aimerais témoigner de ce que j’ai vu et vécu là-bas et dont "on" ne parle pas assez à mon sens.
Un matin, une Sénégalaise vient me demander si elle et ses sœurs et ses cousines peuvent venir à la maison prendre un peu d’eau car, là-bas, les coupures d’électricité et d’eau sont monnaie courante (banlieue de Dakar, les Almadies).
Je lui dis tout de suite que oui.
Et je regarde, ahurie, une colonne de femmes et enfants, seaux sur la tête, pomper au tuyau du jardin. Elles étaient tellement excitées qu’elles ont cassé tout le système d’arrosage ; elles avaient tout arraché dans leur précipitation.
Début : 9 heures.
A midi, le jardin était complètement envahi ! J’avais l’impression que le village de N’Gor passait à la maison !
Ce qui m’a le plus marqué, ce n’est pas tant que tout le village était "frère, sœur, cousin, cousine", mais deux faits :



- la voisine (une Sénégalaise riche) a refusé de faire la même chose, c’est-à-dire donner à ces gens un peu d’eau pour se laver et se nourrir ;

- les Sénégalaises, et surtout la jeune génération, me regardaient avec haine. Pas de bonjour, pas de merci, pas de sourire.
On m’en voulait d’être une Blanche qui avait de l’eau à profusion.

Comment leur en vouloir ? Ces gens-là n’ont rien. Parfois, 20 heures d’affilée sans eau, sans électricité : comment se laver, laver les bébés ? Comment boire ? Pas d’argent pour acheter des bouteilles d’eau...
Le pire, c’est que c’est pendant la période des pluies - il fait entre 30 et 40° parfois - que les coupures ne cessent pas.
Ils n’ont pas les moyens d’acheter un groupe électrogène...
Comment peut-on regarder cela sans broncher ? Tout le monde le sait et tout le monde laisse faire...
C’est indigne de l’homme. Pense-t-on en Occident que le racisme n’existe que dans un sens ? Il n’y a pas à chercher loin pour comprendre cette haine raciale...
Je suis parfois très triste de faire partie de l’humanité ; je suis défaitiste et pessimiste...
Je continue de les aimer ; ils sont mes frères et sœurs.
Le Sénégal, comme tant d’autres pays (et il n’est pas le plus à plaindre !), est "oublié".
Sophie


Lire l'article complet, et les commentaires