Manuel de transition : chapitre 3 : rebâtir la résilience, pourquoi ?
par Laurent Metais
vendredi 9 février 2018
Si le choc pétrolier et le changement climatique sont les éléments déclencheurs du mouvement de transition, la résilience est le principe proposé comme solution pour commencer.
« Dans le domaine de l’écologie la résilience fait référence à la capacité d’un écosystème à s’adapter à des évènements (chocs) extérieurs et à des changements imposés. […] la capacité d’un système à absorber un changement perturbant et à se réorganiser en intégrant ce changement, tout en conservant essentiellement la même fonction, la même structure, la même identité et les mêmes capacités de réaction. »
La résilience c’est aller plus loin que le concept de viabilité, ce n’est pas parce une chose est viable, qu’elle pourra résister à un choc qui surviendrait. La méthanisation des matières compostable, bien que créant une forme d’énergie, est aussi un gaspillage d’une matière que nous pourrions utiliser à petite échelle. Nous pourrions par exemple avoir des composteurs à chaque coin de rue, ainsi quand il serait prêt le voisinage pourrait en profiter. Cela ne nécessite pas de consommation d’énergie et chacun peut le faire.
Selon l’économiste David Flemming, les bénéfices pour une société plus résiliente sont les suivants :
« -Si une partie est détruite, le choc ne se répercutera pas à l’ensemble ;
-Il y aura une grande diversité de solutions créatives mises au point en fonction des circonstances locales ;
-Elle pourra satisfaire ses besoins malgré une réduction importante des déplacements et des transports ;
-Les infrastructures et les bureaucraties de l’économie à de multiples paliers seront remplacées par des solutions alternatives adaptées aux besoins locaux à un coût nettement moindre. »
Diversité, modularité et rétroactions directes
Selon les études, trois ingrédients sont essentielles pour qu’une communauté résiliente puisse se relever après un choc.
La diversité est le nombre d’éléments qui composent un système donné, la connexion entre eux. Un système qui dépend de plusieurs composants différents est plus résilient que s’il ne dépend que d’un. Elle doit être locale et ne peut venir du haut, car elle dépend des réalités de chacun et ce qui peut fonctionner pour l’un peut ne pas fonctionner pour l’autre.
La modularité c’est la manière selon laquelle les composantes d’un système sont liées entre elles. Le fait d’être modulable permet d’être aussi moins interdépendant à une source, pour qu’un système soit résilient il faut rechercher au maximum une modularité interne pour aller le moins loin possible. Si un choc survient il est plus simple de s’auto-organiser dans ce cas-là, tandis que si le choc vient de loin et que nous avons besoin de l’entité qui est touché, nous subissons le choc. Si pour la fabrication d’un produit, mes besoins en matières proviennent de plusieurs producteurs locaux, il sera plus simple pour moi de palier à un problème si l’un d’entre ne peut me livrer. Tandis que si c’est ma production entière qui dépend d’un fournisseur je serais beaucoup plus embêté en cas de défaillance de celui-ci.
Les rétroactions directes sont dans un système résilient ce qui concerne la rapidité avec laquelle les changements peuvent agir sur un maillon de la chaîne. Dans un système cour,t un choc peut rapidement se voir, car on peut en voir les effets quasi-directs sur nos actions. Dans le système actuel, on ne peut se rendre compte de l’effet sur l’environnement que les pesticides ont, car nous vivons éloignés de la production de notre nourriture. Si nous cultivions à une échelle plus locale nous ferions plus attention, car nous serions directement impactés les effets que cela implique.
Par la suite Rob Hopkins nous donne plusieurs exemples de ce qui pouvait se faire dans la ville de Totnes avant et comment avec ses différents magasins locaux elle était plus résiliente. Mais aussi pour répondre à ceux qui diraient que faire ces transformations prendrait du temps, il donne l’exemple de l’Angleterre durant la seconde guerre mondiale qui en quelques années, moins de 5 ans a fait des changements énorme sur son approvisionnement alimentaire. Alors qu’en 1936 Angleterre importait 2/3 de ses aliments, elle avait en 1944 augmenté sa capacité alimentaire de 91 %.
Note : Toutes les références sont tirées du livre : “Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale” de Rob Hopkins dans sa version française éditée par Écosociété ISBN 978-2-923165-66-0