Mari à tout prix

par Cosmic Dancer
vendredi 20 juin 2008

Eh bien voilà, c’est fait, tout est mal qui finit bien : l’annulation du mariage de Lille est dorénavant et jusqu’à nouvel ordre (le 22 septembre) sans effet, l’exécution provisoire du jugement ayant été suspendue suite aux cris d’orfraie des gardiens d’une laïcité dont je me désolidarise sur le sujet, comme je l’avais déjà fait à propos de l’affaire Truchelut.

La mariée qui avait souffert d’une déception cruelle et l’époux dont le sens archaïque de l’honneur aurait été bafoué par elle - tandis qu’il n’a jamais évoqué qu’une perte de confiance - sont de nouveau appelés à, juridiquement, convoler en injustes noces que l’on pourrait peut-être qualifier de noces de cendres en ce jour funeste qui succède aux remuements intempestifs d’une opinion publique mieux à même de décider pour eux du bien de ces deux êtres manifestement pas faits l’un pour l’autre. Pour les noces de coton, on repassera éventuellement plus tard lors d’une procédure de divorce. Sous quel motif, je n’en sais rien. Mais le doigt sur le bon pli, l’honneur des Menteuses est en joue.

Si n’était le drame personnel vécu par cette jeune femme, j’en rirais à gorge déployée. On dirait une bonne blague.
Et je continuerais à en rire si la dépêche de l’AFP que je viens de lire ne portait ce titre éloquent : "La Cour d’appel rétablit le mariage d’un couple musulman".



Les lecteurs habitués de ce blog savent toute la sympathie que je porte aux religions et l’amour qui m’étreint pour les mille et une facéties en direction des femmes, des homosexuels, des incroyants, des humoristes et des apostats que l’islam invente en ce bas monde. Cela dit, le rétablissement de la génuflexion à l’Eglise et les croisades des créationnistes occupent aussi une place de choix au rayon des plaisanteries croustillantes ne représentant, comme on le sait, nul danger ni inconvénient aux plans politique et moral.

Je précise, on ne sait jamais. Prépuce de précution, quand tu nous tiens, pas besoin de barbichette pour s’esclaffer le premier.

Mais puisqu’il paraît inutile de préciser que la virginité des femmes, si elle est exigée dans une tradition musulmane à laquelle se référait tout de même l’époux, n’appartient pas en propre à cette religion. Et puisqu’il paraît inutile de préciser que la décision d’annuler n’a porté ni sur une absence de virginité ni sur une condamnation d’un mensonge. Et enfin, que pointer son nez sous les jupes d’une femme parce qu’elle est vierge ou ne l’est pas reste tout de même pointer son nez sous les jupes d’une femme qui n’avait rien demandé de tel, bien au contraire.

Alors ben vive la République et vive ma liberté de penser que dans les tours HLM de ma vie et les immeubles des beaux quartiers, ainsi que dans ce triste monde que nous foulons un temps, être laïc pour moi ne signifiera jamais juger de ce qui, dans un couple, lui appartient en propre ou qui le désunit.

Le corps est laïc. Et je pense ce soir à celle dont le sien vient de subir un nouvel outrage. Dieu prend, Dieu reprend. Il en est ainsi aujourd’hui de notre République. Amen.

Et pendant ce temps-là, dans le supplément Style de Libération, c’est trop top d’être fashion-victime de la mode modeste, toute de voile vêtue...


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