Marine a un allié de poids : Macron
par Jean Beaumont
jeudi 14 septembre 2017
Depuis toujours les Présidents de la République ont pris grand soin de leur opposition, pour une raison simple : il faut dans la mesure du possible que celle-ci ne soit pas trop menaçante. Prenons deux exemples contraires et extrêmes.
- François Mitterrand, qui, après deux années de pouvoir compliqué (81-83) promeut sans états d’âme le FN pour affaiblir le RPR : il demande expressément au directeur d’Antenne 2 que Jean-Marie Le Pen passe dans la plus grande émission politique de l’époque (conduite par François Henry de Virieu) puis agite à intervalles réguliers le spectre du vote des étrangers – qu’il ne mettra jamais en oeuvre. Ce sera ensuite le décollage du FN avec une victoire de Jean-Pierre Stirbois aux municipales de Dreux.
- Le magicien Hollande qui réussit le prodige de fédérer à peu près tout le monde contre lui, ministres et frondeurs inclus, jusqu’à être conduit à renoncer à sa réélection, et faire disparaître son propre Parti.
Macron dispose, lui, d’une opposition fragmentée en trois blocs : Mélenchon, Wauquiez, Le Pen. Il doit, pour continuer à mener ses actions sans être trop inquiété, maintenir une opposition en miettes et faible. Prenons les partis un à un.
Le PS est en état de mort clinique et dans un statut d’impuissance totale, puisque l’aile droite du PS est proche de Macron – donc incapable de s’y opposer - et l’aile gauche du PS proche de Mélenchon, qui justement balise le terrain à leur place. Il convient donc pour le mari de Brigitte de maintenir le PS la tête sous l’eau, surtout son aile droite qui pourrait à terme court-circuiter sa LREM. C’est une des raisons pour laquelle la liste de Valls aux sénatoriales – pourtant œcuménique – n’a pas reçu l’onction de LREM.
LI et Mélenchon ne sont pas encore assez forts - pour l’instant - pour constituer un réel danger, d’autant que leurs relations avec la CGT sont tendues.
Les Républicains sont groggy, mais debout. Wauquiez va en prendre le contrôle, et donc la ligne Sarkozy / Fillon s’imposer. Il convient, dans un pays globalement conservateur constitué de retraités, de se méfier d’une éventuelle renaissance de la droite si le FN venait à fondre.
Or, c’est tout le problème : le FN est au bord de l’implosion pour un ensemble de raisons : endettement record, chef qui a failli mais est indéboulonnable, programme dévasté (avec un quasi abandon en rase campagne du souverainisme), antagonismes sévères au sein du Parti.
Plus le FN sera faible, et c’est bien parti, plus les autres partis anti-gouvernementaux seront en bonne santé, les déçus de Marine se dispachant alors entre LR et LI. Et on arrive au paradoxe incroyable : il est du plus haut intérêt pour Macron d’aider Marine Le Pen à garder son poste et renforcer son mouvement ; c’est à la foi la garantie que le FN n’arrivera jamais au pouvoir à cause de la faiblesse technique de sa dirigeante, et la certitude de maintenir le mouvement de Wauquiez à distance avec un FN puissant.
Emmanuel chevalier servant de Marine ?
Eh bien oui, et il a eu un prédécesseur !