Marre du virtuel !

par kouros
mardi 27 juillet 2010

Internet, monde virtuel. Quel scoop !
Il y a encore quelques journalistes attardés qui planchent là dessus.
Que de paroles d’affirmations, de psys, de pour et de contre pour un monde qui vit depuis bien longtemps dans le virtuel.
 Je regarde l’allée de la galerie commerciale ou je viens de faire mes courses. Qu’est ce qu’il a de réel le monde que je vois.
Montagnes de chocolat qu’il faut écouler après les fêtes, achète, ils apportent le bonheur. 
Le dernier écran plat qui ne coûte que 199€, achète, c’est indispensable.
La pub qui te promet que ton téléphone est gratuit, il faut prendre, puisque c’est gratuit.
Ces rayons immenses dont je sors avec deux fois plus d’objets que ceux qui sont marqués sur ma liste. C’est ça le vrai monde. Il est palpable, plein d’objets et de promesses qui rendent heureux.
 
Pourquoi je sui triste ce soir ?
J’ai fait les courses, le frigo est plein, le nouveau vase est sur le buffet, la cassette DVD est là pour ce soir, j’ai acheté du bonheur en pagaille et je suis triste ?
Curieux, serait-il possible que ce monde ne soit pas celui qu’il parait être.
Hy man ! On est en France, un pays riche, ou on vit bien, ou les ¾ de la planète voudraient vivre ?
Je ne serais pas un peu difficile ou pervers pour ne pas être heureux avec tout ce que j’ai ?
Je regarde la télé pour éviter de penser, c’est mieux ainsi. Un enfant vivant dans un désert d’Afrique dit, souriant, qu’il ne veut pas aller à la ville, parce qu’il est bien, que la ville est trop grande, et qu’on ne trouve pas facilement à boire dans la rue. 
Sic !
 
Il habite dans le désert et il y trouve plus facilement à boire que dans la rue de la ville ?
Ben oui, mon bonhomme, parce qu’il n’a pas d’argent pour aller au bar. Moi je trouve normal de donner 2€ pour un café, lui il ne comprend pas qu’on paye un verre d’eau. D’ailleurs il ne comprend pas bien pourquoi on a de l’argent.
Son père non plus d’ailleurs. Il sait que contre du lait de chèvre on lui donne des trucs ronds en fer, et qu’avec les trucs ronds on lui donne des légumes. Ce qu’il veut, c’est les légumes. Il n’a jamais ramené de trucs ronds au campement.
Je change de chaîne. Une île habitée par des hollandais se meurt. Le niveau des mers monte et chaque année les tempêtes balayent un peu plus les habitations. Ils vont partir, c’est sur, de toute façon ils ne pèchent plus parce que les bancs de poissons ont été décimés et cette putain d’algue verte leur pourri toutes les cotes.
J’y peux rien moi, je les plains mais qu’est ce que je peux faire pour eux. D’ailleurs ils sont comme les indiens des San Blas qui vont voir leurs îles englouties tôt ou tard, comme les pécheurs d’Amérique du sud qui ne trouvent plus de poisson parce que les bateaux usines ont purgé leur cotes de tous ce qui pouvais y vivre. Comme les nomades d’Afrique qui voient le niveau des puits baisser.
Ca me dérange tout ça, aller je zappe.
Tient, une émission sur la terre vue du ciel. De nuit c’est formidable. Tous ces pays riches dont on peut voir les lumières depuis le satellite. Une Amérique multicolore, une Europe illuminée comme à Noël, que c’est beau. Pourquoi les autres pays n’illuminent pas de la même manière ?
Toute cette énergie pour éclairer des rues vides, pour climatiser de riches vacanciers qui ne supportent pas la chaleur des tropiques, pour réchauffer des immeubles géants, pour illuminer les hôtels de luxes, parc d’attraction, zones industrielles qui sont si belles à contempler, building, super marchés ou l’on trouve toutes ces merveilles qui rendent si heureux.
Je peux même voir le coin où j’habite, enfin, de loin bien sur. Pareil, il est tout illuminé. Il brille comme à la parade. Dedans il doit y avoir ma maison. J’ai laissé la lumière de dehors allumée.
Allez Hop, les infos. Ça fait deux jours que je n’ai pas de nouvelles du monde.
Cyclone, normal, c’est la saison, c’est vrai qu’il y en a plus ces dernières années.
Grèves, il faut plus d’heures de repos et plus de salaires pour acheter les trucs qui rendent heureux. Rien de neuf.
Election, machin veux être kalife à la place de truc, et n’est pas d’accord avec bidule dont il reconnaît qu’il n’a pas tout à fait tord sur le reste. Il n’a pas déjà été élu avec les voies de bidule celui là il y a sept ans ? Bon, on s’en fout.
Les grands patrons sont trop payés, les petits s’en sortent pas, le tourisme a baissé cette année.
Je n’ai pas l’impression d’apprendre grand-chose. C’est toujours pareil, le ronron des infos qui à force d’êtres identiques nous font croire qu’il est normal d’avoir plus de vacances, d’avoir l’essence plus cher, que les prix augmentent, que la criminalité augmente, que le nombre de psys augmente (les prix aussi, c’est normal), qu’il faut aider l’économie, qu’il faut améliorer la croissance …
Plus de croissance, construire, gagner, consommer plus, toujours plus, sinon tout vas mal.
 
Stop, il y a un truc qui ne colle pas. Tout nous dit qu’on va droit dans le mur et un type très sérieux m’explique qu’il faut continuer. 
¼ de la population bouffe les trois quarts du gâteau mais il faut continuer, c’est normal. Et bien sur les ¾ des pauvres cons restant doivent rester chez eux, ne pas immigrer, ne pas avoir la bombe atomique et nous regarder nous bâfrer sans rien dire.
 
Merde, la télé m’agresse ce soir. J’ai la nausée.
 
La vue de ce monde que l’homme est en train de détruire à force de se multiplier et de bousiller la nature pour un plaisir immédiat me laisse sans voix.
Quelle énergie destructrice. Quelle obstination devant l’évidence. Mais tout le monde le sait, tout le monde devrait réagir. Pourquoi on continue ?
 
Mais mon petit monsieur vous n’avez pas les pieds sur terre. Vous souhaitez vivre comme un indigène à l’âge de pierre ? C’est la vie moderne, la médecine évolue, vous allez vivre plus vieux, vous avez 150 chaînes de télévision, vous lavez vos chemises avec une machine. Allons mon vieux, c’est ça la vrai vie, ne vous perdez pas dans vos chimères, avec 3% de croissance, le chômage baisserait, vous gagneriez plus, votre vie serait heureuse... Croissance…croissance… blablabla…
 
Je n’ai plus envie de produire, je ne veux plus consommer, c’est sans moi. Je ne peux rien arrêter, si ce n’est ma participation à cette énorme fumisterie qui s’appelle vie sociale, politique, mondialisation et course à la consommation.
 
Et Internet dans tout ça ?
Bof, la routine.
Des milliers de blogs qui crient la détresse, la mort ou l’ennui, parce que le monde réel ne leur apporte pas le bonheur promis.
 
Je coupe la télé
Je pars dans mon monde réel

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