Marron, Rouge ou Vert ?

par Jacques-Robert SIMON
jeudi 14 avril 2022

  Est-il possible de changer le monde pour qu’il puisse vivre sans énergie fossile sans une contrainte de l’ordre du désastre : épidémie, guerre, famine ou tout à la fois ?

Suite à la guerre déclarée en Ukraine, 82 députés de la Douma d’État Russe sur 450 se sont abstenus lors du vote de la reconnaissance des républiques sécessionnistes du Donbass. Les trains de sanctions se succédèrent ensuite au fil des évènements. Selon la Banque centrale de Russie, celles-ci devraient entraîner en 2022 une baisse du PIB de 8%, une inflation de 20% et une baisse des salaires de 10%, chiffres en accord avec une tendance à la sobriété certainement indispensable.

Les mesures envisagées (et déjà partiellement prises) pour faire face à la crise économique sont dans la ligne de celles ayant eu cours en Union Soviétique (approche rouge du problème) :

(i) mise en place d’un système financier national indépendant (ii) restauration d’un système de planification (iii) instauration d’un protectionnisme (iv) promotion des collaborations économiques vers l’Amérique latine et l’Afrique (v) contrôle accru de tous les organes exécutifs et renouvellement des cadres dirigeants.

La guerre est déclarée ! Bien plus qu’une guerre entre la Russie et l’Ukraine, il s’agit de déterminer quels seront les dominants du futur. Écartons résolument les motifs humanistes ! Il n’est pas question d’excuser les barbaries actuelles par les barbaries anciennes mais il est quand même utile de se souvenir des plus de 1 million de morts du Vietnam (dont certains encore aujourd’hui tués par des sous-munitions non explosées), les plusieurs centaines de milliers de morts Irakiens, les plusieurs dizaines de milliers de civils afghans massacrés (dont des crimes de guerre).

Passons ! Une sauvagerie n’excuse pas des atrocités !

La Raison guide très rarement les destinées d’un peuple et jamais en cas de conflit. Les dirigeants se rangent derrière la bannière de la coercition, de la religion ou de l’intérêt, l’un n’excluant pas l’autre.

L’intérêt est le dernier apparu. Un postulat antichrétien (mais accepté par presque tous, chrétiens ou non) est posé : l’accumulation des richesses prouve que vous avez les qualités nécessaires pour assumer la domination que vous procure ces richesses. Le légal s’adresse au menu peuple, l’élite construit ses propres lois faites d’opportunisme et d’allant que dissimule le verbe à base du mot liberté : libéral, néolibéralisme. La liberté est pensée engendrer sans coup férir la démocratie, ce qui n’est simplement pas possible si chacun doit être traité avec la même dignité. Le peuple vote bien de temps à autre pour changer de bonnet de gris foncé à gris clair dans le meilleur des cas. Des berceuses lui sont méthodiquement chantées par tous les canaux possibles afin qu’il s’endorme en oubliant ses rêves d’égalité. Devenir riche n’est pas un gage d’honnêteté ou d’altruisme loin s’en faut même si beaucoup acceptent de donner une petite partie de leur fortune pour des causes charitables, la philanthropie elle-aussi permet de paraître donc d’être. Une classe dirigeante sans qualités morales bien délimitées se fait un devoir d’abêtir le peuple pour qu’il lui ressemble à coup d’aides, de subventions, de primes plus ou moins exceptionnelles, jusqu’à transformer les citoyens en rats. Mais les fortunés ne se contentent pas de jouir de leur fortune, ils veulent conquérir le monde et leurs guerriers ne sont plus des soldats qui ont connu trop de revers, ce sont les grands groupes multinationaux qui ont racheté petit à petit tous les savoirs disséminés de par le monde pour les mettre sous la coupe de la finance. Une médiocratie s’installe à tous les étages des sociétés avec son florilège d’insultes vis à vis de ceux qui tentent de se préserver de leurs griffes : « Les esprits médiocres condamnent d’ordinaire tout ce qui passe leur portée. » (La Rochefoucauld)

Dans ce cadre la coercition est une force du passé : punir même férocement les dissidents, imposer une censure de tous les instants de tous les médias, truquer les élections, imposer des idées politiques toutes faites, envahir militairement ses voisins pour resserrer les liens entre nationaux... forment des moyens désuets même s’ils sont encore très couramment utilisés dans beaucoup de pays pas aussi avancés que celui du guide suprême de la liberté. Les autocrates adeptes de la force soulignent toutefois qu’ils sont les seuls à pouvoir imposer les efforts nécessaires à l’indispensable transition écologique. Ils ont pour eux le nombre et une technique éprouvée de répression. Les démocrates, pour lutter, ont encore la possibilité de séduire les peuples avant que les limitations physiques dues à la raréfaction des énergies fossiles et des matières premières n’apparaissent trop clairement.

Reste la religion comme instrument de domination. La seule digne d’intérêt est celle qui est suivie par une multitude de fidèles pour qui un dieu importe plus que leur existence car elle possède la cohérence nécessaire pour s’imposer. L’Islam (approche verte) présente la caractéristique essentielle d’être un guide spirituel et temporel extrêmement contraignant qui impose bien plus qu’une discipline aux croyants qui le pratique, une soumission absolue. En 2010, un habitant du monde sur quatre était musulman. Des projections raisonnables indiquent qu’un sur trois le sera vers 2050. L’Afrique du nord et le Moyen-Orient pratiquent presque uniquement l’Islam. Il en est de même d’un tiers de l’Afrique subsaharienne. L’Islam devrait devenir la première religion au monde (devançant la religion chrétienne) au cours du demi-siècle qui s’annonce. La croissance continue de l’islam s’explique par le fait que les musulmans sont en moyenne plus jeunes et ont plus d’enfants que les adeptes des autres religions. Les flux migratoires importants conduisent à une diffusion rapide de cette religion.

Un strict respect des préceptes de l’Islam permet d’envisager avec optimisme le respect des accords de Paris partout où il sera appliqué. Le marron est d’ailleurs un mélange de rouge et de vert.

 


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