Marxistes, Léninistes, Communistes, l’URSS et les historiens

par Serge ULESKI
vendredi 26 avril 2019

       

  C'est l'historienne marxiste-léniniste Annie Lacroix-Riz qui, à la lecture de ses nombreuses conférences diffusées sur internet, a réveillé chez quelques uns d'entre nous l'interrogation suivante ; interrogation qui a pourtant longtemps semblé sans objet depuis disons les années 70 (pour les plus tardifs d'entre nous), à savoir : quel bilan et quels enseignements doit-on tirer de l'expérience soviétique ? Bien qu'il nous ait toujours paru surprenant que les partis dits "communistes" d'Europe de l'Ouest, français en particulier, se soient si longtemps cru dans l'obligation de soutenir cette URSS alors que son fiasco ne faisait déjà plus débat depuis des lustres : fiasco économique, fiasco politique (crimes de masse, assassinats politiques sans nombre), fiasco culturel et artistique (musiciens, écrivains, peintres, cinéastes, danseurs condamnés à l'exil, à l'assignation à résidence, à l'internement psychiatrique, au Goulag... c'est au choix !), et puis, fatalement... fiasco humain encadré par une police politique infâme qui n'offrira à des populations écrasées, Russes ou non, une seule et unique échappatoire : le refuge dans un alcoolisme endémique.

Car, si les Chinois avaient le petit livre Rouge pour savoir quoi penser, les populations de l'URSS avait la vodka pour ne plus penser du tout. 

         Vraiment surprenant de la part d' Annie Lacroix-Riz, grande pourfendeuse de ses confrères historiens pleutres et carriéristes, indécrottables adeptes du mensonge par omission, une Annie Lacroix-Riz pourtant intraitable à juste titre, avec une classe politique européenne de tout temps aux ordres de la Banque et des Multinationales... surprenant donc qu'elle n'ait pas su à son tour faire preuve de la même exigence à la fois professionnelle et morale à l'endroit de cette grande catastrophe humaine qu'a été l'expérience soviétique.

        Vraiment curieux cette fidélité envers cette expérience de la part d'individus pourtant éduqués ( majoritairement universitaires), avisés et informés ! D'autant plus qu' il s'est agi d'un régime que l'on peut sans difficulté associer à cette autre catégorie politique qu'est le fascisme ; plus près donc du fascisme que de toute idée de communisme quelle qu'elle soit... cette URSS !

Jugez donc : culte de la personnalité (en la personne de Staline), culte du parti, culte de l'armée, et de la défense de la patrie, Etat paranoïaque ("complotiste" on dirait aujourd'hui) ; Etat qui aura érigé la délation, celle de son prochain souvent voisin - délation sous la forme de dénonciations calomnieuses - en vertu cardinale de toute société bien organisée. 

Tel était fasciste (de gauche) celle ou celui qui se croyait communiste ? 

        Mais alors, cela ferait donc chic de soutenir contre vents et marées et contre tous, que l'expérience soviétique a été globalement positive ?

Pauvre Marx... on lui aura vraiment tout fait (1) !

 

        Inutiles de s'inquiéter néanmoins. Soyons bien tranquilles car trois faits peuvent nous conforter ; trois faits qui rendent futile tout débat autour du bilan de l'expérience soviétique ainsi que toute tentative de le ranimer  ; tentative que l'on jugera ubuesque, voire excentrique, mâtinée d'un snobisme un rien transgressif cultivé par des dandy de la politique et de l'histoire.

Aussi, continuons de dormir sur nos deux oreilles car enfin... 

- de l'avis de tous les marxistes qui ont lu et compris Marx, en particulier dans son association avec Engels - son mécène (avec l'argent du père de ce dernier) -, et le Manifeste communiste de 1848, l'URSS n'avait, n'a jamais et n'aura jamais quoi que ce soit à voir avec le Communisme... 

- aucun des peuples qui a vécu sous la botte de l'URSS, celle de Staline en particulier, ne regrette la chute de cette (vieille garce que l'on disait increvable) d'URSS...

- seuls celles et ceux qui n'ont jamais vécu sous cette botte ont soutenu ce régime, confortablement installés à l'Ouest... un peu comme si "l'URSS, c'est pour les autres, toujours  !"

     Cela étant établi, personne ne contestera le fait suivant : l'URSS a représenté, c'est sûr, pour quiconque avait la faiblesse de se penser "communiste" et l'URSS avec lui, une véritable opportunité, une sorte de coin de paradis, car pour ce qui s'est très vite avéré être une nomenklatura encartée dans un régime d'une nature oligarchique, pour tous ces "princes rouges" d'un capitalisme d'Etat, c'était... datcha au bord de la mer Noire, grosse berline, grosse et puissance et caviar de Bakou dans l'assiette !

      Une nouvelle fois, la question se pose : pourquoi cette fidélité à ce fiasco et cette escroquerie criminelle ?

Tant d'années après la fin du cauchemar, là, nous sommes encore dans l'obligation de nous interroger et forcés aussi, faute d'alternative, d'appeler à la rescousse la psychologie, voire la psychanalyse ; et puis aussi, pour les cas les plus ardus : la psychiatrie. 

 

        Décidément, cette fidélité quasi religieuse - la religion soviétique qui avait pour centre officiel l'URSS comme le Christianisme le Vatican -, d'une classe bourgeoise athée en manque de Dieu ou d'un petit père des peuples (contraints - la servitude ou la mort), aujourd'hui encore en la personne de Madame Annie Lacroix-Riz, cette complaisance inouïe envers la corruption généralisée du régime, gangrène de l'âme et de l'esprit civique, ses manquements, ses violences et ses crimes de masse, n'a définitivement rien à partager avec une quelconque fidélité à cet idéal Communisme, ce désir d'une grande fraternité soucieuse du bien commun dans la plénitude de tout notre potentiel en tant qu'être humain. 

 

 

1 - Au sujet des marxistes qui fricotent avec une droite pétainiste, maurrassienne et mussolinienne, on pourra se reporter au philo-analyste Francis Cousin : ICI

        


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