Massacre raciste à Christchurch : « on ne nait pas raciste, on le devient »
par Rantanplan
lundi 18 mars 2019
Si l’existence du chromosome » y » fait que les garçons sont différents des filles et relègue la formule « On ne naît pas femme on le devient » (S de Beauvoir) au rang des provocations, aucun chromosome ne prédispose au racisme. « On ne naît pas raciste, on le devient ».
Les tueries de masse dans deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande qui ont tué 50 personnes ont été perpétrées par un individu qui avait publié un manifeste en ligne pour afficher et sans doute promouvoir ses convictions délétères.
Lorsque le terroriste, qui s’est proclamé « australien ordinaire », a déclaré qu'il commettait son crime pour « réduire directement le taux d'immigration sur les terres européennes en dissuadant et en éliminant physiquement les envahisseurs », il ne faisait pas seulement montre d’une idéologie xénophobe, il révélait les méfaits d’un système d’éducation défaillant.
La raison pour laquelle les racistes et les xénophobes sont à l'aise avec l'idée d'un « grand remplacement » ou d’une « invasion » d'immigrés, de réfugiés ou de personnes de couleur tient dans le fait que leur éducation les a gavés de ce genre de déviance qui consiste à fournir un bouc émissaire aux individus qui veulent en découdre pour détourner leur arme vers une cible qui épargne les responsables de la situation qu’ils vivent mal. C’était déjà le principe de base de la chasse aux sorcières qui ne se contentait pas de jeter à la meute de pauvres femmes pour calmer la fureur des manants affamés, mais se donnait des justifications religieuses. Le « choc des civilisations » a pris la place des inquisiteurs et des exorcistes.
Quelques heures après l'attaque terroriste de Christchurch, trois « européens » ont agressé un homme devant une mosquée de l'est de Londres. Ils ont qualifié de « terroristes » les fidèles venus assister à la prière du vendredi et ont attaqué l'un d'entre eux avec un marteau et une batte de cricket.
Les écoliers australiens ignorent les 60 000 ans de l'histoire aborigène. Les manuels d'histoire insinuent encore aujourd’hui que l'Australie est « blanche ». Il en va de même pour les Etats-Unis et le Canada où l'histoire des Amérindiens et des Nations Premières ne représente qu’une toute petite partie des programmes, sans parler du « black-out » sur le commerce triangulaire. En France, même si les manuels d’histoire des Hussards noirs de la République ont été revus et corrigés, la formule de « nos ancêtres les Gaulois » a marqué au fer rouge les cerveaux de plusieurs générations de candidats au certificat d’étude.
Parallèlement à l’enseignement de l’histoire, les discours politiques et les commentaires des présentateurs de JT contribuent par les formules serinées à conditionner les « fidèles auditeurs » dans l’entreprise de « fabrication du consentement ». Le matraquage de la hantise des « terroristes », mot devenu synonyme d’« islamistes » contribue à formater les esprits et le conforte dans l’ée qu’un ennemi nous a déclaré la guerre : « une horde d'assassins a tué 130 des nôtres et en a blessé des centaines au nom d'une cause folle et d'un dieu trahi. Une agression à laquelle la France répondra. Nous mènerons ce combat jusqu'au bout et nous le gagnerons ». Avait déclaré François Hollande au lendemain des attentas du 13 novembre.
Les politiciens, les journalistes et les personnalités publiques disposent d’amplificateurs de l’opinion, d’outils de propagandes, de plus en plus efficaces. Ils ne semblent pas toujours se rendre compte à quel point ils contrôlent le discours public sur des questions telles que l'immigration et la xénophobie.
Parce que les propos racistes ou intolérants, même les plus mesurés, ne font pas du mal qu’à ceux à qui ils sont destinés, ils renforcent des sentiments et des convictions dont on mesure aujourd’hui les effets.