Masterchef 2015 c’est bidon : je le sais j’y étais !

par Christophe Certain
samedi 7 mars 2015

J’étais cette semaine candidat à Masterchef 2015. Je me suis fait jeter dès le premier jour, comme 90% des candidats, et cette journée de sélection est probablement la plus grosse mascarade de tous les temps en termes de jeu télévisé, puisque la production a fait venir 300 personnes dont 270 ont été virées le soir même, pour laisser place au casting tel qu'il avait été élaboré, bien avant que le premier candidat ne mette le pied sur le port de Marseille. La démonstration en quelques lignes...

Un tournage bidonné, dans des conditions épouvantables

Je n’étais pas venu pour faire tapisserie, mais avec l’envie d’en découdre et peut-être de gagner, mais j’étais préparé également à l’idée qu’il était plus probable que je perde, et je n’ai donc aucun regret vis à vis de ça. Ceci n’est donc pas un sursaut d’orgueil pour me plaindre que mon talent n’ait pas été reconnu à sa juste valeur, c’est de bien autre chose dont il s’agit : ce tournage était entièrement bidonné, et les personnes sélectionnées l’étaient avant même que le premier candidat n’arrive à Marseille, où avait lieu l’épreuve. Une épreuve qui s’est par ailleurs déroulée dans des conditions épouvantables, puisque nous avons passé la journée dehors, debout, en plein Mistral, sans même un café pour se réchauffer ou un tabouret pour s’asseoir. Nous étions tous congelés, grelottant de froid face à la mer, avec des bourrasques de sable et de poussière dans les yeux. Bref un enfer. 

270 figurants invités à leurs frais !

Tout ça pour aligner de la belle image, en plein air dans un décor grandiose, avec même un drone équipé d’une caméra qui survolait les candidats. Le plus grand plateau jamais imaginé de la télé-réalité avec 300 candidats ! De la belle image pour remonter la claque en termes d’audimat de la série précédente. Bien évidemment personne ne nous avait prévenus du nombre de candidats, ni de la proportion qui resterait le soir, sinon beaucoup ne se seraient pas déplacés. La session durait 3 jours, on pouvait donc penser que la sélection serait progressive, avec plusieurs épreuves, pour arriver au nombre voulu de candidats en fin de semaine.
Ce n’est pas du tout ce qui s’est passé. Sur 300 candidats, 270 étaient éliminés le premier jour, et les deux jours suivants on passait de 30 à 12 candidats au final. Ce n’est plus de la sélection, c’est du massacre. En fait, nous l’avons compris au fil de la journée, nous avions été recrutés comme figurants, pour faire de l’image, et nous devions laisser le soir la place à la vraie sélection de la production, après une délibération bidon qui éliminerait d’un coup 90% des candidats.

Les futurs sélectionnés placés devant les caméras

Il est vrai que la production audiovisuelle est un métier étrange, où, contrairement à la boulangerie, on a plus tendance à se fourrer la farine dans le pif que d’en faire des baguettes moulées. Mais cette fois les gars vous êtes allés trop loin, parce que la plupart des participants se sont bien rendus compte que votre sélection était bidonnée, tellement les ficelles étaient grosses.
Nous avons déjà eu d’innombrables indices au cours de la journée qui nous ont fait comprendre qu’il se passait des choses étranges. Il y a les témoignages des candidats dont le plat n’a même pas été goûté, les noms des sélectionnés surlignés au stabilo rouge sur les listing de candidats dès la veille de l’épreuve, les candidats qui font la bise aux goûteurs ou aux membres de la prod et qui sont sélectionnés, etc. Mais tout cela peut être mis sur le dos de perdants mécontents et jaloux. Pourtant il existe une preuve irréfutable que cette sélection est bidonnée : pour les besoins de la production on a mis tous les futurs sélectionnés sur les 5 premières rangées de tables de façon à les filmer plus facilement.

Pour bien comprendre la situation il faut regarder le schéma ci-dessous. Nous étions classés par rangées, de 1 à 10. Ceux qui étaient dans les 5 premières rangées étaient sous le feu des caméras placées de parts et d’autres du podium. Par contre ceux qui étaient placés au-delà de la 5e rangée n’étaient filmés par personne. C’était déjà un indice d’une pré-détermination des personnes à filmer, puisque les cadreurs ont passé la matinée à faire des plans sur les personnes aux 5 premières rangées. Les autres n’étant là que pour faire masse en arrière-plan, pour la figuration.

Aucun candidat sélectionné au-delà de la 5e rangée !

Mais c’est à l’annonce des résultats qu’on a eu le fin mot de l’histoire, puisque nous avions repris nos places du matin, derrière les tables, et à mesure que les personnes étaient sélectionnées, on voyait qu’aucune personne n’était sélectionnée au-delà de la 4e ou 5e rangée, la plupart étant issues des 3 premières rangées.
Anecdote amusante, juste avant le début des sélections, le chef de plateau qui était positionné sur le devant, et s'adressait visiblement aux personnes des premiers rangs, a indiqué aux candidat que ceux qui seraient sélectionnés devraient avancer et aller se positionner face au jury. Il parlait, mais à cause du mistral, personne ne l’entendait derrière. des gens ont commencé à crier « on n’entend rien derrière ! On n’entend rien ! » Le chef de plateau ne bougeait pas. Puis il a eu un mouvement d’humeur. Eh oui qui se souciait que les gens de derrière n’entendent rien puisqu’ils n’étaient pas concernés par la sélection ? Puis il a compris qu’il avait peut-être fait une boulette et que les candidats à l'arrière n'avaient pas encore compris qu'ils n'étaient là que pour la figuration. Il s'est alors repositionné au milieu des rangées et a répété son discours.
La sélection a commencé avec les rouges, puis les jaunes, puis les bleus, et aucune personne n’a été retenue au-delà du rang 4 ou 5. Quelle probabilité statistique y a-t-il qu’un tel phénomène se produise ?
Alors il y a une exception, des jumeaux sélectionnés chez les bleus au rang 6 ou 7. Il fallait bien ça pour faire avaler que sur 300 personnes on sélectionne deux jumeaux ! Qui peut croire à une histoire pareille ? 
Il y avait un goûteur par table de 10 personnes. Quelle probabilité y a-t-il que les 15 goûteurs les plus éloignés des caméras n’aient sélectionné aucun candidat, alors que les 15 goûteurs des 5 premières rangées en ont envoyé parfois 3 ou 4 par table ? C’est quand même un peu gros…

Dès le matin, étant au 8ème rang, j’avais bien remarqué que les chefs, qui se déplaçaient pour voir les plats des candidats, n’étaient jamais venus jusqu’à nous. Ils restaient mystérieusement dans les rangées de devant. Personne n’est venu voir nos plats à part les sous-fifres qu’on a envoyés pour faire semblant de les goûter, certains plats n’étant même goûtés par personne !

Il y avait cependant des cadreurs qui se déplaçaient dans les allées et s’arrêtaient pour faire des images sur une personne précise, y compris dans les allées reculées, sans même regarder ce que faisaient les autres candidats de la table. Ma voisine, qui avait cuisiné des insectes (!) a ainsi eu la visite successive du photographe de plateau, puis d’un cadreur pour prendre des images. Sachant qu’elle avait déjà fait un plat à base d’insectes pour la sélection, elle avait été sélectionnée vraisemblablement ce jour-là pour qu’on puisse avoir un plan sur les insectes, qui durera peut-être 3 secondes dans l’émission. Après elle pouvait rentrer chez elle. Par la magie de l’oreillette, un cadreur est également arrrivé pour me filmer pile au moment où le goûteur me posait des questions sur mon plat. Moi aussi j’avais sans doute mon utilité dans cette histoire puisque je suis relativement connu sur le web, et que si masterchef a 300 000 fans sur Facebook, j’en ai à moi seul 200 000. Un plan sur mon carpaccio de poulpe, pouvait peut-être leur apporter un peu de spectateurs en plus ? Pourquoi s’en priver ? 

Voilà, je passe sur les témoignages et infos très certainement vrais mais difficiles à prouver, ce n’est pas nécessaire. Nous avons vu ces personnes sortir des rangs sans que jamais aucun ne vienne de plus loin que le 5e rang. Voilà un « smoking gun » qui va être problématique à masquer au montage, bien que l’adage professionnel « monteur = menteur » prenne tout son sens avec ce genre d’émission… Et je passe sur le reste, tout cela n’est que de la télé-réalité cynique et sans scrupules, cela n’a rien à voir avec la cuisine.

J’ai pu néanmoins rencontrer pendant cette brève expérience beaucoup de gens très sympas, et j’en ai retrouvé déjà plus de 50 sur les réseaux sociaux, pleins d'enthousiasme et d'énergie malgré cette désagréable expérience, et les idées de projets commencent à fuser . Peut-être organiserons-nous un de ces jours un masterchef OFF à la loyale ? Ce serait amusant !

Je ne suis évidemment pas seul à dénoncer cette supercherie, le journal belge l'avenir a déjà diffusé le témoignage d’un candidat

Ce matin le journal suisse La Liberté publie le témoignage d'une autre candidate.

Une blogueuse publie également son témoignage.

Vous pouvez également consulter des témoignages de candidats sur la page facebook Masterfake 


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