Mayotte, des barrages en guise de barricades !

par Jean-François Dedieu
mercredi 7 mars 2018

Troisième semaine de blocage à Mayotte. La population proteste en premier contre l’insécurité (l’INSEE publie une baisse de 9 %, répétée à l’envi par le préfet et nos ministres, sauf que ce beau monde feint de ne pas savoir que les gens ne déposent plus plainte par lassitude).

L’éducation, la santé, la justice souffrent également du mépris toujours ambiant de la part de Paris. Les palanquées de fonctionnaires (surtout « hauts » et particulièrement à l’Éducation), porteurs de civilisation se croient en terre de mission mais viennent surtout parce que Mayotte est un marchepied dans leur plan de carrière… Et à Paris, même passé sous la phalange du gros orteil, Mayotte reste encore un caillou dans le soulier français. 

INSÉCURITÉ, c’est d’abord vivre en cage sur sa varangue et derrière des barreaux et des portes en fer la nuit. L’insécurité, c’est cette policière réveillée dans son sommeil par des jeunes, tee-shirt sur le visage qui attaquent un volet en bois et reviennent la nuit suivante avec un pied-de-biche ! La femme d’un sous-préfet aussi a été attaquée chez elle. Un jeune que les voyous ont fait tomber pour son scooter et qui est hémiplégique depuis. Un entrepreneur tailladé à coups de machette il y a peu. Un gardien de nuit dont on a coupé deux doigts ! S’il y a toujours des réseaux complices de Mahorais pour tous les trafics vers Anjouan (magasins « Marchandises de Mayotte »), la surpopulation d’émigrés clandestins pèse dans cette délinquance que les grévistes voudraient qualifier de « terrorisme ». Le problème est là, non seulement on se fait dépouiller mais une violence extrême atteint au lynchage. 

Une insécurité du quotidien s’est introduite dans les transports et les établissements scolaires. Les transporteurs étaient en grève une semaine avant les congés pour des caillassages répétés. La préfecture met un policier dans certains bus comme elle le fit pour accompagner des randonneurs regroupés du dimanche (les plages désertes sont fortement déconseillées, même en groupe). Les personnels des lycées de Kahani et de Tsararano exerçaient leur droit de retrait encore veille de ces 15 jours de vacances scolaires. La police, la gendarmerie font le maximum avec 40 % des effectifs affectés aux établissements. 

L’ÉDUCATION ou plutôt la déséducation. Même si la descente aux enfers est concrète en métropole, à Mayotte elle prend un tour catastrophique. Ils sont forts les hauts-fonctionnaires, pour faire comme si, pour plaquer une réforme des rythmes sans tenir compte des réalités locales ! Un des derniers en date, ex secrétaire-général du vice-rectorat, un certain Denis Lacouture, parti depuis à la retraite a osé dire : 

« À Mayotte j’ai eu l’impression d’être utile car des enfants nous arrivent toute l’année, nous avons le challenge de scolariser tous les enfants. J’ai participé à cela et j’en suis fier. »

Inutile d’argumenter contre de prétendus grands commis de l’État mués en ennemis du peuple. Il suffit d’écouter Madame la maire de Sada qui a toujours refusé d’appliquer dans sa commune la réforme démagogique de « la pôse méridienne ». Pas plus tard que ce 28 février, elle a expliqué (Mayotte Première, émission Kala oi dala malheureusement pas en replay à ce jour) qu’après avoir investi dans une nouvelle classe et un réfectoire à Mangajou, elle a reçu un coup de fil du vice-rectorat conseillant de demander une rallonge parce qu’ils créaient une division supplémentaire… Sûr que la fierté de Lacouture (16 ans d’Afrique quand même !) relève uniquement d’une impression…

Et parce qu’il faut nommer les ennemis du peuple, n’est-ce pas cynique de voir Nathalie Costantini, la vice-recteur, refuser de revenir sur la réforme qu’elle a même imposée dans les classes déjà « en rotation » (deux divisions, une le matin, l’autre l’après-midi)… Des journées de huit heures pour les gamins qu’elle aime tant (sic) ! Sacro sainte pôse méridienne de 3 heures oblige ! Elle a même ajouté la honte à l’indécence en prétendant que l’attitude calme des petits mahorais permettait ces pratiques… Avec des serviteurs de l’État de cet acabit, même le sureffectif chronique ne serait pas un problème ! 

Par contre, chez ces gens-là rien sur l’injustice, l’inégalité foncière. Un rapport du sénat de 2008 s’en faisait l’écho :

« … Les données chiffrées transmises par le vice-rectorat de Mayotte permettent d'évaluer le montant consacré à l'accueil et à l'instruction par les structures de l'Education nationale à Mayotte des élèves étrangers. Celles-ci font état d'un coût total par élève de :

- 1.230 euros par an dans le premier degré, masse salariale comprise ;

- 4.322 euros par an dans le second degré, masse salariale comprise, pour un élève non boursier… »

En 2017, le CESEM local publiait son étude démarrée en 2015 (ils ont eu autre chose à faire depuis…) :

« … (en 2015, l’État investissait en moyenne 7760 euros par élève en France et seulement 4132 euros par élève mahorais)… »

https://www.mayottehebdo.com/actualite/education/un-rapport-alarmant-sur-le-systeme-educatif-a-mayotte

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2018/02/denis-le-doigt-sur-la-couture-la.html

Au chapitre de la SANTÉ, les Français de Mayotte étaient priés (un écriteau à l’entrée de l’hôpital) d’aller consulter auprès des quelques généralistes du plus grand désert médical français, tant les services sont surchargés, pour les ¾ de leurs interventions, par l’afflux massif d’immigrés souvent clandestins. Mais l’État n’y est pour rien comme le laisse entendre le lien ci-après : 

https://la1ere.francetvinfo.fr/habitant-mayotte-coute-900-euros-depenses-sante-an-contre-3300-euros-hexagone-521087.html

LA JUSTICE. Dans un pays civilisé, œil pour œil, dent pour dent c’est interdit. Le procureur est très vigilant et une défense jugée illégitime, à savoir un délinquant cambrioleur rousté, s’est soldée par une amende à cinq chiffres (Chiconi). Même les forces de l’ordre font très attention. Il est plus facile pour le procureur de convoquer ceux qui, sur les réseaux sociaux, ont eu la critique trop leste à l’encontre de ses services… (il n’avait pas autre chose à faire). Consultez l’infokwezi ou le journal de Mayotte pour un pot pourri des faits délictueux à Mayotte. Et il faudrait encore parler des occupations illégales de terrains non seulement liées à la présence du plus grand bidonville de France sur les hauteurs de la capitale économique et contre lesquelles les solutions légales restent très frustrantes.

ET ALORS ? Ces défis n’ont pas été relevés depuis le choix des Mahorais en 1974 (Mayotte ne faisant que confirmer la volonté de rester française depuis 1958). Pire, ON les a laissé suppurer, sciemment pour les partisans d’un largage ou, d’une manière tout aussi coupable, par négligence. Il est intolérable d’entendre encore aujourd’hui le préfet Frédéric Veau expliquer que les problèmes de Mayotte viennent de son éloignement et de son insularité

https://www.facebook.com/mayottela1ere/videos/1685081784864185/  

L’ÉTAT RESPONSABLE ? Avec son administration locale et les élus locaux, l’État est le chef de l’association des malfaisants, coupable même d’avoir persévéré dans l’erreur, coupable de toujours vouloir minimiser les maux, les traitant avec légèreté. On ne fait rien pendant des années, on ose dire que ce n’est qu’un sentiment « d’insécurité », que la France n’a jamais fait autant. Une attitude vraiment malsaine ne pouvant venir que d’un grand corps malade, vérolé de l’intérieur, toujours plus en contradiction avec les principes républicains… Un TITANIC de mépris, de cynisme, de mensonges, d’égoïsmes, d’omerta. Pourquoi, à la lumière des moyens modernes d’information, associerait-on des mots tels que « mafia » ou « cartel » à notre organisation étatique ? Vivons-nous une démocratie confisquée atteignant, aux dires de certains, la dictature douce ?

Des mots ? Divagations d’écrivassier en mal de reconnaissance ? 

Des faits alors, ici, à Mayotte, mais symptomatiques d’un mal bien français et qui pourraient annoncer ce qui attend la métropole… 

* Encore dans les années 90, l’armée organisait chaque année des manœuvres encore dénommées noir sur blanc « évacuation de ressortissants »… Comme pour mettre à l’abri les Blancs dans une ambassade en Afrique ?

* les constructions, en particulier les écoles, à 80 % hors normes et pas seulement à cause des nouvelles règlementations, souvent des malfaçons (évacuations, infiltrations, électricité défectueuse…) non dénoncées par l’État maître d’œuvre… Cela ne vaut pas une statistique, cela alimente seulement un ressenti, comme ils disent, mais dans un rayon de deux kilomètres (Sada), des bâtiments scolaires debout bien qu’abandonnés (photo 2), une école rétrocédée parce que construite sur le terrain d’un particulier (photo 3), une gendarmerie (bâtiments, logements, dépendances) (photo 4) laissée à la brousse pour une nouvelle construite à côté (1), une cantine offerte par Chirac avec nos sous, laissée aussi aux archéologues du futur, une mairie sous-dimensionnée bientôt abandonnée pour des locaux modernes… L’école de Mangajou (v. plus haut) ou ailleurs où des préfabriqués garnissent la cour de récréation, où le préau est muré pour accueillir une classe de plus… Un puits sans fond… Une bêtise sans nom… 

* Mayotte reste une bulle fermée sur son environnement immédiat avec un port qu’ON n’a jamais voulu promouvoir en tant que hub régional pour le Canal de Mozambique. Et si les thoniers-senneurs (français, espagnols, seychellois…) parfois immatriculés à Mayotte mais basés aux Seychelles sont autorisés à pêcher dans la zone protégée jusqu’à 24 milles des côtes, les prises sont traitées à l’étranger (Maurice ?). Alors que la réglementation favorise la pêche industrielle, l’Europe refuse d’aider la pêche de subsistance locale… Quand on sait que pour la Réunion c’est 0,16 % du 1,6 million de tonnes dont une partie en surpêche mettant en danger la ressource… alors, Mayotte peut crever !

http://lejournaldemayotte.com/une/le-parlement-europeen-prend-la-defense-des-pecheurs-ultramarins/

* Et L’État qui laisse les coudées franches aux faiseurs de fric, au prétexte d’une réglementation européenne empêchant les échanges avec les pays de la zone, ignorant les circuits courts, laissant ainsi libres ces gros commerçants, ceux là même qui fustigent le public en se prétendant les chantres de la libre entreprise mais qui tablent les prévisions de CA sur la manne des salaires des fonctionnaires…Ces tenants des bénéfices in the pocket et des déficits pour les contribuables qui continuent à prendre une marge sur le transport venant d’Europe ou de pays libres de nous empoisonner (Brésil, Afrique-du-Sud…). 

Faut-il rappeler encore la posture de TOTAL qui voulait, en tant qu’entreprise nationale, sans rien débourser, le marché des hydrocarbures jusqu’alors distribués par l’armée (le drapeau français flottait sur les stations-service) ?

* L’État, sinon les collectivités locales, c’est AIR AUSTRAL, une compagnie d’économie mixte, vous l’avez compris « des bénefs in the pocket » pour des aides du contribuable, qui matraque avec le prix des billets, la continuité territoriale restant un vain mot et la saine concurrence tardant à se développer après qu’on ait fait partir à une époque, des avionneurs présomptueux de s’attaquer à une chasse gardée (Air Bourbon, Air Liberté…). 

* L’État c’est la piste de l’aéroport qu’ON refuse d’allonger, en se cachant derrière les écologistes mais toujours pour préserver le monopole d’Air Austral encore à peine écorné avec en prime le prix prohibitif du kerosène (55 % de + à Mayotte par rapport à la Réunion !).

* L’État, c’est le bousillage de l’aquaculture pourtant dans des conditions uniques de réussite, à force de lourdes procédures, de paperasses inutiles (sauf à légitimer les services qui les éditent).

* L’État, c’est le tourisme qui ne rapporte rien sinon la hanche démise d’un pauvre senior allemand parti visiter et qui a trouvé une bande sur son chemin. Croyez-vous que cela fasse honte à ces parasites casés au même titre que ceux du CESEM par les sponsors politiques aux affaires ? Il faudrait les traîner au tribunal pour mise en danger de la vie d’autrui et ils osent être présents en Allemagne pour faire la promotion d'hôtels qui n’existent pas, des saletés dans les rues, du billet d’avion trop cher ! 

Économiquement, ces Mahorais incapables ne méritent que mépris !

 Avec l’État, les grands commis, les serviteurs de l’intérêt général sont en cause : ils servent avant tout leur caste de nomenklaturistes. Pour une raison bien simple : le premier qui dit est jeté du TITANIC. Et après le colonel égratigné, force est d’honorer deux généraux, de ces lanceurs d’alerte qu’on dit protéger mais qu’on a vite bannis sur une chaloupe sans trop s’en cacher d’ailleurs. Pierre Renault, viré pour avoir dénoncé l’état déplorable des matériels de la gendarmerie. Bertrand Soubelet, auteur de « Tout ce qu’il ne faut pas dire » versé d’abord par mesure disciplinaire à l’Outre-Mer (!), finalement viré ou mis à la retraite d’office et qui en a conclu : 

« Pour être mis à l’écart dans ces conditions, j’ai l’impression de constituer un danger pour mon pays, ce qui m’amène à réfléchir à mon avenir immédiat et à la manière dont je vais continuer à servir la France. […] Je tire la conclusion que L’État a suffisamment de compétences et de talents pour payer des responsables d’un certain niveau à ne rien faire. » (source Le Monde avril 2016).

N’est-ce pas un général, même « micro », qui partit jadis à Londres tandis que nos hauts-fonctionnaires s’accommodaient trop facilement de l’occupant allemand, plus coupables au sein d’une société hiérarchisée que les 40 millions de pétainistes (titre d’Henri Amouroux) ? 

L’État faisant de plus en plus penser à une république bananière (à propos du pont sur l’Oyapock, le préfet de Guyane n’avait su que répondre au journaliste émettant cette comparaison / 2013 / dernièrement sur Arte), Mayotte a enfin réagi puisque, dans un pays civilisé comme le nôtre, rien ne s’obtient sans le rapport de force. Est-ce sciemment mais le fait est que l’État aggrave la situation en n’assurant pas ses missions régaliennes. Le bras de mer entre Anjouan et Mayotte est une passoire malgré les radars (déjà sabotés), la vedette, l'unique sur les huit en état de prendre la mer, la PAF à terre. Les passeurs sont informés par les Comoriens à Mayotte (dont la cinquième colonne de bi-nationaux (2)) de la présence des forces de l’ordre. Une véritable invasion en résulte… Les recommandations de l’ONU sont de fait suivies d’effet ! Dans ce cas il est facile de pointer du doigt l’immigré source d’INSÉCURITÉ mais comment empêcher ce lien quand 75 % des mères qui accouchent à Mayotte sont étrangères, que la proportion dans la population carcérale et certaines classes maternelles est la même ?

Avec l’État et ses hauts fonctionnaires (du moins dans le secteur sensible de l’Éducation Nationale), les élus locaux brillent plus par leur intéressement, leur plan de carrière que pour l’intérêt général. N’est-ce pas pour cette raison qu’ils ont tant tardé à prendre le train de la grève et des barrages en marche, pratiquement après 15 jours de blocage ? Dire que le succès politique dépend de l’appartenance à une grosse écurie où, monté en haut de la liste avec le support d’un réseau, on vous programme, à force de patience, pour un mandat à venir et éventuellement des bénéfices et retombées à partager, n’est pas plus mensonger que l’intérêt général toujours mis en avant. Dans ce sens, la classe politique mahoraise est très française, avec ses faits d’armes en pleine lumière (la longue lutte en faveur de Mayotte française) et aussi son côté plus obscur, ses affaires…

Un Conseil départemental où un vice-président est sur la sellette pour avoir confié la gestion du million et demi dévolu à l’aide et aux soins à domicile non pas à la Croix Rouge mais à une petite association culturelle (22.000 € de budget, l’ancien directeur de campagne dudit conseiller étant l’initiateur de ladite association spécialisée dans les manifestations culturelles)… Plainte a été portée par une élue du même Conseil auprès du Procureur en octobre 2016… N’épiloguons pas sur un favoritisme plus ordinaire, les hommes étant ce qu’ils sont… 

https://www.linfokwezi.fr/spasad-armamie-abdoul-wassion-saisit-le-procureur/

Rien de dilatoire dans ce paragraphe illustrant le fossé entre la population et des élus qui, à leur actif, n’ont pas à être fiers du port bradé au privé (la Délégation de Service Public de 2013 pour 15 ans serait remise en question), des infrastructures routières, toujours les mêmes depuis 20 ans, durant trois fois moins, coûtant trois fois plus pour trois fois moins de camelote (merci les multinationales). A l’opération « Parrainez un trou » vient de succéder une initiative « un trou, une fleur » afin d’épargner roues et amortisseurs. 

Par contre, et en cela les projections en 3D sont magiques, le Conseil départemental vient de présenter le projet Caribus (novembre 2017) pour désengorger des embouteillages quotidiens sur 20 kilomètres tant au nord qu’au sud et à l’ouest d’une capitale hypertrophiée par rapport au territoire, une caractéristique très française, très jacobine. Très française aussi, la promesse rendant les enfants joyeux. 

http://www.linfokwezi.fr/concertation-prealable-au-projet-caribus/ 

Comment après ce triste état des lieux bien incomplet, l’enfumage de l’Insee par exemple, qui voudrait faire croire que les clandestins des cabanes au fond des bois les reçoivent à bras ouverts pour être recensés, ne pas avoir l’IMPRESSION que l’attitude de la France, enfin, de Paris parlant au nom de la France, est ambigüe. 

Le préfet, très maître de ses nerfs, dit que c’est 1,1 milliard chaque année pour Mayotte. A quoi correspond ce chiffre plus élevé, à ses dires, que pour certains départements métropolitains ? Qui sait si la charge n’est pas supérieure ? En attendant, le journaliste (pas de ceux que Mélenchon dénigre de manière trop simpliste) s’est limité au chiffre de 0,2 % des dépenses de la France pour 0,3 % de la population… Alors monsieur le préfet, il manque déjà 650.000 euros concernant une dotation qui plus est, partagée bon gré mal gré, avec une population non recensée et qui donne l’IMPRESSION de dépasser celle des Français sur l’île…

http://www.linfo.re/ocean-indien/mayotte/655914-mayotte-represente-0-2-des-depenses-de-l-etat

Nous allions oublier l’eau ou plutôt la pénurie qui a nécessité des coupures au robinet un jour sur trois pendant 3 mois (déc 2016 – mars 2017) et encore pour une eau impropre à la consommation ! Le ciel n’étant pas aussi avare que l’État, la présente saison des pluies reste abondante et sans excès météorologique même si les prévisions tablent sur une tempête en formation dans le canal de Mozambique dans cinq jours. L’an passé, la ministre Bareigts avait même promis des tankers d’eau avant que la Réunion n’exprimât son refus. Il fut même question de conteneurs de dessalement achetés à Israël… 

ET ALORS ? Dans un pays civilisé où les racketteurs ne sont pas tous des coupeurs de route (la CCI adoubée par le Conseil Départemental a été dénoncée nommément), 

 https://www.mayottehebdo.com/actualite/Politique/les-usagers-des-pontons-de-mamoudzou-et-dzaoudzi-denoncent-un-racket

dans un pays dit civilisé mais avec des pratiques pas si éloignées du fonctionnement bananier, quand le temps n’est plus aux révolutions avec des fusils, que reste-t-il alors pour donner à réfléchir à la caste de politicards trop cul et chemise avec des acteurs économiques trop libres de voler en toute légalité ? Que reste-t-il pour donner à réfléchir à ces nomenklaturistes de l’administration, ces fonctionnaires d’une obéissance trop automatique et malsaine, de celles qui les firent jadis collaborer sans vergogne avec le nazisme ?

Alors, pour toucher là où ça fait mal, on bloque la circulation, on paralyse l’économie, on coupe le circuit du pognon, on va contre une majorité des siens aussi, la molle, celle qui avalerait tout, celle qui est contre les grèves mais pas contre les avancées qu’elles peuvent apporter. 

Prouvant même que la départementalisation les a grandis, les Mahorais en sont aux propositions. Une liste complète de revendications moins facile à déballonner qu'un mouvement d'humeur passager a été rédigée ! (voir en annexe) 

Les acteurs économiques, ces chantres de l’entreprise privée on les entend déjà se plaindre. La présidente du Merdef par exemple, qui après des débuts modestes en 1996, avec un véhicule, en a 50 aujourd’hui. Oui, ces nouveaux riches de la libre entreprise plus venimeux encore que les 200 familles… 

Il n’empêche, ces barrages à Mayotte, lancés par une petite minorité finalement suivie, valent le blocage de 1995, les barricades de 1968, les mouvements de 1936, le rappel du sacrifice des Communards en 1871 et 1848 et 1830… pour un peu plus de justice et d’équité tant la devise de la France semble relever du surréalisme…

« Il s'agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence pendant des mois et des années, d'oser enfin se redresser. Se tenir debout… » Simone Weil / La semaine prolétarienne du 10 juin 1936.

Et si Mayotte, alors qu’elle encaisse tant de morgue et de déconsidération de Paris, renvoyait au contraire un signal fort pour le peuple français, contre une logique économique synonyme de régression ?

 

Note : A côté des articles d’Avox, si synthétiques, cadrés, pardonnez ce qui ne correspond qu’à un coup de gueule subjectif, une partialité qui me retient de relayer des rumeurs telle celle de l’État engrangeant des millions avec les 600-700 euros que paient les étrangers pour la carte de séjour, ou encore ces 15000 dossiers en attente (un retard de 2 ans) donc des étrangers livrés à eux-mêmes avec interdiction de travailler… Certainement des ragots de bistrot ou de taverne… 

 

(1) le colonel d’alors (Omer peut-être), plein d’humour, avait proposé à l’auteur des photos de réhabiliter les lieux pour y loger gratuitement…  

(2) voir page 10, note 11 https://www.academia.edu/1085261/La_politique_africaine_de_Val%C3%A9ry_Giscard_dEstaing_contraintes_historiques_et_espaces_%C3%A9conomiques

 

En annexe : le détail des doléances. 

Les élus de Mayotte demandent au Gouvernement :

 d’affecter 500 postes de policiers et gendarmes à répartir entre les unités présentes dans l’île ;

 de mettre en place le « groupe de contact » avec la population au niveau du commandement de la gendarmerie nationale ;

 de créer deux brigades de gendarmerie, une à DEMBENI et une à KOUNGOU ;

 de créer une compagnie républicaine de sécurité sur le secteur de MAMOUDZOU ;

 d’assurer l’effectivité des sanctions judiciaires afin de mettre un terme au climat d’impunité qui incite à la récidive, encourage les actes de délinquance juvénile et aggrave la criminalité sur le territoire ;

 De déclarer le statut du CHM comme étant une zone internationale et permettre aux enfants qui y seront de prendre la nationalité de leurs parents et désengorger l’établissement par la réduction des naissances.

 D’étendre la circulaire TAUBIRA de 2013 et permettre de répartir les mineurs non accompagnés sur tout le territoire national

 Admettre l’admission de Mayotte dans la commission de l’océan indien pour une meilleure coopération régionale.

 d’assimiler les victimes de certaines infractions (coupeurs de routes, infractions dans les transports scolaires et dans les établissements scolaires) à celles des actes de terrorisme tels que définis par l’article 421-1 du Code Pénal ;

 Créer un fonds spécial à Mayotte pour indemniser les transporteurs scolaires victimes de bris de glace suite à des actes de vandalisme dans l’exercice de leur fonction ou contraindre les assureurs à continuer à assurer les transporteurs victimes desdits actes dans le cadre de leur activité de transports scolaires ;

Concernant la lutte contre l’immigration clandestine, il convient :

 de positionner rapidement des moyens nautiques sur MTZAMBORO et d’instruire les premières demandes de titre de séjour directement à l’ambassade de France à Moroni et au consulat de France à Anjouan afin de désengorger les services de la Préfecture à MAYOTTE ;

 d’autoriser la circulation sur tout le territoire nationale des personnes titulaires d’un titre de séjour délivré à Mayotte sans l’exigence d’un visa quelconque.

Fait à Mamoudzou, le lundi 27 février 2018

 

P. S. : Motion proposée ce jour à la signature des conseillers départementaux et maires de Mayotte
Ampliation :
Monsieur Emmanuel MACRON, Président de la République
Monsieur Edouard PHILIPPE, Premier ministre
Monsieur Gérard COLLOMB, Ministre de l’Intérieur
Monsieur Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Education nationale
Mme Annick GIRARDIN, Ministre des Outre mer
Mme Agnès BUZIN, ministre de la santé et des solidarités
Copie :
Monsieur Frédéric VEAU, Préfet de Mayotte


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