Mélenchon and Co : le rendez-vous avec les Législatives de 2017 à ne pas manquer ?

par Serge ULESKI
jeudi 9 juin 2016

 Dimanche 5 juin 2016 était organisé à Paris un défilé de la France insoumise qui s'est terminé par une prise de parole de Jean-Luc Mélenchon.

 

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  On jugera Mélenchon sur sa capacité à parler à tous ceux qui, à gauche, ne veulent plus du PS - élus et électeurs confondus -, ainsi qu’aux gaullistes et à l'extrême gauche, en passant par les Verts, les dissidents du PS, les communistes et le premier parti de France : les abstentionnistes des classes populaires ; en particulier, celles issues de l’immigration et de la colonisation.

Un Jean-Luc Mélenchon qui aura mis trente ans à réaliser qu'il est "de gauche" et le PS "de droite" ; depuis, Jean-Luc Mélenchon vit sa vie d'homme de gauche, tentant d'animer le débat... ou bien plutôt, s'animant ici et là...

Mais au fait : que sait, qu'a compris Jean-Luc Mélenchon des classes populaires, de tous ceux et celles qui votent FN, de ceux et celles qui ne votent plus ? Que sait-il des "quartiers" ?

Député européen, force est de constater qu'aujourd'hui Mélenchon se situe le plus loin qui soit de ceux sans lesquels une gauche digne de ce nom ne peut espérer imposer un nouvel ordre politique et économique dans une Europe-instrument d'une mondialisation qui n'est qu'une guerre faite aux Etats-nations, à l'Etat- providence, aux droits des salariés, à la démocratie et la liberté d'expression.

 

  Mélenchon ici, Mélenchon là, avec les médias, manifestement il prend du plaisir ; ne ferait-il pas mieux de s'adresser aux électeurs et plus important encore à ceux qui veulent créer une force qui fera que jamais plus un président dit de gauche ne nommera un gouvernement de droite... une force capable donc de tenir en laisse cette fausse gauche qu'est le PS, aujourd’hui quasiment décomplexé...

Car, accepter les invitations des médias à répondre aux questions de leurs "journalistes" est vain et sans doute contre-productif... d'autant plus qu'on ne convainc personne. Jamais !

Aussi, ce qu’il faut aujourd’hui, c’est questionner la question, puis celui qui la pose (1) et celui qui paie celui qui l’a posée. C’est sans doute le seul service à rendre à ceux qui, à l’heure d’internet, ont encore la naïveté d’attendre quoi que ce soit de la télévision en générale et de ce type d’émission en particulier.

C'est là que l'efficacité est au plus haut ; là où chacun demeure libre de tirer les conclusions qui s'imposent ; maïeutique d'ordres politique et social au sens le plus riche, le plus complet et le plus authentique du terme, l'esprit accouchant alors d'un questionnement salutaire : que nous est-il fait, par qui, comment, pour-quoi et pour le compte de qui ?

 

1 - Des journalistes ultra-libéraux en économie dont les salaires sont pourtant subventionnés à hauteur de millions d'euros par le contribuable : près de 230 millions d'aides d'Etat répartis sur 200 titres de presse ont été versés en 2014. De quoi leur clouer le bec à tous en les mettant face à leurs contradictions.

 

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  Mondialisation oblige ! Notons le fait que toutes les lois antisociales et les traités qui remettent en cause la souveraineté des peuples nous sont imposés soit au détriment d'un vote de l'Assemblée nationale (le 49.3) soit en dépit d'une consultation de l'électorat par référendum. 

A chaque fois, on sort du cadre démocratique.

Le Mardi 10 mai, Jean-Luc Mélenchon a fort justement dénoncé l’utilisation du 49.3 par le gouvernement pour faire passer en force la loi El Khomri. Au moment de son retour à l’Assemblée après un passage chez les sénateurs qui, en majorité, s'oppose à son détricotage - un projet de loi vidé de son contenu à force de compromis… ces sénateurs comptent revenir à sa version originelle -, Mélenchon a appelé les députés PS à prendre leurs responsabilités en votant la motion de censure contre le gouvernement, d’où qu’elle vienne…

Seulement, il y a fort à parier que les frondeurs du PS en particulier - et les Verts aussi, trop souvent dépendants du PS aux élections nationales - refusent de remettre leur mandat de député en jeu en mai 2017 sans le soutien (l'investiture) du PS ; un PS qui ne manquera pas d'exiger de ces frondeurs qu'ils quittent le parti en cas de vote au côté de la droite ; sans doute n'ont-ils pas encore compris ceci : frondeurs PS ou pas, tous sombreront en 2017 avec ce parti car tous peuvent compter sur un électorat de gauche rassemblé autour des représentants d’une gauche alternative à la Présidentielle de 2017 et aux Législatives qui s'en suivront : un électorat qui ne vote plus PS depuis trois ans déjà.

Faut-il rappeler que la priorité reste la reconstruction de la gauche sans le PS ? Même s’il n’est pas sûr que tout le monde ait compris qu’il doit s’agir d’une gauche d’une République refondée (ICI), accueillante aux républicains des deux rives (gaullistes). Le refus de Mélenchon adressé à Jean-Pierre Chevènement qui défend un tel projet augure mal pour la suite des événements à propos de cette gauche à reconstruire un peu sur le modèle du CNR : « Conseil National de la Résistance ».

 Jean-Luc Mélenchon (ICI) a donc répondu "niet !" à Jean-Pierre Chevènement ; à la place, il propose une "conférence internationale pour le plan B"... avec qui ? Devinez !

Avec la Grèce (Tsipras ? Syriza ? Les dissidents de Syriza ? Varoufakis ?) et Podemos en Espagne ; un Podemos en chute libre dans les sondages !

Alors, c'est sûr, tout ce beau petit monde va peser lourd, très lourd sur la scène internationale ! Et Mélenchon aussi.

 

 

2 - Le Conseil National de la Résistance était l'organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure française, de la presse, des syndicats et des membres de partis politiques hostiles au gouvernement de Vichy à partir de mi-1943 et qui conduira à un vaste programme de rénovation sociale à la Libération : retraite, sécurité sociale, nationalisation, indépendance de la presse... 

 

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  Pour changer la donne et faire bouger les lignes, il faut tout miser sur le poids à la fois symbolique et réel de la France. C'est donc bel et bien d'une alliance patriotique et européenne qu'il s'agit ; une alliance libérée de l'axe américano-israélo-qatari-saoudien ; une alliance proche de la Chine, de l'Inde, de la Russie ; une alliance fraternelle (et respectueuse) avec l'Afrique et l'Amérique du Sud, tout en soutenant sans faille la cause palestinienne - et s'en donner réellement les moyens ! - et tout en reconnaissant à l'Iran un rôle majeur à un niveau régional et international ; sans oublier un retrait total de nos troupes et de nos agents de la Libye à l'Afghanistan, de l’Irak à la Syrie dans une région plongée dans un chaos géopolitique savamment organisé par l’axe précédemment cité. Car, en ce qui concerne cette région, c'est l'après chaos qu'il nous faut préparer : et la meilleure façon de le faire, c'est, pour l'heure, de s'en tenir éloignés.

Aussi, que ceux qui ont mis le feu l'éteignent !

Mélenchon a-t-il compris que le mondialisme, notre ennemi mortel (et non la mondialisation qui relève de la technique et de la science) - le mondialisme donc, cette guerre contre l'Etat nation, l'Etat providence, les salaires, le droit du travail, la liberté d'information et d'expression - n'est ni de droite ni de gauche mais ailleurs : là où triomphe la maximisation du retour sur investissement du capital humain ; un être humain comme moyen et non comme fin.

 Nul doute : ce mondialisme-là nécessite une autre lecture de la scène politique française ; une lecture stratégique et tacticienne.

 


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