Merah, poseur de bombes au Pakistan, en liberté en France
par morice
jeudi 22 mars 2012
Incroyable situation, et incroyables mensonges à répétitions depuis hier. Avant de tenter de se faire réélire, G.W.Bush avait envoyé en première ligne son plus fidèle lieutenant, Dick Cheney qui s'était empressé de ressortir une menace terroriste "nucléaire", pour "septembre". La surprise de septembre, comme il avait pu l'appeler, avait consisté en une vidéo trafiquée jusqu'à la moëlle d'un Ben Laden à barbe teintée, qui aujourd'hui nous fait encore sourire, puisque ce serait la même que l'on aurait retrouvé au Pakistan, où était censé se cacher l'homme le plus recherché au monde. Aujourd'hui, voici que débarque la surprise (française) de mars : l'homme le plus recherché de France, cerné, découvert, pris au piège est aussi quelqu'un qui a connu le Pakistan, lui aussi, quel hasard. Comme l'Afghanistan, autre hasard. A vingt ans à peine, il avait déjà beaucoup voyagé, le petit délinquant de quartier toulousain. A un point assez étonnant, que je vous propose de découvrir maintenant. Un voyageur, qui, malgré ses arrestations par la police, dans un pays comme dans un autre, a toujours bénéficié d'une bien étrange mansuétude pour un djihadiste déclaré...
Une rumeur est apparue très vite, à propos de cette fameuse prison : le terroriste français toulousain, Mohammed Merah en aurait fait partie et se serait échappé parmi les 1200 envolés ce 13 juin 2008. "Selon l'agence Reuters, citée par le Monde, le directeur de la prison afghane de Kandahar, Ghulam Faruq, affirme que Mohammed Merah avait été condamné en décembre 2007 à une peine de trois ans de prison, pour avoir posé des bombes dans cette région du sud de l'Afghanistan". En fait, il y a manifestement confusion, introduite par une dépêche de Reuters, qui citait le directeur de la prison annoncer que le français aurait bien fait partie des prisonniers. Ce qu'aujourd'hui l'avocat français du jeune toulousain dément en révélant que ça lui aurait été impossible : "l'avocat français de Merah, Christian Etelin, a déclaré que son client avait été emprisonné en France de décembre 2007 à septembre 2009 après une condamnation pour vol avec violences. Il ne pouvait donc pas, selon lui, se trouver à la prison de Kandahar pendant ce laps de temps". On avait eu affaire manifestement à un cas d'homonymie.
La violence en effet fait partie de sa vie et de son parcours. Une violence extrême, jusqu'ici fortement minimisée par les autorités, dont le procureur, qui n'a pas fait allusion à ces violences pourtant patentes dans sa présentation de l'individu. Claude Guéant en personne parlant de quelqu'un de "calme" et de "posé", ce que le témoignage recueilli hier soir par Le Télégramme anénantit complètement. Il raconte : "la veille, le fils d'Aïcha, alors âgé de 15 ans, est apostrophé par Mohamed Merah. "Il est monté dans sa voiture. Il lui a fait écouter un CD de chants, en lui faisant croire que c'était le Coran." Les chants sont en fait des appels à partir au combat. "Il a conduit mon fils à son domicile, là où il est encore retranché. Dans son appartement, il y avait un immense Coran dans son salon et plusieurs grands sabres accrochés au mur. Il en a décroché un, puis lui a imposé de regarder des vidéos d'Al Qaïda." Les scènes sont "insoutenables". Des femmes exécutées d'une balle dans la tête, et des hommes égorgés." Ces images insoutenables nous les connaissons : ce sont celles que diffusait SOS Minbar le site de Malika el Aroud, la veuve de Dahmane Abd al-Sattar, alias. Abdessatar Dahmane l'auteur kamikaze de l'assassinat d'Ahmad Shah Massoud ; le célèbre lion du Panshir.
"Mon fils m'a appelé. On a finalement pu le récupérer. Il est resté enfermé là bas de 17h à minuit...". Aïcha porte plainte, ce qui provoque la colère de Mohamed Merah. "Il est venu devant chez nous. Il m'a menacée et frappée. Il disait que j'étais athée et que je devrais payer comme tous les Français. Il n'arrêtait pas de répéter qu'il était un moudjahidin et qu'il mourrait en martyr, qu'il effacerait de la Terre tous ceux qui tuaient des Musulmans... Il disait aussi que lui et ses amis viendraient prendre mon fils et qu'il ne me resterait plus que mes yeux pour pleurer". Le surlendemain, Mohamed Merah s'en serait pris à son fils : "Pourquoi t'as tout raconté à ta mère ?". "Il l'a frappé, reprend celle-ci, et ma fille est intervenue. Il l'a rouée de coups. Il y avait beaucoup de monde, mais personne n'a bougé". De ces scènes de violence (elle évoque aussi un flash-ball avec lequel il aurait menacé son neveu), Aïcha a "tout gardé" : "la robe de sa fille tâchée de sang et déchirée, le dépôt de plainte, les courriers de relance, des photos et les certificats médicaux..." Bref, notre djihadiste en herbe présenté partout comme "calme" n'était pas qu'un auteur de rodéos en Mégane...
En 2010, son voyage au Pakistan démontre que ces exploits dans les cellules des prisons françaises ne semblaient pas encore pesé à la frontière : "selon nos sources au Pakistan", précise Slate, Mohammed Merah (parfois orthographié Mohamed Merah), principal suspect dans les tueries de Toulouse et Montauban, est arrivé au Pakistan courant 2010 avec un visa en bonne et due forme. Il a été brièvement arrêté à Kandahar en novembre 2010 et le NDS (les services afghans) l'a interrogé et prévenu l'ambassade de France à Kaboul". Au Pakistan, à Peshawar, non loin d'où se cachait Ben Laden et où logeait tout le gratin d'Al-Qaida, plusieurs attentats à la bombe avait été perpétrés contre des... mosquées début novembre, provoquant la mort de près de 70 personnes et en blessant plus d'une centaine. "La mosquée a été réduite à un amas de béton, seul un des quatre murs étant encore debout, a témoigné un journaliste de l'AFP. Du sang et des morceaux de chair jonchaient encore les décombres plusieurs heures après l'attaque". Quatre grenades ont par ailleurs été lancées contre une mosquée de Suleman Khel, un village situé à une vingtaine de kilomètres, a déclaré un responsable de la police, Kalam Khan. Le bilan de cette deuxième attaque est d'au moins quatre morts et 21 blessés, a dit à l'AFP le docteur Asmat Ullah, chargé du service des urgences à l'hôpital de Peshawar où les blessés ont été admis." aurait-il figuré parmi cette deuxième vague de lanceur de grenades ?
Il y a deux ans, donc, en revanche, les services secrets français devaient être déjà au courant de ce qu'il vient faire au Pakistan, puisque les autorités du pays vont alerter les officiels français sur son comportement sur place, suite à ce qui semble avoir été une rixe (le comportement importé du jeune délinquant toulousain).... Une attitude en contradiction complète avec ce que Mohammed Merah tente de faire à son retour, ou un peu avant : il a essayé en effet de s'engager en France, dans la Légion Etrangère. De laquelle il se fait rejeter le jour-même pour une raison qu'il n'est pas difficile d'imaginer : un dossier le suivait, c'est évident. Celui de sa potentielle dangerosité, liée à une influence islamiste extrême difficile à accepter au sein de l'armée : la clé de la duplicité gouvernementale réside aussi dans de refus de l'intégrer dans l'armée : car ce sont les critères de refus qui seraient intéressants à étudier ! Selon de nouvelles informations, il aurait même tenté une deuxième fois de le faire. Et effacé le même rejet... sur dossier, obligatoirement ! Selon d'autres encore, avant même la Légion, il aurait même tenté l'armée française... en 2008, celle-là même qu'il a attaquée hier.
Et comme en France on semble bien ne pas trop évoquer l'épisode, trop gênant pour le pouvoir, il nous faut chercher en Angleterre, ou ce matin un reporter de SkyNews donnait des informations fort compromettantes pour le pouvoir français. Tout d'abord en citant qui a avait "raccompagné" le terroriste au sortir d'Afghanistan : "M. Molins a également dit aux journalistes que l'armée américaine a renvoyé le Français en France après l'avoir été arrêté en Afghanistan." Ensuite comment il s'était fait prendre là-bas : "La police afghane, apparemment arrêté l'homme à un poste de contrôle routier et l'ont remis à l'armée des États-Unis "qui l'ont mis dansle premier avion qui se dirigeait vers la France,"a-t-il ajouté. Ce qui donne un tout autre éclairage, qui n'est guère mieux pour Mr Guéant qu'un prisonnier échappé rentré par ses propres moyens, car dans ce cas on imagine mal les américains ne pas faire de remontrances sur ces voyages futurs au Pakistan et lui accoler un dossier plutôt chargé sur le dos ! Notre jeune toulousain serait repassé par la case Afghanistan, après le Pakistan, et serait revenu.... "gratuitement" (on imagine la note envoyée à l'ambassade française, plutôt !). Au total, quel que soit le cas de figure, revenu par lui-même ou renvoyé par avion spécial affrété par les USA, cela entâche sérieusement la version d'un Guéant en train de nous dire que ces services ont pris connaissance du phénomène depuis hier seulement, ou tout comme ! On imagine en aucun cas les américains, rois des scanners d'aéroports, qui bannissent toujours les fluides à bord laisser passer à n'importe quel douane semblable cas d'espèce de terroriste en puissance. Et encore moins de ne pas en avertir les français !
Aux Etats-Unis, qu'aime tant notre président, depuis lundi dernier, on aurait réclamé (au miniumum) la démission du ministre de l'intérieur.
(*) lire à ce sujet
1) http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
2) http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
extrait : "Or qu’apprend-t-on, justement, dix ans après ? Que l’un de ces ignobles agitateurs jouait à un autre jeu tout aussi malsain, celui de la traîtrise : "Abou Qotada Al Falestini, l’imam d’origine jordanienne qui est considéré comme le chef spirituel du GIA puis du GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) à Londres, a été durant 7 années une « taupe » des services secrets britanniques dans les milieux islamistes algériens en Grande-Bretagne. Celui qui a été à l’origine de la publication Al Ansar du GIA entre 1992 et 1995 et qui a permis de recruter des dizaines d’afghans algériens à Londres est depuis quelques jours impliqué dans une sombre histoire d’infiltration des groupes terroristes algériens. C’est le quotidien britannique The Guardian qui rapporte l’information selon laquelle Abou Qotada Al Falestini a travaillé pour les services du contre-espionnage britanniques du MI5 depuis 1996, soit trois années après sa venue à Londres en 1993, et avoir bénéficié de l’asile politique". Le "Londonistan, "surveillé" de près par les services secrets anglais ? Mais voilà qui nous ramène à notre épisode précédent ! Et à Mohammed Hamid et son groupe de poseurs de bombes déficientes du métro !"
3) http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
4) http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
5) http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
6) http://www.agoravox.fr/tribune-libr...
7) http://www.agoravox.fr/tribune-libr...