Merci à tous mes instituteurs et professeurs !

par Frederic Stephan
vendredi 25 janvier 2008

Merci à tous ces enseignants qui, par l’éducation qu’ils m’ont donnée, ont fait de moi une personne lettrée, mais aussi et surtout une personne capable d’analyse et de critique.

Ainsi, en ce jour où une grande partie de la population peste envers l’Education nationale, je tiens à rendre hommage à ce corps de métier si souvent critiqué. Certes, tous les enseignants que j’ai eus au cours de ma longue scolarité n’ont pas tous eu la même admiration à mes yeux. Mais n’en est-il pas de même pour toutes les personnes que nous croisons dans notre vie ? Nous apprécions certains, mais ne pouvons nous empêcher de critiquer les autres.

Ayant reçu, comme une majorité de Français depuis 1905, une éducation scolaire purement laïque, renforcée par une éducation parentale qui ne m’a aucunement obligé à croire ou pratiquer une quelconque religion, je suis devenu très critique envers toutes les religions. D’une part, parce que l’étude de notre Histoire est pleine de guerres de religions et, d’autre part, parce que les religions n’acceptent pas la critique même issue de leur sein.

C’est pourquoi dans un premier temps, je n’ai pas prêté attention au discours de notre cher président de la République prononcé au palais du Latran et à Riyad, considérant qu’il caressait simplement dans le sens du poil ses hôtes prestigieux par pure stratégie diplomatique. Cependant, agitation médiatique autour de ses événements aidant, j’en suis venu à lire ces deux allocutions et j’ai mieux compris pourquoi la laïcité se sentait bafouée.

« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance. » Extrait du discours de Nicolas Sarkozy au palais du Latran.

Je suis désolé de vous contredire, Monsieur le président, mais il n’y a pas besoin d’éducation « religieuse » auprès du pasteur ou du curé pour apprendre la différence entre le bien et le mal. Mais peut-être n’avons-nous pas la même définition du mot « religieux ».

Pour vous :

« Le fait spirituel, c’est la tendance naturelle de tous les hommes à rechercher une transcendance. Le fait religieux, c’est la réponse des religions à cette aspiration fondamentale. » Ainsi votre conseil à tout homme ayant des aspirations spirituelles est de chercher sa réponse au sein des religions. Vous évoquez d’ailleurs à juste titre que ces aspirations spirituelles sont bien souvent liées aux « questions fondamentales de l’être humain sur le sens de la vie et sur le mystère de la mort ».

Si les réponses des religions ont satisfait pendant des siècles des millions d’hommes et de femmes, je suis au regret de vous dire qu’elles ne peuvent plus satisfaire les Français nés après la Grande Guerre, notamment ceux qui ont reçu une éducation laïque, historique et scientifique. « Dieu en a voulu ainsi », n’est plus satisfaisant, non pas que nous ne croyons plus en quelque chose de supérieur à nous, mais parce que nous sommes conscients de toutes les atrocités perpétrées au fil des siècles au nom de Dieu. Je vous suis pour cela reconnaissant de l’avoir évoqué dans votre allocution prononcée à Riyad, mais il aurait été plus juste que vous l’évoquiez également dans celle au palais du Latran, car la religion catholique n’est pas sans reproches sur ce sujet-là.

Alors, à votre définition du mot « religieux », je préfère celle de Jiddu Krishnamurti, philosophe né en Inde et malheureusement trop méconnu en France.

« L’homme religieux est bien entendu celui qui est à la recherche de la vérité. »

« Un esprit religieux est totalement différent de celui qui croit en une religion. On ne peut pas être religieux et en même temps hindou, musulman, chrétien, bouddhiste. »

Monsieur le président, vous qui avez tant parlé d’une politique de civilisation dans votre discours de Riyad, je vous conseille la lecture de Se libérer du connu de J. Krishnamurti. On y apprend à mieux se connaître, à mieux comprendre l’origine de nos actions et ainsi à pouvoir devenir ce que l’on est et non plus à être ce que la société a fait de nous. Après une telle lecture, je suis sûr que vous deviendrez plus digne de sagesse.

En conclusion et pour en revenir au corps des enseignants, moi qui ai tant critiqué Jack Lang d’avoir voulu 80 % de bachelier, car la société économique n’a pas besoin d’autant de bachelier, j’ai enfin compris la nécessité d’enseigner à un maximum de jeunes hommes et de jeunes femmes la faculté d’apprendre à raisonner par eux-mêmes. Cette faculté de penser chez le plus grand nombre nous permettra d’espérer la mise en œuvre de réelles politiques de civilisation dans les générations à venir.

Sources :

Discours du palais du Latran

Discours de Riyad

En savoir plus sur Krishnamurti


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