Mes prévisions pour l’année 2222 !

par Florian Mazé
lundi 27 décembre 2021

La civilisation du futur sera aux antipodes de l’actuelle société techniciste post-moderne. Elle sera donc hypo-technologique, hypo-démographique et hypo-connectée. Ce processus adviendra sans aucun effort de la volonté humaine, inéluctablement, mécaniquement, par le seul épuisement des ressources matérielles et énergétiques.

 

I — Une civilisation hypo-technologique

Certes, l’hyper-technologie a encore quelques beaux jours devant elle. Les pulsions transhumanistes que nous connaissons dans nos sociétés s’assouviront tôt ou tard (je le regrette, bien entendu) ; elles iront jusqu’au bout. Mais elles constituent le chant du cygne de la technologie post-moderne. L’on fabriquera sans doute quelques humains cyber-augmentés et l’on accomplira peut-être deux ou trois sorties ridicules sur la planète Mars… avant que la baudruche ne se dégonfle définitivement.

Les innovations que nous vante l’oligarchie transhumaniste sont l’ultime toquade, la dernière manie des piqués du progrès. Tout cela nécessite énormément de matière et d’énergie. Mais ni la matière ni l’énergie ne sont pas inépuisables. Lorsqu’on attendra les pics de production du pétrole, du gaz, de l’uranium, mais aussi du fer, du cuivre, du charbon, et pourquoi pas même de l’eau potable, et des sources d’alimentation, et c’est imminent, on assistera au Grand Effondrement du transhumanisme mondial.

On obtiendra donc, au mieux, le scénario optimiste de mes romans : une atmosphère 1830-1930, avec des technologies plutôt proches de celles du XVIIIe siècle, sans pétrole, ni charbon, ni électricité, ni eau courante ou de façon très marginale. Au pire, ce sera une nouvelle Préhistoire sur des montagnes de déchets. Cela ne signifie pas que les gens seront plus malheureux ou moins malheureux qu’aujourd’hui. Ils seront heureux ou malheureux différemment.

 

II — Une civilisation hypo-démographique

La raréfaction ou la disparition des ressources matérielles et énergétiques auxquelles nous sommes aujourd’hui habitués engendrera beaucoup de heurts ; la pénurie a toujours un coût humain.

Le monde actuel ne tient que par l’hyper-technologie. Notre monde, pourtant ultra-violent, est en réalité très peu violent. Les pouvoirs établis maintiennent la paix sociale à coups de téléphones portables, d’émissions stupides, de grands divertissements hystériques, de malbouffe surabondante et de « drogues » en tout genre, au sens propre comme au sens figuré.

La transition entre ce monde et le nouveau monde passera par des phases de chaos : guerres mondiales, guerres civiles, politiques mafieuses ou impuissantes, ce qui revient au même, famines, pandémies, catastrophes écologiques, extinction ou éviction de populations qui vivaient dans des espaces devenus inhabitables, etc. C’est d’ailleurs sur ce seul aspect que l’action humaine aura encore un petit impact. Les régimes autoritaires, sécuritaires, voire totalitaires, seront les seuls, paradoxalement, à pouvoir protéger un tant soit peu leur peuple. En dehors, ce sera le chaos, l’anarchie généralisée.

Du reste, lorsque je parle d’anarchie ou de totalitarisme, dégagez-vous des impressions laissées par les films-catastrophes aux scénarios hyper-technicistes ! Nous aurons des régimes totalitaires ou des formes d’anarchie de type néo-ancien : ce ne sera pas du « cyber-punk » !

Dans un tel contexte, la population humaine diminuera considérablement. Peut-être passera-t-elle en dessous du milliard d’individus. Cela ne veut pas dire que les gens n’aimeront pas leurs enfants ou n’aimeront pas faire des enfants, bien au contraire. Mais il mourra beaucoup d’enfants, même après la Grande Stabilisation du monde, comme il mourra beaucoup d’adultes.

En revanche, il est très probable que nous ayons des peuples long-vivants à la Raymond Ruyer, c’est-à-dire des gens peu nombreux, mais ayant le souci du temps, plus que de l’espace.

Cette humanité peu nombreuse, à l’espérance de vie faible, à la forte mortalité infantile (on a connu cela jusqu’au XXe siècle), mais en définitive nataliste, dynamique, pragmatique, aura à cœur de se soucier de l’avenir, du temps, notamment de l’avenir des enfants : un soin « jardinier » du temps (ce dont la bourgeoisie gauchiste, écolo-mondialiste et transhumaniste actuelle, ivre d’immédiateté, se fout éperdument, préférant sillonner l’espace en avion, tout en interdisant à l’ouvrier de rouler dans sa vieille guimbarde à diesel).

 

III — Une civilisation hypo-connectée

Peu de penseurs, aujourd’hui, envisagent la prochaine disparition de l’informatique et d’internet, de manière totale ou partielle. La plupart de nos universitaires bourgeois, gauchistes ou libéraux, envisagent les connexions actuelles comme un stade définitif de l’humanité. Ils oublient un peu vite qu’on ne pourra pas produire à l’infini ces merveilleuses machines qui engendrent d’ailleurs, malgré de timides recyclages, des montagnes de déchets, au final, inutilisables.

Nos profs, nos penseurs, nos savants, nos activistes même me font penser à ces braves religieux du Moyen Âge qui croyaient, en toute naïveté, que leurs talents de moines-copistes allaient survivre à l’invention de l’imprimerie ! Sauf qu’aujourd’hui, nous sommes dans la même situation, mais en mode inversé. C’est l’imprimerie numérique, et le numérique tout entier qui ne survivront pas à la Grande Simplification.

Ainsi, on peut subodorer qu’en l’an 2222, les penseurs n’imprimeront plus que sur des machines proches de celles des Lumières, ou encore ils n’écriront plus qu’à la main, ou même : ils donneront congé à la civilisation de l’écriture pour adopter de nouvelles cultures de l’oralité pure, ou l’on se récitera des poèmes scientifiques de père en fils, un peu comme dans la vieille culture druidique gauloise, avant que Jules César n’impose le marbre et le latin de la République romaine.

 

Conclusion : à l’horizon 2222…

N’oubliez jamais que la santé, le bonheur, l’amour, la beauté, la jeunesse, la joie de vivre, le bon sens, le pragmatisme, la force physique, l’intelligence… toutes ces belles choses existaient avant l’hyper-technologie et existeront encore après.

Ainsi, chers Lecteurs, mes héros et moi-même nous vous souhaitons par-delà les siècles une bonne, joyeuse et dynamique année 2222 !

 

Vidéo de Florian Mazé sur le « lowtechpunk »

https://youtu.be/4Kdk9XeNSW0

 

 

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