Mes sept vérités sur le FN : réponse à l’intox

par Rousquille
jeudi 15 décembre 2011

Comme suite de l'incident lamentable de Paris-Dauphine, et des nombreux brûlots marinophobes qui ont été publiés sur Agoravox, dictés plus par les fantasmes et les préjugés que par la volonté de comprendre et d'éclairer, une mise au point s'impose, qui n'est pas celle d'un militant béat et qui revendique hautement le droit de réponse. "Parti d'extrême droite", "Marine fille à papa", "parti de la haine", etc., qu'y a-t-il de vrai dans tout cela ?

Il n’est pas responsable de la crise !

Paradoxe : la maison brûle, mais ce n’est pas la faute des incendiaires ; si la France va mal, ce n’est pas la faute des partis de gouvernement. De ce gâchis, qui est responsable ? À voir les boutefeux se pavaner en conservant leur triple A auprès de l’opinion, à voir comment la main invisible des institutions supranationales et des marchés s’empare chaque jour davantage des leviers de commande, à entendre les autorités les plus diverses jeter le manteau de Rousseau sur les criminels les plus odieux, on peut douter que la question ait encore un sens. Serait-ce que, comme dans le mythe du cyclope éborgné de l’Odyssée, « Personne » est responsable ?

Quoi qu’on en dise, le Front national, qui a crié, avant et contre les autres, avant et contre les experts du Système, « Attention, notre maison brûle ! », ne profite pas du tout du bilan catastrophique de ses adversaires — ni de ses prédictions avérées (voir la vidéo sur Youtube de Jean-Marie Le Pen annonçant la crise financière de 2008). Au contraire, bien que totalement blanc dans le désastre actuel, il reste le souffre-douleur des médias, le lépreux autour duquel les partis du Système se hâtent de former leur cordon sanitaire à chaque élection, le prétexte de toutes les indignations vertueuses à petit prix (mais à haut rapport de respectabilité).

Il n'a rien fait, il n'est entaché par aucun sang contaminé ou autre affaire sordide, mais c'est sur lui que l'on frappe.

On invoquera le « détail de l’Histoire ». Ah, ce fameux « détail », le petit mot qui pèse infiniment plus lourd dans la balance des débats que les voitures incendiées, les Agnès et les Océane assassinées, les travailleurs licenciés, les usines fermées, la souveraineté bradée, les finances publiques pillées ! Folie ? Comprenons-le : si tous ces désastres n’ont qu’un seul but, celui de nous conduire à plus d’Europe, à une Europe enfin investie de tous les pouvoirs, à l’avènement d’un IVe Reich technocratique et marchand, l’erreur change de signe et devient le moyen qu’une noble fin justifie. Avoir pour soi, mit uns, rien de moins que le sens de l’Histoire, cela vous exonère ; n’avoir que le « détail », cela vous condamne.


2 Il n’est pas un parti d’extrême droite !

Il a beau avoir prévu d’instaurer la proportionnelle à toutes les élections et d’avoir recours à la démocratie directe en élargissant considérablement les conditions du moignon de référendum d’initiative populaire de Sarkozy ; il a beau avoir été le seul, quasiment, à condamner toutes les aventures militaires récentes de la France à l’étranger, y compris les interventions néo-colonialistes en Côte d’Ivoire et en Libye ; il a beau avoir fait élire très tôt des personnes d’origine maghrébine et de religion musulmane (Soraya Djebbour), on continue d’associer mécaniquement le Front à une idéologie qui prône la supériorité d’une race, la dictature d’un seul homme et la guerre de conquête au nom d’un passé idéalisé. Serait-ce parce qu’il estime qu’un Français a plus de droits qu’un étranger en séjour illégal ? Il faut le croire...

En attendant, la vérité est que, depuis Marine, le Front n’entre plus tout à fait dans les cloisonnements gauche-droite du pigeonnier politique français. Et cela dérange. Une présidente qui s’affirme patriote mais qui n’entend pas, en bonne catholique, décréter l’interdiction de l’avortement, cela dérange ; une femme réputée très à droite qui ressemble plus à Hugo Chavez qu’à Margaret Thatcher par son plaidoyer pour un Etat fort et dirigiste, cela dérange ; une populiste qui cartonne chez les jeunes, les ouvriers et certaines populations immigrées en portant des idées qui devraient figurer en bonne place dans tout vrai programme de gauche (mais qui n’y figurent pas !), cela dérange. 


3 Il n’est pas une entreprise familiale !

Marine Le Pen n’a pas été adoubée par son père, mais élue par les adhérents du parti avec un peu plus de 65 pour cent des voix (face à Bruno Gollnisch) ; 65 pour cent des voix non d’un directoire ou d’une petite curie bretonne, mais de l’ensemble des adhérents ; 65 pour cent, un chiffre très éloigné des plébiscites à la Nicolae Ceausescu ou à la Omar Bongo, avouez-le. Et pas de fraudes scandaleuses comme celles qui ont entaché l’élection de Martine Aubry (fille de Jacques Delors, grande éminence de l’Europe et du parti socialiste) à la tête du PS. Et pourtant, à chaque débat, l’accusation de népotisme revient sur le tapis ! Marine, crie-t-on, est une « héritière », une fille à papa ! Piquante accusation de la part de gens qui appellent ouvertement la France à se mettre à l’heure américaine en s’enfermant dans un système bipartite, ce qui équivaut à réintroduire le principe dynastique dans le gouvernement, désormais incarné par deux familles politiques qui se passent le sceptre à chaque échéance électorale et ce, pour la suite des éons.

Sur un plan plus profond et inavouable, ce que l’on reproche à Marine en la traitant d’héritière, c’est de ne pas avoir sacrifié son père sur l’autel de la dédiabolisation du FN. Le meurtre du Père, cela paie à notre époque. À ce propos, je ne résiste pas au plaisir de citer Balzac qui disait : « En coupant la tête à Louis XVI, la Révolution a coupé la tête à tous les pères de famille. Il n’y a plus de famille aujourd’hui, il n’y a plus que des individus. » Marine est restée loyale à son père, cela s’appelle un crime de lèse-modernité. 


4 Il n’est pas dans le Système !

Contrairement aux partis fondés en leur temps par Charles Pasqua ou Philippe de Villiers ou à la prétendue « droite populaire » de Thierry Mariani et consorts aujourd’hui, le Front n’est pas un sous-marin cynique du Système. Selon des groupuscules de droite manifestement envieux de sa popularité, Jean-Marie et Marine Le Pen, choisis l’un et l’autre pour leurs mines patibulaires et leurs personnalités lucifériennes, joueraient (contre quelles récompenses ?) à défendre les idées du camp patriotique. En réalité, leur but inavoué serait de les couler en les saupoudrant de déclarations fascistes et antisémites insupportables et en les associant, non seulement à leurs personnes sulfureuses, mais aussi à des idées repoussantes comme le rétablissement de la peine de mort (matière soumise à référendum selon le programme de Marine, différence !) ou l’arrêt de l’immigration sauvage, mesures fleurant manifestement le nazisme !

Il me semble que cette thèse prête à Jean-Marie Le Pen, entré en politique dès 1956, un héroïsme dans la malveillance et le cynisme qui dépasse les forces humaines. Tenir tête pendant plus d’un demi-siècle aux agressions physiques et verbales, aux coups tordus (y compris un attentat à la bombe en 1976), aux campagnes de diffamation, aux procès en sorcellerie, aux arnaques financières, au harcèlement des médias et du fisc, tout cela pour défendre des idées auxquelles on ne croit pas et sans la moindre contrepartie en termes de fortune, de pouvoir ou d’ego, voilà qui me paraît tenir du miracle ! Feindre le temps d’une élection, cela est faisable et plausible : d’autres l’ont fait et le font encore pour empêcher le FN d’engranger ses voix, mais un demi-siècle ?

Ce prétendu complot lepéniste me semble bien moins « tenir la route » que le complot UMP-PS pour se passer le pouvoir et mener la même politique tout en feignant d’être opposés ; le complot de ces mêmes partis pour empêcher le FN d’avoir part au gouvernement ; et, enfin, le complot des groupuscules de droite dont la seule raison d’être est de siphonner les voix du FN le temps d’une élection.

J’ajouterais une chose : si elle n’arrive pas à percer aux élections depuis des décennies, que la droite patriotique s’en prenne donc, non à la personnalité ou aux infractions verbales de Jean-Marie Le Pen, mais au mode de scrutin antidémocratique qui ne laisse aucune chance aux petits partis, et surtout au conditionnement général de la population par l’action conjuguée des médias aux ordres et d’une Éducation nationale noyautée au moins depuis mai 1968 par les idéologies de gauche ! C’est ce lavage de cerveau par l’idéologie de l’anti-France qui explique que malgré les turpitudes du ploutosexocrate « socialiste » DSK, une baudruche nommée François Hollande puisse s’adjuger tranquillement plus de 30 pour cent d’intentions de vote avec des slogans idiots et totalement coupés de la réalité comme « vive la jeunesse du monde » tandis qu’un programme lucide et intelligent rapporte moins de 20 pour cent d’opinions favorables à une Marine Le Pen sincère jusqu’au bout des ongles et suant sang et eau pour convaincre — et ne parlons pas des résultats subatomiques d’un Asselineau, d’un Nicolas Stoquer, d’un Carl Lang ou d’un Dupont-Aignan. 


5 Il ne « surfe » pas sur les peurs des Français !

Pas plus qu’un médecin ne « surfe » sur les maladies de ses patients, le FN ne « surfe » sur les peurs des Français. Cet argument revient souvent dans la bouche de ceux qui voudraient cantonner le discours politique aux sujets à la mode et n’acceptent qu’un débat planant sur les nuages moelleux de la bien-pensance. Parlons du mariage homosexuel plutôt que du reclassement des ouvriers du Nord ! À entendre ces beaux esprits qui puisent leur assurance dans des ventres bien repus et des situations bien calfeutrées contre les aléas de la conjoncture, il n’y aurait moins une crise qu’une explosion de peurs infantiles allumées et entretenues par des partis populistes comme le FN.

La vérité, c’est qu’il y a bel et bien une crise grave qui touche de plus en plus de Français, à défaut de toucher des Minc, des Duhamel ou des BHL, et que le FN est quasiment le seul à l’avoir prévue et diagnostiquée longtemps à l’avance grâce à son bon sens, ou à son manque d’œillères idéologiques si vous préférez. C’est là son seul mérite jusqu’à présent — et aussi, peut-être, la cause ultime et inavouable de tous ses échecs, tant il est vrai que la majorité des électeurs, la majorité de « cons » chère à Georges Frêche, préfèrent les candidats rassurants qui lui vendent du rêve comme François Hollande aux éternels Cassandre qui menacent de provoquer des bouleversements et demandent des sursauts d’énergie que l’on n’a plus que pour fuir dans la routine ou le plaisir.

6 Il ne dresse pas les Français les uns contre les autres !

Le Front n’attise pas les haines interethniques pour la simple raison qu’il ne regarde la couleur de peau ou la religion de personne : le Front de Marine Le Pen ne connaît que des Français (et des non-Français, aux droits naturellement moindres). Les boutefeux sont ceux qui, sur la base de distinctions raciales et religieuses venant se substituer à la seule citoyenneté française, encouragent le communautarisme et la discrimination positive tout en ouvrant les portes à une immigration massive qui ne peut déboucher que sur une aggravation des tensions sociales en ce temps de crise. Le Front veut, lui, rétablir la paix civile grâce au respect de l’égalité républicaine et à l’intégration de tous dans une identité française restaurée par le rejet de la repentance, de la sujétion aux modèles étrangers, de l’immigration sauvage, et par le rétablissement de la souveraineté nationale, condition indispensable pour être à la fois soi et libre.


7 Il possède un vrai programme de gouvernement !

Le Front est résolu à exercer le pouvoir, avec et pour le peuple français. Contrairement à ce que beaucoup affirment (les mêmes qui ne reculent devant rien pour m’empêcher d’arriver au pouvoir !), le Front n’est pas qu’un « parti de protestation » qui craint l’épreuve du gouvernement. Le Front possède un programme de gouvernement bien étoffé dans tous les domaines et se mobilise pour arriver aux postes de responsabilité.

Ses propositions, dans l’attente de la présentation de la loi de finances, n’ont certes pas encore été chiffrées, mais ses solutions en matière économique sont déjà sur la table : arrêt de l’immigration de peuplement ou de travail, aide massive aux PME, réindustrialisation, protectionnisme intelligent, renégociation des traités européens, protection des services publics et des travailleurs français, reprise de l’autonomie monétaire par l’abolition de la loi scélérate de 1973 sur l’interdiction d’emprunter auprès de la banque de France, sortie de l’euro et dévaluation compétitive du franc. Rien qui ne puisse plaire à madame Parisot et à ses compères du Siècle, cela va sans dire.

 

Quelles que soient mon admiration pour la personne de Marine Le Pen et mon adhésion à son projet, je ne nourris cependant aucune illusion sur ses chances de réussir en 2012. Il n’est pas sûr qu’elle arrive à franchir le barrage du scandaleux suffrage censitaire non secret que constituent les parrainages de maires ; il est presque certain que la masse des « cons » ne votera pas pour un vrai changement. Quand bien même cela se produirait, il n’est pas sûr que les machines à voter ne soient pas truquées et que la remontée des résultats du scrutin se fasse sans tripotages. J’ai parlé plus haut de la haine active dont est victime le FN. Ce que l’on retiendra de cette persécution, c’est moins la constance d’un Jean-Marie Le Pen qu’une leçon sur la véritable nature du Système, qui n’est rien de moins qu’une religion.

L’erreur persistante de Marine et de son père, ainsi que de tous les politiques qui luttent sincèrement pour la persistance des patries charnelles plutôt que pour leur destruction au profit d’un système planétaire, est de croire qu’ils participent à un débat politique au sein d’une démocratie organisée selon les principes de la raison quand la vérité est qu’ils ont affaire à un culte qui ne dit pas son nom mais dont l’obscurantisme et le fanatisme n’ont rien à envier à ceux du christianisme d’hier. D’où le caractère inquisitorial et hystérique de l’opposition à toute vraie opposition. Croire que l’église du cosmopolitisme mercantile permettrait à ses adversaires de la renverser par la voie des institutions qu’elle domine, c’est vivre dans l’illusion : une courageuse illusion, une belle illusion, mais une illusion quand même. Il suffit de voir comment les dirigeants actuels agissent à l’étranger, leur barbarie à l’égard des Vietnamiens, des Afghans, des Serbes, des Somaliens, des Libyens, pour comprendre que le respect du droit et de la vie humaine ne signifient rien pour eux et qu’ils sont prêts à tout pour arriver à leurs fins.

Ce n’est pas à dire que Marine ait définitivement manqué son rendez-vous avec l’Histoire. Quoi que les maîtres d’aujourd’hui pensent du sens de celle-ci, l’imprévisible reste possible. Une catastrophe énorme qui neutraliserait l’oligarchie et ses relais, accompagnée d’un réveil populaire, pourrait porter au pouvoir ceux qui se sont oppposés au Système et qui sauront émerger du chaos. Parmi ceux-ci pourrait figurer une Marine Le Pen. Je lui souhaite en tout cas d’être un jour cette figure providentielle pour la France, et, à travers elle, pour l’Occident tout entier. 



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