Metformine, un vieux médoc pour de nouvelles idées : cancer, longévité, cerveau + video

par mccartney
samedi 14 juillet 2012

Activer la production naturelle de nouveaux neurones à partir des cellules souches endogènes de l'hippocampe (structure centrale du cerveau jouant un rôle important dans la mémoire à long terme, la neurogenèse et les capacités spatiales), voilà qui pourrait s'avérer très facile à mettre en oeuvre et sans aucun danger, grâce à la Metformine (1, 2) - en France, Glucophage®, médicament antidiabétique oral le plus prescrit mondialement (depuis 60 ans). Depuis peu, des travaux de recherche toujours en cours de l'Université de Toronto ont pu mettre à jour le potentiel neuronal de cette molécule connue depuis 1922 et classiquement utilisée comme palliatif oral au diabète de type II (80% des types de diabètes, pour l'essentiel induits par de mauvaises habitudes alimentaires). Par ailleurs, il se trouve assez heureusement que cette molécule est également parmi les moins chères sur le marché, notamment grâce à l'expiration des brevets la concernant.
 
L'étude (3, 4), publiée le 6 juillet 2012 dans Stem Cell (Cell Press), montre que la Metformine promeut la neurogenèse de manière "naturelle". En effet, elle active la voie de signalisation de l'aPKC (atypique Protéine Kinase C) dans le cytoplasme des cellules souches pluripotentes (et endogènes) de l'hippocampe, ce qui conduit à l'activation de la protéine CBP par phosphorylation sur son site pS-456 (acide aminé sérine n° 456). La CBP vient alors se fixer sur le promoteur de différents gènes, ce qui dans notre cas induit la différenciation de la cellule pluripotente en cellule neuronale. Ce mécanisme est d'ailleurs également à l'oeuvre dans le foie via le même système d'activation (de l'aPKC) par la Metformine, et promeut la naissance de cellules hépatiques (ou hépatogenèse, contribuant à une très relative régénération de l'organe).
 
Le docteur Freda D. Miller (vidéo) et son équipe ont pu comparer la quantité de nouveaux neurones dans l'hippocampe de souris bénéficiant de la Metformine (doses mimétique des traitements standards chez l'Homme) à celles qui n'en ingéraient pas. Leur comportement relatif à l'apprentissage et la mémoire spatiale a aussi été observé. Les résultats (5, voir aussi la vidéo) indiquent clairement une augmentation de la neurogenèse ainsi que des capacités cognitives liées à l'hippocampe (mémoire et système de compréhension de l'espace).
 
Nous avions relevé récemment le potentiel préventif de la Metformine en première instance de certaines neurodégénerescences telle que la maladie de Parkinson (6, 7, 8). Plus tôt, en novembre 2010, des chercheurs du Deutsches Zentrum für Neurodegenerative Erkrankungen e.V. (DZNE) et du Max-Planck-Institute for Molecular Genetics (Allemagne) avaient découvert (9) que la Metformine pouvait jouer un rôle préventif ou palliatif de la maladie d'Alzheimer, via l'augmentation de l'activité de la protéine PP2A (down-régulée à cause de cette démence), permettant notamment une meilleure suppression des groupes Phosphate de la protéine Tau, limitant ainsi son dépôt néfaste et la formation de plaques. Les scientifiques soupçonnaient déjà (10) les capacités "super-"cognitives du médicament antidiabétique.
 
Peu chère, particulière sûre, avec des effets secondaires référencés depuis des dizaines d'années et des millions de consommateurs de la Metformine, elle accède désormais au statut de "nootrope". On pourrait même parler de "molécule multi-bénéfices", tant ses possibilités thérapeutiques sont vastes (11) : syndrome de Stein-Leventhal, risques cardio-vasculaires, risques de mortalité toutes pathologies confondues, diabète de type II et pré-diabète, stéatose hépatique non liée à l'alcool, prévention des cancers du pancréas, du côlon, des poumons (même chez les fumeurs), du sein et de la prostate, ainsi qu'un effet antitumoral global. Une cohorte de potentialités, qui pourrait aussi être liée à sa capacité de mimétisme de la restriction calorique (avec effet pro-longévité) (12, 13, 14), connue pour augmenter de manière radicale la durée de vie en bonne santé des eucaryotes, mammifères, et de manière significative, celle de l'Homme (15). (Parenthèse : en reconsidérant la vie humaine au Paléolithique on peut apprécier pourquoi la restriction calorique fait partie du programme inné et originel de l'être humain).
 
Coïncidence ? Notre précédent article (16), sur Amplicog, fait une revue actualisée de la Rapamycine (ou Sirolimus), molécule ayant de vastes effets, in fine, quelque peu comparables à ceux la Metformine.

 

Voir aussi :
http://amplicog.fr/
http://amplicog.fr/2012/04/la-metformine-reduit-le-risque-neurodegeneratif/

Références
 :
(1) http://www.eurekasante.fr/medicaments/vidal-famille/medicament-mgluco01-GLUCOPHAGE.html
(2) http://fr.wikipedia.org/wiki/Metformine
(3) Jing Wang, Denis Gallagher, Loren M. DeVito, Gonzalo I. Cancino, David Tsui, Ling He, Gordon M. Keller, Paul W. Frankland, David R. Kaplan, Freda D. Miller, "Metformin Activates an Atypical PKC-CBP Pathway to Promote Neurogenesis and Enhance Spatial Memory Formation", Stem Cell / Cell Press, 6 July 2012. http://www.cell.com/cell-stem-cell/retrieve/pii/S1934590912001749
(4) An Old Drug for New Ideas : Metformin Promotes Adult Neurogenesis and Spatial Memory Formation. http://www.cell.com/cell-stem-cell/abstract/S1934-5909(12)00362-1
(5) Diabetes drug makes brain cells grow. EurekAlert ! 5 Juillet 2012. http://www.eurekalert.org/pub_releases/2012-07/cp-ddm070212.php
(6) La metformine réduit le risque neurodégénératif, Amplicog.fr, Avril 2012. http://amplicog.fr/2012/04/la-metformine-reduit-le-risque-neurodegeneratif/
(7) Hsin-Ni Tsai, Mark L. Wahlqvist et al., "Metformin-inclusive sulfonylurea therapy reduces the risk of Parkinson's disease occurring with Type 2 diabetes in a Taiwanese population cohort.", Parkinsonism & Related Disorders, Apr. 12, 2012. http://www.prd-journal.com/article/S1353-8020(12)00094-6/abstract
(8) Metformin Can Substantially Reduce the Risk of Parkinson's Disease in Diabetes, Apr. 16, 2012. http://www.alphagalileo.org/ViewItem.aspx?ItemId=119321&CultureCode=en
(9) E. Kickstein, S. Krauss, P. Thornhill, D. Rutschow, R. Zeller, J. Sharkey, R. Williamson, M. Fuchs, A. Kohler, H. Glossmann, R. Schneider, C. Sutherland, S. Schweiger. "Biguanide metformin acts on tau phosphorylation via mTOR/protein phosphatase 2A (PP2A) signaling". Proceedings of the National Academy of Sciences, 2010. http://www.pnas.org/content/107/50/21830
(10) Diabetes Drug could work against Alzheimer’s, 2010. http://www.dzne.de/en/about-us/public-relations/press-releases/news-detail/news/diabetes-medikament-koennte-gegen-alzheimer-wirken.html
(11) http://en.wikipedia.org/wiki/Metformin#Medical_uses
(12) Metformin as Calorie Restriction Mimetic, fightaging.org, 02 sept. 2008. http://www.fightaging.org/archives/2008/09/metformin-as-calorie-restriction-mimetic.php
(13) Vladimir N. Anisimov, Anna V. Semenchenko et al., "Metformin slows down aging and extends life span of female SHR mice", Cell Cycle / Landes Bioscence, September 1, 2008. http://www.landesbioscience.com/journals/cc/article/6625/
(14) Metformin slows down aging and extends life span of female SHR mice. (PubMed) : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/18728386
(15) Evi M. Merckena, Rafael de Cabo et al., "Of mice and men : The benefits of caloric restriction, exercise, and mimetics", Ageing Research Reviews / Elsevier, 20 December 2011. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1568163711000729
(16) La Rapamycine augmenterait la mémoire et l’espérance de vie tout en réduisant l’anxiété et la dépression, Amplicog.fr, Juillet 2012. http://amplicog.fr/2012/07/la-rapamycine-augmenterait-la-memoire-et-lesperance-de-vie-tout-en-reduisant-lanxiete-et-la-depression/

Auteur : A.E. / © Amplicog.fr / Tous droits réservés.
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