Métro KO bobo

par bénédicte desforges
jeudi 7 avril 2011

 Quand elles se produisent dans les transports en commun, les agressions ont la particularité d’être une sorte de huis clos qui met en scène des comportements humains de façon limpide et indiscutable.

 Invariablement, il y a trois sortes de personnages : les agresseurs et les témoins (le plus souvent au pluriel pour ces deux groupes) et les victimes (plutôt au singulier, même si le pluriel des autres est plus nombreux que nécessaire.)

 Les agresseurs sont prévisibles. Ils ont un chef de meute, ils cognent, volent, et violent s’ils sont en forme et motivés.
(l’agresseur peut être vieux, mais il est souvent jeune parce qu’il court plus vite. La France vieillissante doit impérativement développer une délinquance adaptée, il faudra mettre ça à l’étude.)
 Le profil de ces personnages est donc celui d’un petit facho de la pire espèce.
Il évolue en bande virile, il aime l’argent et existe socialement à travers les biens de consommation. La violence est son mode d’expression privilégié, et il jouit de la vulnérabilité d’autrui. Il est donc sexiste et phallocrate. Souvent raciste – ou pire, tribaliste – ça peut être un argument de poids dans le choix de sa cible.
C’est généralement un parfait abruti qui peine à s’exprimer avec des mots intelligibles, il est complètement inculte et l’assume avec arrogance.
Aucune idéologie ne guide ses actes.



 Le(s) témoin(s), c’est celui qui aurait voulu ne pas être là.
 Dans le cas le plus caricatural, le témoin est le type qui veut savater tout ce qui bouge quand il en parle, mais qui ne bouge plus quand ça savate sec autour de lui. Le témoin, c’est la grande gueule de la veille, en fait.
 Ce qu’il y a de pénible avec lui, c’est que souvent il n’a rien vu.
 Ça réduit considérablement le travail procédural de la police, mais ça ne fait pas avancer l’enquête.
 Le témoin est donc généralement un aveugle impotent. Même s’il n’est pas vieux.
 S’il n’est pas aveugle, il est très pris par l’observation du paysage ou la contemplation de ses pieds.
 Le témoin est également sourd, il n’est pas réceptif aux fréquences sonores générées par les bruits de coups et par les cris. C’est donc un poly-handicapé au même titre que la victime, sauf que lui c’est un préalable à la scène quand pour l’autre c’est une conséquence.

 Pour la victime, c’est plus simple. C’est un objet.
 Sur elle se jouent la prise de pouvoir et la violence des uns, et la distanciation des autres.
 Elle n’est plus vraiment quelqu’un au moment de l’agression.
 ...sur elle s’impriment l’indignité et la lâcheté humaines.
 C’est difficile à vivre et à surmonter.
 Sauf si la victime est l’agresseur ou le témoin de l’avant-veille, et dans ce cas elle peut tenter de se faire une raison.


L'agression : travaux pratiques


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