Michel Onfray : La défaite de la pensée...

par Delphus
samedi 19 septembre 2015

Dans mon panthéon littéraire, Michel Onfray a toujours eu une place à part. Peut-être parce qu'il est le dernier de la liste à y être entré et par la grande porte de surcroît.

Il est de ces écrivains-philosophes, qui ont porté haut les symboles de la lutte contre le conformisme et la rassurante présence de la pensée unique. Comme le furent en leur temps les Voltaire, Nietzsche, Camus etc...

Il fût par ses actes, ses écrits, ses interventions médiatiques, un inépuisable combattant de la cause des esprits libres, contre la prédominance et l'agressivité des forces réactives. 
En ce sens, il avait rejoint la cohorte des anonymes, effarés par la pauvreté littéraire et de ces écrivains, ces aptères, qui s'ébattent joyeusement dans la fange de la médiocrité.
Je l'ai vu se débattre contre les représentants futiles de ces causes dogmatiques... Les philosophes (Finkielkraut, BHL...), les psychologues (Miller...), les politiques, les sociologues, les acteurs majeurs de ce monde sans imagination, s'arc-boutant, s'agrippant à lui désespérément, alors même que son agonie leur échappe et qu'ils se noient dans des questionnements d'un autre âge...

Sans être un modèle, il fût de ces consciences capables en bougeant les lignes, d'apporter un peu de bon sens philosophique, cette petite parcelle d'humanité, là où il en manque cruellement...

Car oui ! Et c'est en ce sens que son message est universel... La philosophie ne doit pas se regarder le nombril, mais s'ouvrir telle une fleur mature, aux yeux de tous... DE TOUS !... Pas d'une élite, qui ne fait depuis des décennies, que capter et corrompre un héritage intellectuel pour le manipuler, et ne vomir que du prémâché inaudible et vain, seulement "discutable" dans des cénacles élitistes, où, à grand renfort d'autosatisfaction, on s'esclaffe, on célèbre, tel un veau d'or, la puissance de sa supériorité...Supposée. Onfray a combattu cela. Avec courage et détermination. Et puis...

Et puis voilà qu'il rejoint par je ne sais quelle arithmétique intellectuelle, le camp adverse. Le camp de ceux qui bien loin d'ennoblir le cœur et la raison, ne font que les salir. Il vient, lui le Zorro vengeur, d’ôter son masque et par là même de mettre à bas tout ce qui le constituait jusque là.

En dénonçant dans le Figaro (tiens, tiens...) la manipulation médiatico-politique, faisant suite à cette terrible photo de ce gosse mort noyé, autant par notre indifférence d'ailleurs que par la fureur des eaux. En dénonçant donc la propagande, tel un Céline prophète laïque certes, mais ordure assumée, il le rejoint sans conteste dans la boue malodorante, qui doit maintenant recouvrir l'écrivain antisémite... 

En justifiant la pestilentielle flagrance des propos tenus par ces moutons dociles et vertueux, dénonçant pourtant un loup qu'ils sont en train de piétiner allègrement.
En ouvrant la boite de Pandore des pensées les plus obscures, Il franchit le Rubicon tel un César vainqueur, pour rejoindre le troupeau des faux insoumis. Ces bon p'tis franchouillards aryens, adossés à leurs privilèges...Les miettes sans saveurs d'un gros gâteau vulgaire.
En faisant cela. En ouvrant cette voie d'eau dont il ne semble pas mesurer la puissance. En donnant, disons le tout net, un satisfecit tacite au front national. Il démontre, s'il était encore possible de nous surprendre, que rien, absolument RIEN, n'arrête un être humain avide de reconnaissance. Et que la lumière médiatique est si brillante, que même les papillons les plus récalcitrants finissent malgré tout, par céder à la tentation. Il va donc s'y brûler les ailes. Ce que je souhaite vivement.

Tu vas payer le prix ami Michel. De la même façon qu'un Dieudonné qui, paradoxe, fût puni pour avoir essayé de quitter le troupeau, alors même que tu le seras pour avoir tenté d'y pénétrer...Comment cela s'appelle-t-il déjà ?...Ah oui...Démagogie !
Et moi qui croyais qu'un philosophe se devait d'ignorer les scories des pensées idéologiques les plus viles, pour enfin faire avancer le monde sur des chemins nouveaux...Toi tu viens de prendre un chemin bien connu...Celui du déshonneur.
Alors n'étant plus digne de mon panthéon..."Sors d'ici Michel Onfray, avec ton terrible cortège en habits noirs, mâchoires carrées, bottes bruyantes, idéologies douteuses"...

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