Migrants : soyons honnêtes, qui en veut chez soi ?
par VICTOR Ayoli
lundi 22 juin 2015
Avec les déboires de ces migrants de Vintimille renvoyés d'un côté de l'autre, on assiste à un festival de bien-pensance compassionnelle. Les « faiseurs d'opinion » bobos ayant écrans, radios et colonnes ouvertes se drapent dans leur dignité offusquée, nous somment d'avoir honte de nous, fustigent notre égoïsme, notre manque de pitié.
Eh bien moi, mesdames et messieurs les donneurs de leçon, je n'ai pas envie de pleurer avec les tartufes, de bêler avec les imbéciles heureux, de me rouler dans des transes repentantes. Ni remord, ni auto-accusation ni dégoût de soi-même. Faut-il se goinfrer de ce gâteau écœurant : un fond d'humanitaire fourré d'une épaisse crème de pseudo antiracisme, nappé de remords atavique et agrémenté d'une belle inscription :"Mea culpa !"
Egoïsme ? Cynisme ? Non. Peur légitime d'être submergés par cette invasion rampante.
Est-il inconvenant de se demander comment des cultures différentes pourront à terme coexister sans communautarisme, qui consiste à séparer la société en groupes concurrents voire antagonistes ? Claude Levi Strauss estimait que les sociétés et les nations avaient le droit de préserver leur identité, leur culture et leur manière de vivre. Il n'hésita pas à soutenir les propos de l'ancien président François Mitterrand, qui avait affirmé que toutes les populations avaient un certain « seuil de tolérance » à l'égard de l'immigration. Ce seuil lui importait non pas parce qu'il rejetait l'autre, mais au contraire parce qu'il souhaitait l'accueillir avec tous les égards nécessaires.
Or le pays réel, le populo, se préoccupe avant tout de son emploi s'il a la chance d'en avoir un, de ses finances indigentes, du prix de son logement, de l'avenir de ses enfants, et si possible de ses vacances et de ses loisirs… Quant aux « sans dents », ils voient d'un très mauvais œil cette « concurrence »... Les problèmes des autres passent légitimement derrière la résolution de ses problèmes à lui. En parlant cru, il s'en fout. Point/barre !
La lâcheté devant les faibles est une des formes les plus actives, les plus subtiles et les plus mortelles de la lâcheté ! Seulement la vérité fait peur : peut-on inviter à notre table tous ces pauvres migrants si émouvants ? La réponse, trouvez-là vous-même : en France, 5 millions de chômeurs, 10 millions de personnes touchées par la crise du logement, 3,5 millions pas ou mal logés, 700.000 dont le seul domicile est la rue où ils survivent, souffrent l'humiliation et meurent dans l'indifférence générale. Et il faudrait ouvrir les portes toutes grandes pour accueillir toute la misère du monde ?
Quel pays connaissant un taux de chômage dépassant les 10% peut absorber une telle masse d’individus, jeunes, sans formation, sans compétences et avides de consommer et de se reproduire ? A qui fera-t-on croire que l’accueil des damnés du tiers-monde est une « chance » ? Chance pour qui ? Pour quelques patrons voyous qui y voient un réservoir inépuisable de main-d’œuvre quasi-gratuite, taillable et corvéable à merci. On est en train de réinventer l'esclavage. Des rabatteurs appâtent et regroupent les candidats à l'émigration. Des trafiquants les rackettent puis les entassent dans des barcasses pourries prêtent à couler en leur disant, pour les rassurer, que les bateaux européens les recueilleront s'ils ont des problèmes de navigation. Et les bœufs se laissent mener à l'abattoir, mues par l'espoir illusoire d'une vie meilleure dans cette Europe qu'on leur fait miroiter comme le paradis. Sans oublier les terroristes qui se glissent dans le tas...
Le très lucratif business du trafic des migrants est aux mains, au départ de la Libye, d'Al Qaeda et de l’État islamique, à l'arrivée des mafias italiennes. Des armes, des flottilles de bateaux pneumatiques, des lieux pour loger des centaines de migrants prêts à risquer leur vie pour rejoindre l’UE : les événements dévoilent l’ampleur de la logistique déployée par les trafiquants implantés en Libye et la nécessaire implication des autorités locales pour que les départs aient lieu. Les récalcitrants sont forcés d'embarquer. S'ils ne peuvent pas payer l'alternative est : travailler comme esclave ou vendre ses organes...
Sur les rives turques de la Méditerranées, le traf(r)ic d'êtres humains prend une dimension quasi industrielle. Des groupes criminels organisés achètent des navires poubelles, passent carrément des annonces du genre « Navires entre 75 et 120 mètres en partance pour l’Italie, sans passeport ni visa ». Sans se cacher. Avec la complicité passive des autorités d'Erdogan. Les migrants sont là des Syriens capables payer entre 4.500 et 6.000 euros. Les bénefs sont considérables : 3 à 4 millions d'euros par navire selon Frontex... Plus lucratif que la drogue et pratiquement sans danger pour les trafiquants.
Qui sont-ils ces migrants ? Pour beaucoup, des noirs subsahariens, très nombreux à travailler en Libye du temps de Kadhafi et qui sont maintenant chassés et subissent un racisme féroce de la part des clans qui se partagent le pouvoir. Merci Sarko ! Pour d'autres, des subsahariens victime d'une tradition imbécile : dans la plupart des pays d'Afrique, il est de coutume d'envoyer, dans chaque famille, un des leurs en Europe pour y travailler et envoyer ensuite de l'argent. Ce miroir aux alouettes reste bien présent dans les familles africaines. Il y a enfin ceux qui fuient des pays en guerre. Libye (merci Sarko), Syrie (merci François, merci Barack), Irak (merci les divers Bush). Ils fuient la guerre. On peut les comprendre. Mais il pourrait aussi prendre le maquis, prendre les armes et lutter contre les barbares qui les chassent, les massacrent, les égorgent. D'autres l'ont fait en d'autres temps bien pires en France, en Grèce, en Yougoslavie, en Italie. Les Kurdes montrent victorieusement l'exemple !
Que faire ? Accueillir tous ces migrants ? Impensable sauf à accepter des troubles qui déboucheront sur des guerres civiles en Europe et l'arrivée au pouvoir des partis de l'extrême-droite fascisante.
Les repousser mani militari ? Quel pays osera tirer des coups de semonces voire des tirs au but pour faire rebrousser chemin aux navires des trafiquants ?
Il serait plus judicieux, à court terme de mettre en place un plan global :
* Détruire sur place en Libye, par des coups de mains militaires, les nids de vipères des trafiquants.
* Aider l'ONU à chercher des solutions aux guerres internes qui jettent les peuples victimes à travers les déserts de sable et d'eau.
* Surtout, arrêter de piller l'Afrique et l'aider financièrement mais aussi promouvoir - au moyen de mesures douanières protectionnistes - le développement d'une agriculture vivrière et d'industries utiles sur place. Un développement autre que celui des multinationales prédatrices et qui ne conduise plus des êtres humains à abandonner leurs racines, leurs familles pour tenter de vivre ailleurs, notamment chez nous.
* Assortir toute aide d'une obligation de contrôle des naissances.
* Enfin éduquer, instruire, ouvrir des écoles autres que ces sinistres madrassas, pivot de l'obscurantisme.
Mouais... On n'est pas sorti de l'auberge...
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