Mike Pompeo : l’Iran est coupable même si nous n’avons aucune preuve, nos armements sont les meilleurs même s’ils ne fonctionnent pas

par Le Cri des Peuples
samedi 21 septembre 2019

 

Entretien de Mike Pompeo, Secrétaire d’Etat des Etats-Unis (équivalent du Ministre des Affaires Etrangères), avec les journalistes l’accompagnant dans l’avion en route pour l’Arabie Saoudite, 18 septembre 2019.

Source : https://www.state.gov/remarks-to-the-traveling-press-6/

Traduction : lecridespeuples.fr

Cet entretien est tellement grotesque, pathétique et vide de sens qu’il mérite d’être traduit intégralement, et presque sans aucun commentaire. Nous assistons manifestement aux derniers spasmes de l’Empire, en phase terminale de décomposition. Soulignons que même si les journalistes présents et le bien-pensant New York Times ne cachent pas leur scepticisme quant aux affirmations gratuites de Pompeo, la France confirme son rôle de roquet kamikaze de Washington en les reprenant à son compte via Le Drian. Celui-ci qualifie de ‘relativement peu crédible‘ la revendication des Houthis, et n’exclut pas une participation de la France en cas d’attaque contre l’Iran, dans le sillage des frappes contre la Syrie envisagées par Hollande et effectuées par Macron. Il est vrai que la France s’étant engagée complètement aux côtés de la coalition saoudo-américaine, elle est également humiliée par l’opération des Houthis contre les installations pétrolières saoudiennes, que ses armements, ses renseignements, ses officiers sur le terrain et sa participation au blocus naval du Yémen n’ont pas empêchées.

Transcription :

Secrétaire d’Etat Mike Pompeo : Bonjour à tous. Merci de vous être joints à moi. Dis-moi par où tu aimerais commencer.

Journaliste : Vous pouvez commencer par nous expliquer pourquoi (cette attaque contre l’Arabie Saoudite) ne pourrait pas provenir des Houthis.

Mike Pompeo : Ouais. Donc, elle n’a pas été lancée par les Houthis. Je commencerai par ce point, et je vais certainement répondre à cela. Peu importe. C’était une attaque iranienne. Vous ne pouvez pas sous-traiter la destruction de 5% de l’approvisionnement mondial en énergie et penser que vous pouvez vous décharger de toutes vos responsabilités. Donc, je le dis clairement dès le début. Si la revendication frauduleuse des Houthis était exacte, si elle était vraie – ce n’est pas le cas, mais même si c’était vrai, cela ne changerait pas les empreintes digitales de l’Ayatollah (sur cette attaque), qui a mis en péril l’approvisionnement énergétique mondial. Et les Américains et les Saoudiens qui résident en Arabie Saoudite ont également été mis en danger. Nous avons de la chance qu’il n’y ait eu aucun Américain tué au cours de cette attaque [qui n’a fait AUCUNE victime, contrairement aux attaques saoudiennes meurtrières ayant causé plus de 100 000 morts yéménites], mais chaque fois que vous avez un acte de guerre de cette nature, vous courez toujours le risque que cela se produise.

Pour ce qui est de savoir comment on sait (que l’Iran est coupable), l’équipement utilisé ne faisait pas partie de l’arsenal des Houthis à notre connaissance. Donc nous avons clairement observé et avons une profonde compréhension de ce que les Iraniens ont transféré aux Houthis (en matière d’armements) – mon Dieu, depuis 2011 je pense, Brian, c’est depuis 2011 que les Iraniens ont commencé à envoyer d’importants systèmes d’armes aux Houthis – ou c’est peut-être 2013 [je ne me souviens pas de l’année, mais ne doutez pas de notre science infuse]. Mais cela dure depuis six ou huit ans, bien avant le dépôt du JCPOA (accord sur le nucléaire iranien). Et tout cet argent, cette richesse et ces systèmes d’armes étaient là, mais nous n’avons jamais vu ces systèmes particuliers, ces missiles de croisière d’attaque légers, nous ne les avons jamais vus là-bas. Et nous pensons avoir presque tout vu.

Nous sommes donc – la communauté du renseignement a une grande confiance dans le fait que ce n’est pas – ce ne sont pas des armes que les Houthis auraient pu posséder. C’est probablement l’information la plus importante. La deuxième preuve est que si vous regardez les itinéraires de vol qui ont dû avoir lieu compte tenu de l’impact et de ce que vous pouvez voir quand vous regarder les photos, vous devriez – si vous allez tous engager les meilleurs analystes pour étudier les dégâts causés à ces installations, ils ne venaient pas du sud. Et le Yémen est – juste pour ceux qui sont (intéressés) – situé presque totalement au sud de la majeure partie du Royaume d’Arabie Saoudite. Je concède que c’est un pays très vaste, vous pouvez dire qu’une partie (du Yémen n’est pas au sud des cibles) – mais de toute façon (l’attaque) n’est pas venue de… Ces attaques ne venaient pas du Yémen.

Journaliste  : Si elles ne venaient pas du Yémen, est-ce que ces attaques venaient d’Iran ou du sud de l’Irak ? Quels sont les éléments qui indiquent qu’elles viendraient de là-bas ?

Mike Pompeo  : Nous n’avons vu aucune preuve que cela – au fait, cela rend les affirmations des Houthis fausses, n’est-ce pas. Pour revenir à votre question initiale, cela signifie que ces gens-là mentent. Et donc, quoi que vous rapportiez à leur sujet, vous ne devez pas dire « Les Houthis ont dit », vous devriez dire « les Houthis, bien connus pour leurs mensonges fréquents, ont dit ce qui suit » [pince-sans-rire, il s’agit bien de ce même Mike Pompeo qui se vantait en avril dernier d’être un menteur, un tricheur et un voleur]. Cela est important, car vous ne devriez pas rapporter leurs propos comme s’ils étaient des gens véridiques, comme s’il s’agissait de personnes qui ne sont pas complètement sous la botte des Iraniens et qui ne revendiqueraient pas, sous l’injonction des Iraniens, des attaques auxquelles ils ne se sont pas livrés, ce qui était clairement le cas ici. Alors voilà. Chaque fois que vous dites « Houthis », vous devriez commencer par « les Houthis, bien connus pour leurs mensonges fréquents ». Vous pourrez ensuite rapporter ce qu’ils disent. Et vous auriez – ce serait un bon reportage. (Rires) Et je sais que vous vous souciez profondément de (la fiabilité de vos reportages).

 

 

Journaliste : Mais comment mettre fin à cette guerre ?

Mike Pompeo  : Je sais que cela vous tient à cœur, faire des reportages de qualité. Laissez-moi juste essayer de conclure. Nous savons donc également que ce sont des systèmes que les Iraniens n’ont pas déployés ailleurs, qu’ils n’ont pas déployés en dehors de leur pays, à notre connaissance. Nous ne les avons pas vus déployer ces types de systèmes de drones avec ces types de portées et de capacités, pas plus qu’on ne les a vus placer ces missiles là où ils auraient pu le faire. Nous n’avons vu aucune preuve que cela venait d’Irak. Ils auraient très bien pu survoler le Koweït. Nous n’avons pas vu cela non plus. [Ils ne viennent ni du Yémen ni de l’Irak car nous n’avons pas de preuve de cela, mais ils viennent de l’Iran même si nous n’en avons aucune preuve non plus…]

Journaliste : Comment restaurez-vous la dissuasion, alors ? Parce que cela semble être le message principal.

Mike Pompeo  : Oui, ma mission ici est de travailler avec nos partenaires de la région. Nous travaillerons également avec nos partenaires européens. Je leur ai tous parlé, au moins une ou deux fois. J’ai parlé avec le prince héritier des Emirats. Je vais le voir. Je lui ai parlé, oui, deux fois je pense. Nous travaillons pour former une coalition afin de développer un plan pour les dissuader. Et c’est ce qui doit arriver.

Journaliste : N’êtes-vous pas préoccupé par le fait que…

Mike Pompeo  : C’est une attaque d’une ampleur que nous n’avons jamais vue auparavant.

Journaliste : … bien qu’ils aient dépensé 80 millions de dollars par an (en systèmes d’armements de défense américains), les Saoudiens ne soient pas capables de détecter sur leurs systèmes radar un Tomahawk – pas des Tomahawk, des missiles de croisière qui traversent le golfe Persique ?

Mike Pompeo  : Ecoutez, à tout moment – nous avons constaté que les systèmes de défense aérienne du monde entier ont connu un succès mitigé. Certains des meilleurs au monde ne repèrent pas toujours (les drones ou missiles) qui attaquent [on parle quand même d’un taux d’interception, voire de détection, de 0%. pour les systèmes américains.. Alors qu’il est proche de 100% côté russe à Hmeimim, en Syrie !]. Nous voulons travailler pour nous assurer que l’infrastructure et les ressources sont mises en place de manière à ce que des attaques de ce type aient moins de succès que celui que semble avoir eu celle-ci [nous allons encore en profiter pour refourguer des millions de dollars d’armements inefficaces aux pigeons saoudiens]. C’est certainement le cas.

 

 

La dernière chose que je tiens à dire, c’est que certains pensent que la stratégie du Président que nous avons autorisée [le Président a donc besoin d’autorisations] ne fonctionne pas. Je dirais que c’est précisément l’inverse. Je dirais que ce que vous voyez ici est le résultat direct de notre action visant à inverser l’énorme échec du JCPOA.

Dans 55 semaines, le monde entier pourra vendre au gouvernement iranien ces systèmes de missiles, des systèmes de missiles conventionnels, sans aucune sanction, dans les 55 semaines à venir. Quelqu’un pense-t-il que c’était une idée géniale de leur permettre de faire en sorte que le monde entier puisse réellement leur vendre des systèmes de missiles (car le JCPOA prévoyait la levée des sanctions & embargos) ? Ils auraient obtenu des systèmes d’armements plus sophistiqués sans les sanctions que nous avons remises en place, et qui les ont empêchés d’avoir accès principalement à de l’argent (par l’embargo sur les ventes de pétrole), mais également à des pièces détachées, des pièces de rechange, à de la technologie d’information – tout ce qui entre en jeu dans la construction de menaces à la production au monde.

Les sanctions mises en place par les États-Unis ont ralenti le processus et c’est important. Et vous le voyez. Vous le voyez au Hezbollah, qui n’a plus autant d’argent qu’auparavant. Vous les voyez devoir prendre des décisions concernant leur budget de défense. Ce sont les bonnes voies à suivre. Et vous avez parlé de la manière dont nous rétablirons la dissuasion. Voilà la méthode : vous privez l’agresseur de richesses et des ressources nécessaires pour commettre des actes de guerre et du terrorisme dans le monde entier.

Journaliste : Les Iraniens vont-ils être à l’ONU (pour la session plénière) la semaine prochaine ?

Mike Pompeo : Les Iraniens ?

Journaliste : Ouais. Je crois qu’ils disaient qu’ils n’avaient pas obtenu de visas. Les États-Unis vont-ils leur délivrer des visas ?

Mike Pompeo : Nous ne parlons pas de l’octroi ou de l’absence d’octroi de visas. Je dirais ceci : si vous êtes connecté à une organisation terroriste étrangère, je ne sais pas, il me semble raisonnable de réfléchir à la question de savoir s’ils devraient être empêchés d’assister à une réunion consacrée à la paix [les Etats-Unis envisagent donc de violer une énième obligation internationale en tant qu’Etat hébergeant les Nations Unies ; un acte ‘fort’ qui ‘dissuaderait’ certainement l’Iran].

Ils – écoutez, les actions que le régime iranien a entreprises ont violé la charte des Nations Unies. J’en ai parlé au Secrétaire (Général de l’ONU) Guterres hier. Il m’a rappelé que non seulement ils avaient violé – je parlais de celui-là – il a dit, oui, cela violait également la Charte internationale des droits de l’homme. Le Secrétaire Général Guterres a déclaré cela [les Etats-Unis parlant de prétendues violation des droits de l’homme iraniennes dans le cadre de la guerre saoudienne génocidaire au Yémen, et de violations des traités internationaux desquels ils se retirent ouvertement, peuvent-ils tomber plus bas ?].

Journaliste : Allez-vous plaider votre cause devant le Conseil de sécurité des Nations Unies la semaine prochaine ?

Mike Pompeo  : Je suis convaincu qu’à New York, nous en parlerons beaucoup et que les Saoudiens feront de même. Les Saoudiens sont la nation qui a été attaquée. C’était sur leur sol. C’était un acte de guerre contre eux directement, et je suis convaincu qu’ils le feront.

Quelqu’un d’autre ?

Mme Ortagus : Nous allons atterrir debout (si nous continuons). Autre chose ?

Mike Pompeo  : D’accord. Ce n’est pas sain, oui.

Journaliste : Merci beaucoup.

Mme Ortagus : Merci les gars.

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