Moi, Française de gauche, j’ai voté FN aujourd’hui
par Révoltaire
mercredi 25 mars 2015
Les méchants Francais qui souhaitent un changement maintenant.
Pourquoi, moi, française d'idéologie profondément de gauche, je me suis levée aujourd'hui pour voter FN ? Par racisme ? non. Je suis profondément humaniste et en cela, je suis une digne héritière du siècle des Lumières mais que m'a-t-il pris d'aller voter FN à 13h00 aujourd'hui ?
Pour moi, François Hollande a enterré la gauche et avec elle, le pire, c'est qu'il a enterré son idéologie. Moi, française, issue de la classe populaire, je crois profondément en l'égalité de tous et j'essaie d'œuvrer chaque jour dans mon métier de prof à faire vivre cette égalité. Quand j'étais petite, je n'aurais jamais pensé devenir prof car je me suis beaucoup ennuyé à l'école. Mon école, c'était : "sois sage et tais-toi". J'ai eu la chance d'avoir des faciliés (on peut naître pauvre et avoir un cerveau qui est capable de comprendre des matrices sur n dimensions) et j'ai donc été poussée par mes profs à aller en classe préparatoire. N'étant pas de milieu bourgeois, je n'avais aucune vélléité à intégrer une grande école d'ingénieur, donc j'ai préféré passer les concours d'entrée E.N.S non pour devenir prof., mais parce que je ne me reconnaissais pas dans les étudiants de prepas, souvent enfants de médecins, qui préparaient les mines ou polytechnique. J'ai été admissible aux trois E.N.S, moi, française moyenne issue de la plébe, et j'en ai intégré une pour finalement être radiée car comme dans les Thibault, je ne souhaitais pas être un rouage parmi les rouages et je souhaitais sortir des rails. Des rails, je suis sortie pendant 2 ans et j'ai voyagé au travers du monde en quête d'un sens, comme les voyages initiatiques, chers à de nombreux romanciers (et en cela il est absurde de penser que la quête de l'identité est une problématique pour seulement les français issus de l'immigration, nous sommes tous concernés). Me suis-je trouvée ? pas sûr. C'est dans les romans, qu'on se trouve, dans la réalité, on se rend compte qu'il faut trouver un moyen de réintégrer la société au retour même si on n'adhère pas à ses valeurs.
Sur les conseils d'un ami, j'ai lu les programmes Jospin de 1995 et j'ai cru un moment à la possibilité d'un monde meilleur et à une école plus égalitaire et qui avait vraiment comme volonté d'apprendre des choses aux enfants et d'en faire des citoyens éclairés, au sens des Lumières, J'ai donc passé le concours prof. Des écoles et j'ai re-signé pour faire partie de cette éducation nationale-là et cette société-là. Depuis 2008, je déchante. Les idéaux de cette école sont enterrés. Pierre Frackowiak le dénonce. Moi aussi. Et l'école est en souffrance. Nous avons voté en 2012 avec l'espoir que les idéaux issus des Lumières soient de nouveau les axes prioritaires de l'école. Mais le désenchantement continue encore. nous y croyions pourtant aux promesses de la gauche et comme dans une relation que nous aurions eu avec un pervers qui aurait abusé de notre confiance, qui aurait joué de nos espérances, nous vivons les illusions perdues et comme apres une relation perverse, nous nous jetons dans les bras de ceux qui nous mentent le moins même si cette relation est auto destructive.
Peut-être nous faut-il cette période de transition là pour revivre une relation sereine et équilibrée avec la politique et si Marine est cette transition auto destructrice, pourquoi pas ? C'est terrible que cette mafia qui se dit de gauche ait fini par enterrer les idéologies de la gauche. J'aurais dû me méfier. c'est vrai qu'à L'ENS, les meilleurs élèves au concours allaient en physique et les derniers en Physico-chimie. Certainement en est-il de même à l'E.N.A, les meilleurs élèves vont à droite et les moins bons se tapent la gauche ; alors que tous ces gosses de riches finalement ont profondément une idéologie de droite mais leur résultat au concours les prédestine à une couleur politique. J'aurais dû me méfier quand j´écoute Françoise Hardy défendre les privilèges des riches et ma belle-famille les défendre aussi car les priviléges hérités à la naissance.sont les plus durs à remettre en question. Ce sont des acquis. Quand on nait priviligié, on ne peut étre foncièrement de gauche, car d'une certaine manière, les privilèges qu on connaît depuis sa naissance, ne peuvent être remis en question. Seules les personnes issues de la classe populaire, qui travaille la tête dans le guidon tous les jours sans avoir accès aux loisirs, comme le philosophe Michel Onfray, peuvent vraiment comprendre ce qu'est l'idéologie de gauche.J'aurais donc dû me méfier car notre président n'est pas directement issu de la classe populaire donc sa couleur politique ne pouvait être qu'une couleur d'emprunt.
Voilà donc mon parcours des illusions perdues et pourquoi en ce 22 mars contre mes convictions les plus profondes, je ne suis pas allée voter pour la gauche mais pour une transition, pour déboucher sur une nouvelle relation au monde politique. Je suis profondément pour la démocratie et l'égalité. Il faut peut-être fonder une 6eme république plus juste et avoir un président unique est peut-être une conception obsolète de la démocratie moderne. Élire 10 grands citoyens comme dans la démocratie grecque antique est peut-étre une solution pour une démocratie plus juste.