Moi, jeune femme de 20 ans, désemparée face au monde
par LuCi
jeudi 13 décembre 2012


Ces mots n’auront certainement pas une vaste portée, mais peu importe, je me sens dans l’obligation et, Dieu merci, encore dans le droit de les écrire.
Depuis quelques mois, une obsession hante mes nuits : et si le monde social était définitivement perdu ? Et si l’être-humain était en fait ce qu’il paraît : un monstre assoiffé d’argent et de pouvoir, sans aucune attention pour ses semblables ?
J’ai essayé de compter les points entre les « bonnes » actions et les « mauvaises » actions de l’humain. Vous voyez, pour mettre un peu d’ordre dans ma tête et dans ma vision du monde. Mais la tâche est trop difficile car il est clair que ces notions sont purement subjectives. Dois-je compter l’élection de François Hollande dans les « bonnes » ou les « mauvaises » choses ? De plus, je ne peux pas me permettre de parcourir le monde afin d’être moi-même témoin de ces différentes actions. Les médias seraient donc ma seule fenêtre sur le monde. Ceux-là mêmes qui ne font que diffuser les pires bassesses de l’être humain jour après jour. La balance risque d’être en déséquilibre dès le départ ne croyez-vous pas ?
Je pense toutefois que mon interrogation est justifiée. Etant petite, je m’imaginais un monde dans lequel les Hommes se prendraient les mains, s’embrasseraient sans aucune distinction. Image certes très idyllique, naïve et très peu terre à terre. En grandissant, la réalité m’a explosée en pleine figure. Et oui, les bisounours n’existent pas ! Je m’y attendais un peu tout de même. Mais certaines choses ont été réellement un choc pour l’enfant que j’étais.
J’ai appris la démocratie à l’école comme tout bon petit français. Ma démocratie avec le vote universel, le choix, tout simplement le gouvernement pour le peuple par le peuple. Je me disais donc en mon fort intérieur que l’on pouvait librement choisir le candidat qui nous représentait le plus, celui qui correspondrait à nos attentes. Mais la réalité est tout autre ! En m’intéressant aux élections, je me suis rendue compte qu’aucun candidat ne pouvait me représenter, aucun ne correspondait à mes attentes. Pire encore, la liberté censée résider dans mon choix n’est qu’illusion ! Si je décidais de voter extrême droite, Marine Lepen, je ne pourrais jamais le revendiquer puisque je me ferais presque assassiner par mes paires et mes ancêtres. Si je choisissais la gauche, Mélenchon ou Hollande, mes proches de droite me riront au nez. La liberté d’expression n’est pas aussi facile que cela en fin de compte.
Une nouvelle interrogation m’est alors apparue : Nom de Dieu, à quoi rime ce cloisonnement gauche/droite ? Dans démocratie, moi, petite naïve que j’étais (et que je suis encore un peu) j’entendais Homme représentant mes attentes et non pas parti. Au sein d’un parti, il y a des centaines voire des milliers d’Hommes. Cela représente donc des centaines voire des milliers de façons de voir le monde. Pourquoi devrais-je voter pour un parti, représenté par un seul Homme que je n’ai pas choisi alors qu’il existe peut-être au sein même de ce parti un individu digne de ma confiance mais peut-être trop timide ou pas suffisamment assoiffé de gloire pour écraser ses « ennemis » ? Pire encore, peut-être cet Homme se trouve-t-il dans le parti vers lequel au premier abord je n’irais pas. Son anonymat serait encore plus total ! J’aimerais pouvoir non seulement choisir mon président mais dans ce cas également choisir mon candidat ! Est-ce encore une fois trop idyllique ? Je n’ai que 20 ans, je suis encore dans « le bel âge », je suis survoltée et en soif de combat. Je voudrais changer le monde et il est vrai que je ne suis pas si désespérée que cela car j’ai encore un petit espoir que le monde change. Mais est-ce bien raisonnable ? A vous de me le dire….
De nombreux débats secouent le monde ces derniers temps (et disons-le clairement depuis toujours). Cependant, je ne suis apte à les comprendre que maintenant. Mon enfance fut suffisamment heureuse pour que je ne me jette pas à corps perdu dans la noirceur du monde dès mon plus jeune âge. Mais, en levant la tête, en regardant autour de moi, en écoutant patiemment ce que disent toutes ces personnes dans la télévision, le journal ou la radio, ou même dans la vraie vie, je ne peux que me poser des centaines de questions. La plus importante reste : Mais où va le monde ? Pour le moment « droit dans le mur » me paraît la réponse la plus appropriée. Je n’ai pas la prétention de connaitre tous les sujets, d’avoir un avis sur tout, ni même d’être capable de citer l’ensemble de nos ministres, cependant j’ai la prétention d’être citoyenne française, citoyenne du pays des droits de l’Homme, pas les droits du français, ni les droits du chrétien, ni les droits de l’hétéro, mais les droits de l’Homme, l’être humain ! Quelqu’un peut-il me dire que je ne suis pas folle lorsque je pense que le monde est fait d’un ensemble d’êtres humains et non pas d’un ensemble de Nations ?
Aujourd’hui, malheureusement, je doute qu’une seule personne ne réponde favorablement à ma requête. Je regarde la télévision, et je vois qu’aujourd’hui encore des gens de MON âge ont protesté dans la rue contre le mariage homosexuel. Ayant été scolarisée dans des écoles catholiques, j’ai été au catéchisme. On m’a enseigné la tolérance, le partage et le pardon. Même si je me suis aujourd’hui détournée de la religion, ces valeurs, que je pensais porteuses de la religion chrétienne guident encore ma vie. Mais j’écarquille les yeux, et j’ai l’horreur de contempler une jeune femme comparant le mariage homosexuel avec un mariage avec un ours en peluche ! Après tout, chacun fait ce qu’il veut, si cette jeune femme désire contracter une union avec son animal en peluche, ce n’est pas à moi de la juger ni de lui dire qu’elle ne peut pas, je lui rappel seulement qu’elle lui jure également fidélité, soutien et tout ce qui s’en suit pour le reste de sa vie (à 10 ou 30 ans près selon la date du divorce). Je plaisante là-dessus mais mes intentions sont sérieuses. Malgré le fait que cette jeune femme et toutes les personnes qui l’accompagnent m’effraient par leur pensée d’un autre temps, je reste convaincue que la plaisanterie ne peut pas faire de mal dans ce monde de brutes intolérantes. Serais-je moi-même en train de faire preuve d’intolérance en n’accordant aucun crédit à ces personnes ? En même temps, l’intolérance n’est-elle pas parfois nécessaire ? Ne montez pas sur vos grands chevaux, ce n’est qu’une question, je n’ai pas d’avis défini sur la question. Un nazi a-t-il le droit de penser ce qu’il veut ? Un jury doit-il être tolérant face à un membre du ku klux klan parce qu’après tout, chacun pense ce qu’il veut (ou ce qu’il doit selon ses origines sociales) ? Ce bon vieux Mussolini peut-il être exonéré de toutes représailles car la tolérance nous oblige à ne pas le juger ?
Je pars un peu dans toutes les directions. Mais cela ne fait que refléter l’image que j’ai de ce monde. Je ne le comprends pas, chers amis, je ne vous comprends pas. Pourrait-on m’aider à y voir plus clair ou suis-je condamnée à vivre éternellement dans la souffrance de voir ce monde rester le même pour toujours et à jamais ?
LuCi.