Monde de merde

par A. Nonyme
samedi 6 août 2011

Jeudi 4 août. Petite soirée entre moi-même, à surfer sur le web et à "facebooker" avec quelques "z'amis". "Téloche" en bruit de fond, le jingle de Soir3 ne me détourne pas plus que ça de mon écran aussi froid que social...

Et puis, la sale news tombe…

Tel l'ado pubère dont je n'arriverais pas à me défaire, je m'indigne. Mot dans l'ère du temps. Des raisons de s'indigner, il n'en manque pas n'est-ce pas ? Mais ça deviendrait un travail à plein temps.

Exemple. Tiens, l'autre tâche de Raymond Domenech va toucher près de 1 million d'euros suite à sa rupture de contrat, pour faute grave. Je me ferais bien une petite faute grave moi. L'échec c'est bien payé, je trouve. Mais je ne peux pas, je suis un salop de patron. Patron de moi-même en fait. Et puis, c'est le droit du travail.

Y'a le CAC 40 aussi. Le truc dont 99,9% de la population mondiale n'a rien à b…. braire dirons nous. Ça c'est un truc de trader. Cherche pas, t'es pas dedans. Un trader, c'est un mec qui coule la Grèce en une nuit et qui trouve ça cool. Ça va lui rapporter un max de blé et il va en remettre une couche en dépeçant le pays : à toi les plages, à moi le port, à toi les sites archéologiques, à moi l'aéroport…

Et puis la Syrie, l'Afghanistan, les sans-logis, le Darfour, Haïti (sorti du top 50 depuis belle lurette), les violeurs, les voleurs en col blanc, accessoirement violeurs aussi… STOOOOOP !

Or ainsi j'écoute vaguement le Soir3. La Lybie revient, pas à la une, non, mais dans le flot des brèves. Drame de la guerre qu'il dit, le gars endimanché intérimaire du mois d'août, qui joue là un moment important de sa carrière. Passons.

Entre la poire et le fromage donc, tombe cette info : encore un drame avec ce bateau de Libyens fuyant les combats, en direction de l'île de Lampedusa. En gros, le commentaire : "parmi les 300 personnes à bord, une centaine de réfugiés n'auraient pas survécu à la traversée. Surtout des femmes. Les hommes ont été obligés de jeter leur corps à la mer". Pourquoi, comment ? Hé ho, ça va. Je n'y étais pas moi. Point barre.

Je ne veux pas faire mon Paul Villach, mais rien que là, il y aurait beaucoup à dire. Info fraîche, non vérifiée, sur des images non identifiées (date, heure), avec le conditionnel de circonstance.

Que les méchants musulmans jettent leur femme par dessus bord ? Que la place du sexe "faible" n'a pas le même rang partout ? Je ne rajouterai rien là-dessus. Question de culture, d'histoire, de religion, de mœurs ?… Franchement je n'en sais rien si ce n'est que la maxime "les femmes et les enfants d'abord" peut a priori connaître diverses interprétations(1).

Bon, quoi alors ? Alors le ton monocorde du présentateur (à différencier du métier de journaliste, espèce en voie de disparition) m'a choqué, interpellé, et finalement indigné. Zéro émotion, zéro compassion, zéro information. Journée noire sur les autoroutes ce samedi ? Il fait chaud ? Les gamins crèvent de faim, ici ou là, alors que les milliards sifflent au-dessus de nos têtes ? La pluie mouille ? Tout pareil ! C'est juste des gens, mais les gens, ça vaut combien au CAC 40 ?

Je me rappelle d'un pote, légèrement maniaco-dépressif, qui aimait dire "la vie est une tartine de merde dont on croque chaque jour une bouchée". Le pire c'est qu'à force, on s'habitue.

Monde de merde.

(1) Hara-Kiri trède marque. M'en voulez pas.


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