Mondialisation, ou, la fin de la démocratie

par kouros
mardi 17 août 2010

Mondialisation, terme passé dans le langage courant comme un phénomène voulu ou subit mais qui ne peut être arrêté. Pour le libre échange, pour le bien être de l’économie, pour la liberté (liberté de quoi ?, je ne sais pas) la mondialisation est, pour le citoyen moyen, c’est à dire 99% de la population, un bien ou un mal nécessaire qui ne peut être contenu.
La bonne question est : pourquoi ?
 A force de médiatisation nous avons entendu une multitude de réponses qui nous ont fait intégrer ce mal comme nécessaire.
La mondialisation n’est pas selon moi un mal nécessaire, mais un outil de domination qui nous fait perdre chaque jour un peu plus de notre liberté de vivre selon nos valeurs et non selon ce que le « marché » veut nous vendre, ou plutôt, nous imposer d’acheter.
 
Voilà une affirmation qui a de bon relent de gaucho-écolo-anarchiste. Et bien, bon conservateur de centre droit que j’ai longtemps été, en m’éloignant de la pression sociale ambiante, mes réflexions me mènent à penser que je me suis toujours trompé. Nous allons droit vers un monde (il y a longtemps que les états ne comptent plus vraiment), un monde ou la loi du marché à remplacé celle de la démocratie, c’est à dire le pouvoir au citoyen.
 
Depuis que l’humanité existe, le monde est passé par trois grandes étapes de développement : Le temps des tribus, Le temps des royaumes, Le temps des nations, et maintenant nous sommes entrés dans la dernière étape : Le temps de la planète sous contrôle.
L’évolution des systèmes sociaux a toujours évolué vers une plus grande concentration du nombre d’individu pour représenter une force par rapport aux systèmes voisins. Les tribus se battaient entre elles pour leur territoire et les matières premières qu’il contenait. A force d’annexions et d’alliances les tribus sont devenus des royaumes ou des empires dirigés par un monarque absolu. Puis sous la pression sociale les royaumes sont devenus des états démocratiques (réel ou factice, tous les états se réclament de la démocratie). Cette évolution n’a pas grand chose à voir avec la volonté du citoyen de créer un état fort pour le défendre. Toutes les évolutions jusqu’à l’invention de la démocratie ont été voulues et réalisée dans un but qui tient en deux mots : le Pouvoir et l’Argent.
Faire prospérer les marchands pour faire prospérer les royaumes et donner plus de puissance aux dirigeants. Le marchand et le puissant ont très tôt fait bon ménage. Le premier organisais l’exploitation des ressources, le transport, la vente et le second donnait la protection de son armée moyennant une large rétribution sous forme de dons et de commissions, plus tard appelés impôts.
Ainsi s’ouvrit la route des indes, l’or des Amériques, la traite des esclaves, et plus récemment l’exploitation de l’or noir, l’exploitation des ressources minières, et l’exploitation de la main d’œuvre bon marché des pays sous développés.
L’armée espagnole a décimé l’Amérique latine pour en rapporter les richesses, et l’armée Américaine est parti faire la guerre avec comme drapeau le blason des industries pétrolières.
 
Seulement la griserie que donnait le pouvoir aux puissants leur a fait perdre de vue que le marchand prenais une position de plus en plus stratégique. Leur bonne entente a masqué le glissement du pouvoir qui, si il est officiellement resté au mains des puissants, a vu réduire leur possibilité de choix face au monde de l’économie et des finances. Si il fut une époque ou un roi pouvais confisquer les biens de qui lui semblait bon, rapidement (à l’échelle de l’histoire) cette option est devenue impossible sous peine de conséquences dramatiques. Les royaumes étaient riches et pouvait appliquer leur loi sans dépendre de personne, puis les royaumes ont peut a peu comptés sur les marchands, riches banquiers pouvant prêter, pour réaliser leurs guerres, leurs conquêtes et leur projet social (si, si, parfois il y en avait). Plus question de déplaire au banquier si on a besoin de lui pour les prochaines dépenses.
Jusqu’aux années 70-80 la force de la finance était basée sur de réels flux de biens et de services. L’argent avait une valeur, l’étalon or, la finance reposait sur la valeur des entreprise et l’endettement des états correspondait à des garanties solvables. Avec l’abandon de l’étalon or, la monnaie est devenue du papier imprimable à souhait par les états en fonction de leurs besoins. Le cours de la bourse est devenu un chiffre sans corrélation réelle avec la valeur dúne entreprise.
 
Et la démocratie dans tout cela ?
 
La démocratie nous donne le pouvoir de choisir nos décideurs mais nos décideurs, quels pouvoirs ont-ils vraiment face aux marchands ?
Car si les systèmes sociaux sont passé de la monarchie à la démocratie, les pouvoirs de l’argent ne comptaient pas céder leur puissance. Les politiques sont élus, mais pas les banquiers, pas les hauts fonctionnaires, pas les nouveaux maitres qui dirigent l’économie mondiale.
Je ne parle pas des entrepreneurs, aussi grands soit-ils. Une entreprise n’est pas une puissance occulte. Elle fabrique, elle fait de la publicité, elle a des clients, elle est attaquée, elle nait et elle meure. C’est un organisme sain. Non, je parle du monde de la finance, qui ne vend rien, que personne ne connait vraiment, qui se contente d’exister et de profiter des flux d’argent qu’elle a le monopole de gérer. Le citoyen ne sait pas qui est le directeur de la banque de France, de la banque centrale Américaine, de JP Morgan ou de Goldman&Sach, pourtant chacun de ces organismes a plus de pouvoir sur notre vie que le président de la république.
La crise des subprimes est le révélateur de cette toute puissance de WallStreet face a MainStreet (c’est à dire vous et moi). On devrait l’appeler la crise des subprimes et des produits dérivés. Car si il y eu cette folie de vouloir faire sur-consommer à tout prix le chômeur de base, la deuxième folie est d’avoir inventer les produits dérivés pour pouvoir décupler les gains de la finance mondiale. 
Les états n’ont eu de cesse de libéraliser le monde de la finance pour arriver à cette crise sans précédent. Les états volent au secours des banquiers, sans contreparties, et pendant que le contribuable paie la note, les traders se distribuent des milliards de dollars de primes et les banques dínvestissement se frottent les mains, parce que hausse ou baisse, la spéculation gagne toujours.
 
Pourquoi le mode de la finance échappe si facilement aux règles du commun des mortels ?
Parce que le monde de la finance dirige la politique des états depuis bien longtemps. Le phénomène a commencé sous l’administration Clinton et trouve une preuve éclatante aujourd’hui avec l’élection de Barak Obama. Élu contre la politique de Georges Bush nous trouvons dans son gouvernement Timothy Geithner en Secrétaire au Trésor (ministre du budget en France). Ce brave homme a travaillé sous l’administration Clinton sous les ordres de son mentor Laurence Summers. Et qui est Laurence Summers ? Tout simplement le ministre du budget sous l’administration Bush Fils.
Monsieur Geitner a également été président de la FED au coté de Henry Paulson. Mr Paulson que l’on retrouve également secrétaire du trésor sous Bush. Les présidents changent, mais pas les vrais dirigeants.
(Cf le livre de Eric Laurent « La face cachée des banques » pour découvrir ce jeux de chaises musicales entre la finance privées et les grands institutions d’état)
La légende fait de l’élection d’Obama une élection populaire, malheureusement force est de constater que les principaux bailleurs de fond pour sa campagne électorale ne sont pas les donateurs anonymes par le Web, mais s’appellent Warren Buffet (que je ne présente pas), Richard Fuld (Président de Lehman Brother), Jamie Dimon (Président de Morgan), James Rubin (fils de Robert Rubin Secrétaire du trésor sous Clinton, comme on se retrouve !), Henry Crown (Famille régnant sur la bourse de Chicago), Pritzker (Hotels Hyatt) et j’en passe. Tous ces gens sont les maitres de la finance, comment imaginer que le président, aussi bien intentionné soit-il, peut faire quoi que ce soit pour « moraliser » ce secteur ?
 
Et la démocratie dans tout cela ?
 
Le vote du citoyen a été vidé de son contenu car portant sur des hommes politiques dont le pouvoir se réduit chaque jour un peu plus au profit d’organismes privés dont les responsables ne sont pas élus.
 
Et cet état de fait ne peut aller qu’en s’aggravant car il y a une opposition fondamentale dans les aspirations du citoyen et des dirigeants financiers.
Accès au travail contre délocalisation pour réduire les couts et maitriser les évolutions sociales
Recherche du bien être contre pression sociale pour améliorer la rentabilité.
Désir du plain emploi contre chômage organisé pour maintenir la pression sur les salaires.
Aspiration à la démocratie contre maintien du totalitarisme dans les pays sous développés pour la maitrise des salariés.
Recherche de l’équilibre contre la sur consommation a marche forcée.
Liberté de choix contre recherche de monopole
… etc ...
 
L’immense majorité de la population mondiale a pour unique but de vivre décemment, de manger à sa faim et de pouvoir se soigner. Dans les pays riche, l’aspiration première est la sécurité qui, dans un pays conditionné au pouvoir d’achat, se porte essentiellement sur la sécurité de l’emploi et les conditions de travail. Toutes ces aspirations vont à l’encontre de la logique de Wall Street qui consiste a produire plus, pour moins cher et vendre plus cher.
 
La mondialisation permet d’uniformiser le système sur toute la planète. Il fut un temps ou le dégouté du système capitaliste pouvait aller dans d’autres pays aux idéologies en adéquation avec ses valeurs. En uniformisant le système au niveau planétaire, il n’y a plus d’échappatoire. L’économie de marché domine le monde, les états sont à son service, et les impôts permettent de payer la facture des crises. Le système est bien organisé, il nous dirige vers le meilleur des mondes en toute démocratie.
 
Je ne crois pas au complot international, mais simplement en l’avidité qui existe en chacun de nous et qui tend à nous faire tous fonctionner dans un seul et même sens. Cette avidité chez le citoyen moyen le conduit à jouer au loto plus que de raison et de faire quelque entorses sur sa feuille d’impôt (est ce encore possible ?), mais chez l’homme de pouvoir, elle prend la forme de subprime, produit dérivés, totalitarisme, corruption, et en final destruction aveugle, pour quoi ?
 
Pour l’argent et le pouvoir.
 
Alors, la démocratie dans tout cela …
La démocratie ne survivra pas grâce a nos institutions (états, partis politiques), mais par l’action de chacun d’entre nous. Les institutions sont dans le meilleurs des cas impuissantes à freiner la puissance économique, et dans le pire des cas complices. Il est encore temps d’échapper à la mise sous tutelle de nos vie en agissant individuellement. Utopie, peut être pas.
 
Tout passe par un changement de valeurs. La consommation de biens nous a tous montrée ses limites. Une fois le iPod de mes rêves dans ma poche, suis je plus heureux ?
Sans être pour un renouveau des religions (elles ont aussi montrées leur capacité de nuisance) le retour à une forme de spiritualité permet à chacun de se libéré de la pression sociale et de décider de ses actes. Et se sont les actes qui conditionnerons l’avenir, pas le programme du prochain parti élu.
 
La préservation de la nature. La nature est le dernier refuge de l’individu. Une nature dominée et polluée rend l’individu dépendant du système économique pour survivre. Accepter une plante transgénique qui ne peut pas se reproduire seule dans la nature, c’est donner un chèque en blanc à l’entreprise qui en a le monopole. (et je ne parle pas des doutes sur la salubrité à long terme)
 
Une consommation responsable, c’est une consommation limitée aux besoins et non liées aux publicité flatteuse et à la pression sociale. Recycler pour préserver, réutiliser au lieu de changer, privilégier le produit local, réduire la consommation d’énergie, et pourquoi pas, boycotter les produits des grandes entreprises internationales. Ce sont autant d’actions qui limite la course aux profits, qui limite les monopoles de fait et qui, par l’impact sur les bilans des grandes sociétés, peu freiner la croyance dans les grands dieux de la bourse.
 
Voilà que je deviens écolo maintenant. Et oui, le combat pour la planète n’est pas seulement un combat pour préserver nos chances de vie, mais aussi pour préserver notre liberté.
 
Je suis un citoyen moyen, et je n’ai pas de grand programme de réforme de nos institutions, mais je suis convaincu que l’action individuelle de sortir du système aliénant améliore la qualité de vie (là je parle par expérience) et peut faire changer le modèle économique (et là je parle en utopiste). Mais il ne faut pas se faire d’illusion, c’est une guerre qu’il faut mener. La finance mondiale n’a que faire de nos états d’âme, et elle se battra bec et ongle pour imposer sa suprématie.
 
 
« Au fond, les financiers ne sont que des voleurs qui ont acheté près du gouvernement le droit de voler. » 
Edmond et Jules de Goncourt
 
« Les systèmes économiques qui négligent les facteurs moraux et sentimentaux sont comme des statues de cire : ils ont l’air d’être vivants et pourtant il leur manque la vie de l’être en chair et en os. »
Gandhi
 
Mondialisation : que restera-t-il des Etats-nations ?
 
La tiers-mondialisation de la planète
 

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