Morale laïque... est-il déjà trop tard ?

par gruni
lundi 3 septembre 2012

Pour la "première rentrée du changement", Vincent Peillon veut dès 2013 que des cours de "morale laïque" soient enseignés aux 12 millions d'élèves de notre pays. La formation des professeurs viendra plus tard, il y a urgence apparemment même si l'instruction civique est déjà dans le programme scolaire de nos chères et si turbulentes têtes blondes. Enfin blondes n'est qu'une image, disons plutôt de colorations variées. Il faut bien reconnaître que l'instruction civique était jusqu'à maintenant une matière secondaire et que les cours n'étaient pas toujours dispensés, faute de temps, mais aussi par manque de motivation et de formation. Donner la priorité aux maths et au français dans un pays où 10 à 20 pour cent des élèves sortent du primaire sans maîtriser les savoirs fondamentaux, n'est-ce pas normal. Est-ce plus grave que d'être un citoyen dans l'incapacité de différencier le bien du mal ? Et puis n'y a-t-il pas un risque de formatage du futur contribuable ?

Vous souvenez-vous du jour où Nicolas Sarkozy crucifia les professeurs en déclarant que l'instituteur ne pourrait jamais remplacer le curé. Il est peut-être là le sens du mot laïque, remettre le curé à sa place où il formera de bons chrétiens et le maître comme on l'appelait autrefois à la sienne, où il fabriquera de bons et loyaux sujets. Des sujets, excusez l'erreur, quelle horreur ! Des Français disciplinés qui obéiront comme des... Allemands. Mais si vous aviez le choix entre des jeunes respectueux de leurs parents, de leurs enseignants ou simplement des autres, et des sauvageons comme disait Chevènement pour qualifier les délinquants en herbe, ceux qui brûlent les voitures et tirent sur les flics ou violent une jeune fille ; que choisiriez-vous. Le doute n'est pas permis, vous seriez pour la morale laïque à l'école. A moins que vous ne pensiez que de toute façon elle ne servira à rien, qu'il est trop tard. 

Allons pourquoi tant de pessimisme, le changement c'est maintenant nous a promis François Hollande. Car on peut éduquer la jeunesse sans fabriquer des marionnettes. Mais alors pourquoi la morale a-t-elle été supprimée du programme scolaire en 1965, qui a la réponse ? Considérait-on à cette époque que ce n'était pas le rôle de l'enseignement national d'apprendre aux jeunes quels étaient leurs droits et leurs devoirs, que cette mission devait être réservée aux parents qui étaient alors de vrais parents. Non ce n'est pas possible, les parents d'aujourd'hui valent bien ceux d'hier, ils n'ont pas abdiqué, ils ne sont pas dépassés, ils assurent. Enfin pas tous ! Mais la vie est si difficile pour certains, ils ont des excuses, des tas de raisons pour laisser dériver leur progéniture. Le chômage, la précarité, un divorce et la liste est longue. Il faut les comprendre ce n'est pas de leur faute, ils ne sont pas responsables. Alors ils sont irresponsables et lâches car bien des parents en très grandes difficultés savent éduquer leurs enfants et en faire des adultes. 

Mais peut-être y avait-il d'autres explications à la fin de la morale en 65. Des salles de classe avec trop d'élèves, des instituteurs surchargés de travail, un changement de mentalité, nous n'étions pas très loin de Mai 68 et l'on sait qu'"après 1968 parler de valeurs et plus encore de morale semblait archaïque". Mais on peut aussi se poser la question de l'autorité des instituteurs à cette époque et faire la comparaison avec les professeurs de maintenant. Les anciens étaient-ils meilleurs ou avaient-ils simplement un atout que n'ont plus les tous les profs d'aujourd'hui. La confiance et le soutien des parents d'élèves.

Pour autant l'enseignement de la morale à l'école n'est pas une tare et peut avoir son utilité surtout pour des jeunes sans repère. A condition toutefois qu'il n'étouffe pas et qu'au contraire il ouvre l'esprit des élèves. D'où la nécessité d'avoir des enseignants bien formés, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle


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