Moralisez-vous !

par credohumanisme
samedi 6 avril 2013

Les exigences des citoyens envers leurs hommes politiques dépassent légitimement les lois pénales.

Moralisez-vous !

Les exigences des citoyens envers leurs hommes politiques dépassent légitimement les lois pénales.

« Cahuzac : nous avons respecté la présomption d’innocence », « Jean-Jacques Augier : rien d’illégal à détenir des comptes aux iles Caïman », « DSK : un problème de comportement personnel ».

Peut-être ! Mais ces réponses ne répondent pas aux questions implicites des français.

Par le vote démocratique, le peuple conclut avec ses élus (et secondairement avec ceux nommés par eux), un contrat tacite qui transcende le droit pénal : « Nous vous choisissons car nous vous croyons, car nous respectons les compétences dont vous vous prévalez, car nous pensons partager des valeurs communes.  »

Quand deux entreprises ou deux individus consentent un lien contractuel (y compris quand le contrat est tacite), si les conditions qui ont été posées pour ce lien ne sont plus remplies, le contrat n’est plus valable.

Lors d’un problème dans ses relations avec ses clients, l’entreprise est responsable. Peu importe que les coupables soient ses employés ou ses sous-traitants.
Si j’aime les chevaux et si je n’aime pas le cheval il est plus que légitime que je cesse d’acheter des lasagnes Findus même si Findus n’est pas coupable au regard des lois.

Même s’il n’a commis aucun crime, aucun délit je peux divorcer de mon conjoint si la relation ne me convient plus.

Au-delà de l’aspect pénal des affaires ce sont des questions d’ordre moral qui se posent.

Est-il moralement justifiable que Moscovici mène, avec les moyens de son (de notre) administration une enquête parallèle strictement limitée aux questions susceptibles de valider la thèse de l’innocence, alors même qu’une enquête est déjà en cours ? Est-il moralement normal que ces « informations » soient distillées dans la presse qui fait ses gros titres sur « La Suisse innocente Cahuzac » ? Qui a organisé les fuites pour faire connaître ces conclusions douteuses ?

(Voir par exemple à ce sujet l’article du journal Suisse Le temps : http://www.letemps.ch/Page/Uuid/273fb394-9d61-11e2-8486-6a361ad02508/Bercy_lerreur_qui_d%C3%A9range#.UV6zjzeg6Hg )

Est-il moralement justifiable que le Premier Ministre et le Président de la République soient entourés de personnages douteux ? Certes il n’est pas illégal de posséder des comptes aux iles Caïman (encore faut-il qu’ils soient déclarés), certes il n’est pas illégal d’avoir des amis d’extrême droite et de leur confier des affaires. Mais peut-on encore se revendiquer trésorier de campagne, se faire croire socialiste ? Peuvent-ils simplement se laver les mains des fautes de ceux qu’ils choisissent ? « Nous ne savions pas », disent-ils mais cela même est une faute.

Le principe de la présomption d’innocence a bon dos en politique. Ce principe est certes respectable mais il n’empêche nullement quand les soupçons sont forts d’agir pour protéger.

Pour d’autres délits, il existe la détention provisoire, pourquoi en politique ne serait-il pas possible de demander un retrait préventif, imposer une démission (éventuellement temporaire).

Un journal met un certain nombre d’éléments sur la place publique, un enregistrement accablant est authentifié par celui qui l’a transmis et celui-ci en informe, dit-il, l’Elysée.

Le 19 mars Hollande indique dans un communiqué officiel de l’Elysée qu’il a décidé de mettre « fin aux fonctions de Jérôme Cahuzac, à sa demande » et il « salue la décision qu’il a prise de remettre sa démission de membre du Gouvernement pour mieux défendre son honneur ».

Dans son allocution du 3 avril, il dit : "Il a quitté le gouvernement à ma demande."

Départ à la demande de Hollande ou à la demande de Cahuzac ? Mensonge le 19 mars et vérité le 3 avril ou le contraire ? Pas un journaliste ne pose la question de savoir pourquoi Hollande a menti.

Et s’il dit la vérité le 3 avril, comment François Hollande concilie-t-il la démission qu’il aurait demandée à Cahuzac alors qu’en même temps il dit respecter la présomption d’innocence ? Et s’il était possible de ne pas respecter la présomption d’innocence pourquoi alors ne pas avoir demandé son départ plus tôt ?

A ces contradictions il n’y a guère qu’une réponse possible. Il était parfaitement informé (Le Monde indique d’ailleurs l’existence d’une « note blanche » transmise à l’Elysée) mais a cru, à tort, pouvoir dissimuler la situation.

Les sondages montrent bien que, même au-delà des affaires, le contrat entre les français et leurs politiques est rompu. Il est temps que, au-delà des sondages, l’obligation morale, la « République irréprochable », la « République exemplaire » soient inscrites dans les faits.

On apprend aujourd’hui http://lci.tf1.fr/politique/jerome-cahuzac-depute-7914443.html que Cahuzac souhaite rester député. Est-il normal qu’aucun texte (à ma connaissance en tout cas) ne l’en empêche ?

Il existe pour cela plusieurs pistes, qui ne sont pas exclusives les unes des autres. Il est impératif que tous les hommes politiques honnêtes (il y en a) s’en saisissent et les mettent en œuvre.

- Mettre en place une commission d’enquête parlementaire sur la moralité publique

- Imposer une « enquête de moralité » pour tous les politiques en place

- Lancer d’urgence une vaste campagne de contrôle fiscal, un « examen de la situation fiscale d’ensemble » pour tous les ministres, députés, sénateurs. Ceci dans le but de vérifier, en particulier, la sincérité des déclarations patrimoniales effectuées à l’occasion de leur entrée en fonction.

- Instituer un délit de parjure très sévèrement réprimé.

- Délimiter soigneusement tout ce qui ressemble à des conflits d’intérêts. La mission Jospin avait présenté des pistes intéressantes dans ce domaine.

- Et peut-être comme le réclament certains, dissoudre l’assemblée et essayer de mettre en œuvre une 6ème République.

Etre dirigeant politique confère des avantages, être dirigeant politique devrait être une vocation. Un dirigeant digne de ce nom met ses capacités au service de ses convictions et de la société. Il ne met pas la société et des convictions affichées au service de ses intérêts. Accepter un peu de transparence devient une exigence.

Il faut aujourd’hui créer un vrai « Choc de Moralité Publique » .


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