Mort d’un počte ŕ Gaza
par Mohamed Belaali
vendredi 15 décembre 2023
Rifaat Alareer était traducteur et professeur de littérature anglaise à l'Université Islamique de Gaza, elle aussi bombardée par l'armée d'occupation. Il enseignait Shakespeare, Thomas Wyatt, Wilfred Owen et bien d'autres poètes et écrivains britanniques, mais aussi israéliens commeYehuda Amichaï. Parmi ses écrits, on peut citer "Gaza Unsilenced", "Gaza writes back" qui ne sont toujours pas traduits en français.
Il était l'un des cofondateurs du projet "We are not numbers" jumelant des auteurs de Gaza à des mentors à l'étranger qui les aidaient à écrire des récits en anglais sur leur réalité.
Contre la barbarie israélienne, Rifaat Alareer opposait sa seule et unique arme, sa poèsie. Une poésie simple, émouvante, populaire et tragique, mais elle dérangeait. Il fallait donc étouffer la voix du poète comme les phalangistes fanatiques ont étouffé celle de Federico Garcia Lorca en 1936 près de Grenade.
Sa mort restera comme un témoignage éloquent et tragique à la fois des profondes injustices infligées au peuple palestinien.
"Si je dois mourir" était son dernier poème :
Si je dois mourir,
tu dois vivre
et raconter mon histoire
vendre mes affaires
acheter un bout de tissu
et quelques morceaux de ficelle,
(fais en sorte qu’il soit blanc avec une longue queue)
pour qu’un enfant, quelque part à Gaza
en regardant droit vers le ciel
alors qu’il attend son papa emporté dans une explosion –
sans faire ses adieux à personne
ni à sa chair
ni à lui-même –
pour qu’il voie le cerf-volant, mon cerf-volant, celui que tu as fait, prendre
son envol
et qu’il pense alors qu’un ange est là
venu ramener l’espoir
Si je dois mourir
que cela ramène l’espoir
et que cela devienne un conte
Le poème est lu ici par l'acteur britannique, Brian Kox :
Mohamed Belaali