Moubarak dehors : Les « Auvergnats » entrent dans l’histoire

Champagne ! Après la Tunisie, c'est l'Egypte qui bascule du coté lumineux de la Force. Tel le printemps des peuples européens de 1848, les révolutions démocratiques arabes se répandent comme une trainée de poudre dans le Maghreb et le Proche-Orient. En quelques semaines deux des despotes les mieux boulonnés de la planète, les sinistres Ben Ali et Moubarak, ont été arrachés de leur piédestal à coups de pieds dans le cul sous la pression de peuples éclairés. L'égalité des droits et des devoirs, la liberté de la presse et d'expression, le pluripartisme, tout cela exigé au sud de la Méditerranée, qui l'aurait espéré il y a encore un mois ?

Certainement pas la coterie de néoconservateurs qui parasite notre beau pays depuis maintenant quatre ans, cette bande de spectres réactionnaires toute droite surgit des limbes du XIXe siècle qui sert de cour à Nicolas Sarkozy. Non, ces gens-là n'ont rien vu venir ni rien senti, perdus qu'ils étaient, figés dans le discours de Dakar, selon lequel « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire ». Affirmation définitive, péremptoire, honteuse et colonialiste mais bien utile pour excuser leurs relations incestueuses et aéronautiques avec les pires crapules de la création.

Révolution copernicienne

Comment les Sarkozy, les Fillon, les Alliot-Marie et les Hortefeux, confortablement assis sur leurs préjugés moraux et raciaux, leurs privilèges, pouvaient-ils imaginer qu'une bande d'arabes, fusse-t-elle éduquée, était capable d'aspirer aux plus hautes valeurs morales portées par l'humanité, « Les Lumières » ? Las, ils ne le pouvaient pas ces obscurantistes, empêtrés qu'ils étaient dans leur débat nauséabond sur l'identité nationale, cette farce électoraliste abjecte qui prétendait que tous les musulmans étaient des bêtes sauvages, des barbus sanguinaires avides de Djihad, des « Auvergnats », des « bougnoules ». On imagine ce soir l'ampleur de la révolution copernicienne qui doit torturer leurs esprits embrumés. L'homme arabe, ce bouc émissaire parfait, ce repoussoir idéal, ce portrait robot de délinquant, cette moitié d'humanité égarée quelque part entre le singe Bonobo et l'homme blanc occidental, serait-il lui aussi doté de la Raison ? Serait-il autre chose que la caricature du moudjahidine égorgeur d'enfants fantasmé par la guerre de civilisation voulue par le crétin George W. Bush ? Mieux, se pourrait-il qu'il soit un être sensible, comme nous ? Si tel était le cas, la prochaine campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy se trouverait de fait amputée d'un thème majeur, celui du danger « Auvergnat ».

Certes les bien pensants pantouflards du Tout-Paris rétorqueront que dans toute révolution guette le péril totalitaire ; nous leur répondrons que le choix de la liberté vaut bien de prendre tous les risques. Souvenez-vous de Valmy, chroniqueurs de salons ! Ce matin la réaction conservatrice de nos « amis » républicains de Washington se prend le vent de l'histoire en pleine face. C'est si bon de voir des imbéciles mordre la poussière, ne serait-ce que pour un temps. Vive la Révolution, vive la Liberté !