Moyen-Orient : un conflit « sans issue » ?

par Jean Dugenêt
mardi 8 juin 2021

La nouvelle flambée du conflit au Moyen-Orient entre le peuple palestinien et Israël soulève à nouveau les questions habituelles : quand cette situation pourra-t-elle prendre fin et quand y aura-t-il la paix dans cette région  ? Les années passent et les massacres du peuple palestinien se répètent.

La presse explique souvent qu’il n’y a pas d’issue possible au conflit comme s’il était inéluctable que la situation perdure éternellement puisqu’elle a déjà beaucoup duré. Chacun fait porter la responsabilité à l’un des protagonistes voire même aux deux.

Pourtant, il existe bel et bien une issue pour mettre fin à cette guerre, pour parvenir à la paix et à la coexistence entre les peuples de la région.

Disons-le d'emblée, le grand obstacle à la fin du conflit est l'existence de l'État d'Israël. Le sionisme a occupé militairement le territoire palestinien, perpétré un génocide et contraint à l'exil ses habitants arabes ancestraux. Une enclave raciste a été installée, créée artificiellement, il y a plus de soixante-dix ans et soutenue inconditionnellement par l'impérialisme américain et européen. C'est pourquoi la seule solution est la dissolution de cet État raciste et la création d'un État unique, laïc, non raciste, doté de tous les droits démocratiques pour tous ses habitants dans le territoire historique de la Palestine.

Qu'est-ce qu'Israël ?

La solution est liée à l'origine du conflit. Pendant des siècles, une large majorité arabo-musulmane a vécu pacifiquement en Palestine avec une minorité juive et une minorité chrétienne. Le XXᵉ siècle a vu l'invasion sioniste, légalisée par l'ONU, qui a approuvé en 1947, la création de l'État d'Israël et décrété une "partition" du territoire palestinien, donnant naissance à l'utopie réactionnaire de "deux États". L'ONU a béni, tout comme le Vatican, l'expropriation de 55% des terres de leurs propriétaires palestiniens ancestraux. Des millions de Palestiniens ont été expulsés de leurs terres.

Même ce projet réactionnaire de mise en place de deux Etats n’a pas été respecté par les sionistes qui, dans une guerre féroce, ont balayé le projet d'État palestinien et pris le contrôle de presque tout le territoire, à l'exception de la Cisjordanie, qui est restée sous le contrôle de la monarchie jordanienne. Israël est né d'un génocide et d'un nettoyage ethnique entre 1948 et 1949.

Le sionisme et l'impérialisme ont utilisé l'horreur provoquées par l'holocauste nazi sur les Juifs pour installer le mensonge de leur slogan "un peuple sans terre pour une terre sans peuple". La terre de Palestine n’a jamais été une terre sans peuple. Ils ont rasé les villages palestiniens. C'est ainsi que fut installé un État artificiel, une enclave impérialiste, armée jusqu'aux dents pour contrôler et soumettre les peuples arabes.

Dans les années 1960, la résistance palestinienne s'est accrue et a été canalisée par l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP), dirigée par Yasser Arafat, qui rejetait l'existence d'Israël et exigeait le retour de son peuple dans une "Palestine laïque, non raciste et démocratique". Malheureusement, en 1993, Arafat et l'OLP ont abandonné cette revendication, trahissant leur peuple et ils ont signé les accords d'Oslo avec Israël en présence du président américain Bill Clinton. Avec ces accords, une "reconnaissance mutuelle" a été convenue. En échange, Israël a promis d'accepter un État palestinien dans cinq ans. Ainsi, le mensonge de la création de "deux États" a été ravivé. L'OLP est devenue l'Autorité Nationale Palestinienne (ANP).

Près de trente ans se sont écoulés depuis ces accords et il n'y a pas toujours pas d'État palestinien. Les représentants de l'ANP reconnaissent eux-mêmes leur échec alors qu'ils ne prétendaient même pas retourner dans les territoires historiques, puisqu'ils ont accepté à Oslo « un État sur seulement 22% de la Palestine historique à savoir : la bande de Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, occupée par Israël depuis 1967 ».

L'utopie réactionnaire des "deux États"

Beaucoup ont cru, et continuent de croire, à ce mensonge des "deux États" comme issue possible. Les faits ont montré une fois de plus qu'il s'agit d'une farce et d'une utopie réactionnaire, car elle sert à soutenir l'État raciste d'Israël.

L'État d'Israël n'a jamais respecté ce qu'il a signé à Oslo et s'est consacré à la politique de "colonisation" de la Cisjordanie avec plus de 400 000 colons et la construction d'un mur d'environ 700 kilomètres, qui divise les villes (Hébron, Bethléem, entre autres). Il a annexé 20% du territoire à Israël. En outre, il s'est emparé de ressources de base comme l'eau et il soumet les Palestiniens à toutes sortes de contrôles militaires, de restrictions de mouvement, de couvre-feux et de répression. Il y a des milliers de prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes. Gaza est soumise à un blocus criminel et est totalement isolée de la Cisjordanie. Israël n'a retiré les colons de la région que pour pouvoir la bombarder, comme il le fait actuellement.

Il est impossible qu'un État palestinien coexiste avec un État envahisseur raciste et expansionniste qui veut écraser militairement le peuple palestinien afin de maintenir et d'étendre sa domination territoriale. Israël opère un véritable nettoyage ethnique prétextant une campagne pour la "sécurité" d'Israël qui serait "victime" de prétendus "agresseurs extrémistes" et terroristes. Israël est un État d'apartheid pour les Palestiniens. Il s'est déclaré "État juif" et a publié, par exemple, une loi qui stipule qu'un Juif peut saisir une terre en Cisjordanie, à Gaza ou à Jérusalem et que le propriétaire palestinien est obligé de partir, en recevant une compensation fixée par l'État d'Israël.

Pour toutes ces raisons, la seule issue, la seule solution, est de poursuivre la résistance palestinienne et la solidarité internationale jusqu'à ce que cet État raciste et de nettoyage ethnique soit dissous. La seule solution est de créer un État unique, laïc, non raciste et démocratique sur tout le territoire historique de la Palestine, où les exilés palestiniens et leurs familles pourront revenir et vivre ensemble en paix et avec les pleins droits d'égalité, indépendamment de la religion ou de l'origine ethnique.

C'est un combat difficile, mais il est réalisable. Comme cela s'est produit en Afrique du Sud à la fin du 20ᵉ siècle, où l'État d'apartheid de la soi-disant "République boer" qui ségréguait la majorité noire a été vaincu et détruit. Cela fut possible grâce à la résistance du mouvement antiraciste sud-africain et à la lutte internationale pour isoler et boycotter le régime raciste.

Il s'agit d'une lutte non seulement du peuple palestinien, mais de tous les peuples arabes ou non du monde entier. Il faut une mobilisation internationale pour défendre le peuple palestinien, dénoncer les crimes d'Israël et soutenir la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) à l'égard d'Israël, exigeant des gouvernements et de toute organisation sociale, culturelle ou sportive de rompre toute relation avec l'État raciste d'Israël.

 

D’après un article de Miguel Sorans, membre de la direction d'Izquierda Socialista (Argentine) et de l'UIT-QI (Union Internationale des Travailleurs – Quatrième Internationale)

 


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