Municipales, macabre naufrage

par Bernard Dugué
lundi 31 mars 2014

J’ai vaguement écouté les commentaires des caciques de la politique sur le résultat des municipales 2014. Des bavardages sans intérêt et le sentiment que la politique reste ce qu’elle a toujours été, une conquête de pouvoirs, nationaux ou locaux, motivée par des idéaux pour le meilleur et pour le pire, ou très souvent motivée par des intérêts personnels. Difficile de trancher entre l’opportunisme intéressé et le sens du devoir républicain. Dieu reconnaîtra les siens comme dit l’adage.

photo par ysis-photos http://www.flickr.com/photos/ysis-photos/
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Drôle d’impression que ces gens de la politique qui commentent ce qui en vérité est un non événement. Parce qu’il n’y a eu aucune surprise ni rupture. Les élections municipales sont dans la droite ligne du marasme politique qui se dessine depuis 25 ans. La gauche a perdu Toulouse et gardé Strasbourg. La droite a emporté des dizaines de villes, comme la gauche le fit en 2008 avec comme explication la sanction de la politique du gouvernement en place. C’était Sarkozy, c’est maintenant Hollande. On pourra toujours scruter quelques phénomènes locaux sur les Verts ou le Front de gauche, rien de bien spectaculaire. Juste des contingences locales qui n’ont aucune valeur interprétative sur le plan national, pas plus que les résultats du Front national, qui ne récupère que quelques villes, comme naguère, avec Orange, Toulon et Marignane. Les électeurs tentés par le FN savent très bien ce qu’ils risquent, sauf quand en majorité ils n’ont rien à perdre, comme à Hénin-Beaumont, ou rien à gagner, comme à Fréjus, ville de retraités nantis. La politique dévoile les ressorts de l’humain. Et ces élections ne donnent aucun signe sur le message des Français. Il n’y a que les médias de masse qui veulent y trouver un oracle et les politiciens qui veulent y voir un message qui pour les uns ne veut pas être vu et pour les autres est complètement tronqué tant ce monde de la politique est narcissique et croit que le message des citoyens correspond à ce qu’il veut entendre.

Les médias aiment gloser sur les remaniements, les pronostics, les têtes qui tombent. Les politiciens sont dans le même trip, lorgnant sur les amis et les ennemis, se réjouissant du malheur des uns et se plaisant à voir les alliances jouer en leur faveur. Un macabre jeu, comme l’humanité en a connu, depuis la chute d’Alexandre jusque à l’Occupation en passant par la Terreur. Les jeux sont devenus plus doux. N’empêche que les agités ne cessent de troubler la raison, invoquant des changements de cap dans la politique ou un remaniement qui est en vérité un reniement. La politique n’a plus aucune marge de manœuvre sur le plan des moyens. Le pacte de responsabilité représente le suicide d’une nation qui ne sait plus où elle va et qui voit dans la compétition économique le salut de son peuple alors que c’est le naufrage qui se dessine. Parce que la situation actuelle est la conséquence de la politique qui privilégie une classe aisée et qui accomplit le dessein de domination de l’humanité qui en vérité est universel. Les élites sont déchues, les citoyens aussi et c’est pour cette raison que le système continue à fonctionner. Ce qui est universel, ce sont les droits de l’homme dans un univers idéal et c’est la puissance des dominants sur les dominés dans l’univers réel. Tant que le citoyen n’aura pas compris où il a été placé avec sa complicité et complaisance, on en restera à ces jeux politiciens macabres et misérables.

Le cirque médiatique consécutif à ces élections municipales de 2014 ne se distingue pas de ce qu’on a connu depuis 25 ans. Le naufrage est devenu la marque de fabrique des pays européens. Sans doute, l’humanité est destinée au naufrage, à la perdition, à la déchéance, mais elle a aussi les moyens du salut et de la rédemption. Dans un monde qui certainement n’a pas les mêmes règles morales que celui de la politique. La civilisation des hommes sauveurs est à l’ordre du jour, mais la nuit gagne la société des hommes intéressés par leur salut individuel. Tel est le drame de notre époque. Je n’en connais pas la solution. Je contemple le naufrage de ces commensaux de la politique qui se taquinent et se jaugent sans comprendre que dans le contexte actuel, les solutions pour la croissance et l’emploi sont illusoires. Les politiciens sont des illusionnistes et les citoyens aiment croire aux tours de magie, pas tous mais c’est ce qui ressort de ces élections municipales.

 


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