Mythe et réalité de l’épidémie : pourquoi le confinement général était une lourde erreur

par Le Conteur Jeager
dimanche 17 mai 2020

 

Churchill disait : "Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées." Ces propos sont certes polémiques. Il n'en reste pas moins qu'une statistique n'est vraiment significative que si elle porte sur des populations homogènes. Or la mortalité du Covid-19 est extrêmement variable selon les âges. Cela a été constaté partout. Partant de ces deux constats, il m'a paru possible de procéder à un examen du nombre de morts de cette pandémie par classe d'âge par rapport au nombre des Français. Et de comparer les résultats obtenus pour tenter d'en tirer une analyse de la pertinence des choix faits par le gouvernement français. 

 

A/ Rappels liminaires

660.000 personnes meurent chaque année en France, soit 1.800 par jour en moyenne, avec des pics de mortalité pendant les périodes où sévissent bien des maladies contagieuses.

En 2017-2018, l'épidémie de grippe a tué 13.000 personnes dont 93% avaient plus de 65 ans. Il faut noter que 45% des patients en réanimation étaient vaccinés.

Notons également que cette épidémie avait été moins meurtrière que celle de l’année précédente.

L'approche par les chiffres qui suit sera peut-être considérée comme scabreuse et pourra choquer certains. Mais ceux-là, s'il y en a, devraient se rappeler que de mêmes chiffres nous ont été assidûment présentés depuis des semaines par des figures marmoréennes nous les assénant d'une voix sépulcrale à heures fixe au moment du repas du soir.

 

B/ Distribution des personnes décédées du coronavirus (Covid-19) en France du 1er mars au 12 mai 2020, selon la tranche d'âge


                                         %        Nombre       Morts                        Population
                                  des morts    de morts      EHPAD      Totaux       Hexagone            %

Moins de 15 ans  :             0 %          0                                0           12.208.955           0
15 à 44 ans        :             1 %         170                            170         22.390.318      0,00076
45 à 64 ans        :            10 %        1.700                         1.700       16.845.346      0,01000
65 et plus           :            89 %       15.130       10.100      25.230      13.453.335      0,18753
Totaux                :         100 %        17.000      10.100       27.100      64.897.954      0,04176

 

 

C/ Constats

 

1/ Remarque sur les chiffres.

Les chiffres sont arrêtés au 12 mai 2020. Depuis cette date, ils n'ont fait que légèrement augmenter, du fait d’un net fléchissement du rythme de l'accroissement. Ils avaient augmenté fortement quand les statistiques officielles avaient fini par y intégrer le nombre de morts en EHPAD, jusque-là superbement ignorés par le ministre de la Santé et M. Salomon... « Cachez-moi donc ces malsains que je ne saurais voir ».

Notez bien que le constat qui suit ne serait pas modifié significativement par l’inclusion des morts "en ville", c'est-à-dire des morts à domicile, leur nombre venant, plus que probablement, augmenter en proportion les nombres par tranches d'âge.

 

2/ Pourquoi tirer le pourcentage des morts par rapport à la population ?

Premièrement, car nous faisons partie des Français et pas des seuls malades hospitalisés.

Deuxièmement, car l’on n'a pas d'idée précise du nombre de personnes contaminées. 

Un pourcentage de morts calculé sur les seuls malades hospitalisés est donc nécessairement élevé. Il ne rend pas compte de la létalité réelle du virus, et ne peut qu’amplifier de manière infondée l'inquiétude des populations.

 

3/ La disproportion entre le confinement de 64 millions de Français de l'Hexagone et le pourcentage de morts par rapport à la population est criante.

Plus on descend en âge, plus cette disproportion s’accroît. Corrélativement, plus on monte en âge, plus le risque est grand de souffrir d’une forme aggravée de cette maladie. Ainsi finissons-nous tous par mourir...

Cette fragilité aggravée est, soit dit en passant, une servitude de l’âge en matière de toute maladie. Je m’empresse de préciser, pour ce dernier point, que cela ne m’indiffère nullement, mais que le soudain émoi que provoque cet évident constat m’effare. L’ignorions-nous ? L’avions-nous oublié ? L’occultions-nous ? Ou, tout simplement, l’époque est-elle à l’expression facile d’une commisération souvent de simple façade, l’individualisme exacerbé ne poussant pas à la vraie condoléance ?

 

4/ Du bien-fondé (ou pas...) du confinement général

Cet éclairage étant donné, se pose la question du bien-fondé du confinement général qui a été imposé aux Français.

Confiner les 51 millions de personnes de moins de 64 ans qui, au 12 mai 2020, comptaient 1.870 morts du Covid-19, était-ce bien raisonnable ? Ou, pire dans l’erreur, en confiner 34 millions de moins de 44 ans qui, à la même date, en comptaient 170 ? À ce compte-là, bien des activités devraient être à tout jamais interdites. Un exemple : les 1000 noyades par an en France devraient conduire à interdire la baignade ?

Lutter contre un risque n’est envisageable que si ce risque est d’importance. Or, 1.870 morts de moins de 64 ans au 12 mai 2020, voire 3.000 morts au terme de l'épidémie, sur 51 millions d’individus, est-ce significatif ? De plus, c’est dans cette tranche d’âge que se trouvent la plupart des gens productifs. Il était inévitable qu’il en résultât la paralysie de l’économie.

En outre, et beaucoup l’ont souligné, les risques mortels (suicides, petits meurtres en familles, etc.) ont sans doute connu une forte aggravation du fait des grandes difficultés économiques engendrées, non par la pandémie elle-même comme certains se plaisent à le dire, mais par le confinement général.

 

5/ Pour autant fallait-il ne pas confiner ?

D'une manière générale, le confinement répond à un premier objectif : ralentir la propagation de la maladie. Or cet objectif est discutable, puisque certains infectiologues considèrent que la pandémie s’arrête quand le pourcentage de personnes contaminées est suffisamment élevé. Mais ce confinement s’imposait par ailleurs pour limiter l’engorgement des services de réanimation des hôpitaux.

Le confinement répond à un second objectif : éviter que les sujets à risque soient contaminés par les porteurs asymptomatiques.

Mais au risque de se répéter, il fallait agir où se situait le risque, bien identifié suffisamment longtemps avant que la pandémie ne nous atteigne. C’est-à-dire d’abord dans les EHPAD, puis chez les personnes âgées hors EHPAD, et chez les personnes à risque de tous âges, grâce à leur signalement, spontané ou par leurs entourages.

Certes, les moyens matériels manquaient. Mais en réduisant ainsi tout à la fois la population confinée et la nécessité d’une forte prophylaxie, l’efficacité et le développement des moyens dont disposait la France auraient été sans aucun doute bien plus grands. 

Nous sommes en guerre à en croire le président de la République, et c’est une fâcheuse habitude de nos états-majors de disperser nos moyens par un saupoudrage causant ainsi leur inefficacité.

 

6/ La fin du confinement, oui, mais comment ?

L’économie commande, car derrière ce mot galvaudé se cache avant tout la nécessité de produire pour se nourrir et satisfaire ses divers besoins.

Après avoir déclaré crânement que la vie compte plus que tout (j’insiste : comme si individuellement elle ne devait pas inévitablement prendre fin...), le gouvernement est contraints de déconfiner alors que l'épidémie n'est pas achevée.

Il fallait, certes, commencer de déconfiner. Mais cette obligation était l’occasion de revenir sur les errements ici amplement décrits. Or l’erreur se perpétue.

En France, distinguer entre les départements pour en maintenir certains dans le confinement général est une absurdité en soi, car les inconvénients de cette mesure s’y trouvent maintenus alors que les moyens prophylactiques continueront d’y être insuffisants malgré les déclarations officielles qui se veulent rassurantes.

 

D/ Comment cela va-t-il finir ?

Oh ! cela finira bien. Et cela ne fait aucun doute.

En effet, des pandémies plus meurtrières eurent lieu dans un passé somme toute assez récent. Pour y faire face, les politiques ne prirent pas de mesures particulières. Or ces pandémies cessèrent d'elles-mêmes.

À moins que, comme on l'a dit, le confinement général n’ait qu’aggravé le mal, le faisant traîner indéfiniment en ralentissant la propagation du virus !

Le confinement général a porté à l'économie française un coup d'une rare violence. Le recul nous permettra d'en mesurer l'ampleur, concernant tant le niveau de vie des populations que les acquis sociaux déjà largement rognés depuis la chute du mur de Berlin.

 

E/ Conclusion

Gageons que cette tendance à l'abandon de ces acquis sera parée opportunément des oripeaux de la nécessité.


Lire l'article complet, et les commentaires