Najat Belkacem fut-elle un bon ministre ?

par Jean Beaumont
jeudi 3 août 2017

Najat Belkacem naît en 1977 à Beni Chiker, village marocain berbère. Elle est d'ascendance marocaine et algérienne principalement, et a six frères et soeurs. En 1982, avec sa mère et sa sœur aînée, elle rejoint son père dans le cadre du fameux regroupement familial instauré par Giscard. Le papa est ouvrier dans le bâtiment à Abbeville et elle passe la majeure partie de son enfance à Amiens, ville d’où est aussi originaire Emmanuel Macron… À l'âge de 18 ans, elle est naturalisée automatiquement, comme tous ses coreligionnaires, tout en gardant la nationalité marocaine, qu’elle ne reniera jamais. En 2000, elle obtient un diplôme de Sciences-Po, mais échoue à deux reprises au concours de l'ENA. C'est dans cette période qu'elle rencontre le sieur Boris Vallaud, avec qui elle se mariera cinq ans plus tard. Parents de jumeaux (un garçon et une fille), le couple choisit pour sa progéniture des prénoms à la fois arabes et français.

Najat Belkacem entre bientôt au PS et rejoint, en tant que chargée de mission, en 2003 l'équipe de Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon. Elle devient la troisième porte-parole de Ségolène Royal, à L'élection de 2007. Candidate du Parti socialiste aux élections législatives qui suivent, elle échoue. En décembre 2007, elle est élue « Lyonnaise de l'année » par le magazine Lyon Capitale, en compagnie du footballeur Karim Benzéma. Lors de la candidature de Ségolène Royal à la Primaire de 2011, elle est de nouveau promue porte-parole.

L'homme en scooter Hollande, après sa victoire et sa désignation comme candidat du Parti socialiste à la présidentielle de 2012, nomme l’ambitieuse Najat porte-parole de la campagne présidentielle. Les portes du pouvoir sont désormais proches. Le 16 mai 2012, Najat Vallaud-Belkacem est nommée ministre du droit des femmes et porte-parole dans le gouvernement du terne Ayrault. Elle deviendra par la suite ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports le 31 mars 2014 à l’occasion de l'éviction du Nantais (premier gouvernement Valls) puis ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche le 25 août 2014 (dans le gouvernement Valls 2). 

Elle est l'une des six personnalités à avoir participé à l'ensemble des gouvernements Hollande, on note que lors de la polémique de l'été 2016 sur le burkini, elle condamnera sans appel les arrêtés municipaux anti-burkinis. 

Najat Vallaud-Belkacem est donc nommée ministre de l'Éducation dans le gouvernement Valls 2, et devient ainsi la première femme de l'histoire de la République à être nommée à ce poste. Et c’est là qu’on va mesurer avec précision son désir de remodeler de fond en comble le modèle français avec un prisme idéologique, celui du concept mythique (et parfaitement contraire au mérite et au travail) de l'égalité.

Sa première réforme, en décembre 2014, est celle de l'éducation prioritaire, pour « réduire les inégalités sociales ». Quatre critères sont définis : pourcentage d’élèves issus des « catégories sociales les plus défavorisées  », pourcentage d’élèves « issus des zones urbaines sensibles », etc. Dans les faits, il s’agit de racisme diffus, où le fils d'immigré est récompensé à ce seul titre, qu’il fût travailleur ou paresseux chronique. Si l'intention est louable, le résultat est absurde puisque le fait d'être X ou Y vous propulse aveuglément dans la classe supérieure sans tenir compte de votre niveau.

Sur les questions de voile, on note du reste qu’elle autorise la participation des mères voilées lors des sorties scolaires. En avril 2016, elle contredit le Premier ministre Manuel Valls (qui souhaitait, lui, l'interdiction du voile à l'université). Hollande donnera raison à Najat et désapprouvera Valls.

Najat Vallaud-Belkacem présente en avril 2015 une réforme de l'enseignement au collège destiné à « lever les difficultés rencontrées par les élèves  ». Entrée en application en septembre 2016, la réforme "introduit davantage d’accompagnement personnalisé des élèves, d’autonomie laissée aux équipes pédagogiques, des enseignements pratiques interdisciplinaires croisant plusieurs disciplines autour de thématiques transversales et renforce l’apprentissage des langues étrangères". Ce baratin recouvre les réalités suivantes : annulation dans les faits de l'enseignement du Latin et du Grec, possibilité d'enseigner l’arabe dès l’école maternelle.

Cette réforme sera très critiquée par les enseignants de Latin et de Grec, qui de facto perdent leurs élèves - les procédures de volontariat étant très complexes - et par de nombreux écrivains, même de gauche !! Pour toute réponse, Najat les qualifie de « pseudos-intellectuels ».

Suit dans la foulée une réforme des programmes d’histoire : cette refonte sauce Najat, mystérieusement, ne met pas outre mesure en valeur notre pays. La nouvelle lecture du passé Français donne lieu à une intense polémique. Analysant les nouveaux programmes, même le réservé Pierre Nora (de l'Institut, historien de gauche aussi !) y voit « une forme de culpabilité nationale qui fait la part belle à l’Islam, aux traites négrières, à l’esclavage et qui tend à réinterpréter l’ensemble du développement de l’Occident et de la France à travers le prisme du colonialisme et de ses crimes ». 

Fin 2015, Najat, décidément en verve, lance une campagne nationale visant à « lutter contre l'homophobie dans les établissements scolaires  ». L’enseignement de pratiques inconnues d'eux étant ainsi dispensé aux élèves du primaire, le retrait d’élèves de l’école publique par de nombreux parents suit l'initiative. Najat est chargée d'ailleurs des «  questions de société et des droits des personnes lesbiennes, gay et transgenres (LGBT) » au sein du Part Socialiste. Sur les questions des droits des personnes LGBT, elle défend l’ouverture de l’adoption de plein droit aux couples homos, y compris par insémination. Ceci est son droit le plus strict, mais - afin de « lutter contre les stéréotypes de genre » - la ministre Hollandaise met en place les célèbres « ABCD de l'égalité » qui seront enseignés de manière expérimentale en 2013 dans quelque 500 classes du primaire. Ils seront abandonnés ensuite devant le tollé général, y compris de nombreux enseignants.

Cessons-là d’énumérer les exploits divers de l'ex-député. Dévorée d’ambition (elle a eu le temps d’écrire une autobiographie louangeuse pendant ses activités de ministre, et possède un site internet luxueux dédié à sa propre gloire), ne dédaignant pas soutenir la cause du voile, elle ne laisse pas un bon souvenir à ceux qui l'ont côtoyé.

Le suffrage universel a puni sèchement les cinq années chaotiques de Hollande. Reste au successeur de Najat une lourde tâche : détricoter - comme jadis Valls le fit avec les lois Duflot - les aberrations mises en place par elle.

 

Jean Beaumont

http://le-blog-politique-de-jean-beaumont.mozello.fr/   


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