Natalité versus dénatalité

par sejo vieira
mardi 20 août 2013

Dieu bénit Noé et ses fils et leur dit : « Soyez féconds, multipliez-vous et remplissez la terre. Tous les animaux qui se meuvent sur la terre et tous les poissons de la mer, tout ce qui remue et qui vit vous servira de nourriture au même titre que les légumes et les plantes : je vous donne tout cela. » Ancien Testament, Genèse 9.

Que dirait ce même Dieu, aujourd´hui, à la vue des dégâts que ses paroles auront causés, sur cette bonne Terre ? La croissante recherche d´énergie (pétrole, charbon, gaz), la pénurie de la ressource la plus importante pour la vie, l´eau, la stagnation de la production agricole due à l´utilisation excessive des sols, la surexploitation des recours des océans et des fleuves, la déforestation des forêts tropicales, les dommages irréversibles dans les écosystèmes, l´extinction des espèces rares de la faune et de la flore, la pollution de l´air, des océans, des sols et du sous-sol, l´incinération des ordures industrielles/urbaines, la dissémination de produits toxiques – herbicides, dioxines, métaux lourds, résidus nucléaires, voilà quelques exemples d´attentats écologiques dont les causes tiennent en deux mots : surpeuplement humain.

Les prévisions de Malthus peuvent, enfin, être prises au sérieux : la population mondiale ne cesse d´augmenter alors que la pénurie des ressources naturelles et alimentaires atteint des niveaux dramatiques. Comment pourront vivre ou, plutôt survivre les 9 milliards d´êtres humains prévus en 2050 ? Une natalité sans frein est en train de pousser à l´extinction les ressources alimentaires et naturelles de la planète.

“Les plus grands défis que l´humanité aura à affronter dans un futur proche seront dus au surpeuplement, au manque de ressources naturelles, (l´eau, les matières premières, le pétrole) à des pandémies de toutes sortes de maladies connues et inconnues, à la pollution (air, eau, nourriture, produits chimiques).” Albert Einstein

« La menace la plus grave pour l´avenir de l´humanité est l´explosion démographique (…) Notre petite planète sera incapable de supporter pendant longtemps les conséquences d´un surpeuplement et de l´activité industrielle sans contrôle de notre société de consommation. » René Dumont (1904-2001)

Le salut de l´humanité dépend d´une natalité contrôlée. Il faut un programme urgent de l´ensemble des nations, un plan international de procréation raisonnable. Une natalité contrôlée ramènerait, d´ici 50 ans, la démographie à des niveaux suffisamment bas pour permettre aux humains d´habiter dans une planète un peu plus vivable. Tandis qu´en Europe quelques gouvernants se plaignent de la faible natalité de leurs populations et poussent les gens à procréer, dans les pays sous-développés la natalité atteint des chiffres impressionnants : tous les quatre jours, un million d´êtres humains rejoint les sept milliards qui peuplent la Terre !

“J´ai demandé à un médecin de prescrire la pilule afin que les femmes n´accouchent plus d´enfant tous les dix mois. Je venais de voir une femme enceinte, en train de donner le sein à ses deux bébés. Je ne pouvais laisser cette situation durer. J´á écrit au pape, en lui relatant ce qui se passait dans le bidonville. Je n´ai jamais eu de réponse. » Sœur Emmanuelle.

Natalité ? Parlons un peu des tragédies humaines que lui sont associées. Les enfants en bas âge sont les principales victimes de la procréation déraisonnable. Rien qu´en 2007, selon l´écosociologue Laure Waridel, six millions d´enfants furent victimes de la faim ou des maladies provoquées par une mauvaise nutrition avant d´atteindre l´âge de cinq ans. Les familles n´avaient pas l´accès à des terres cultivables ni de l´argent pour acheter de la nourriture. Combien d´enfants nés dans les pays de grande natalité pourront accéder à des conditions de développement normal, mental, physiologique et affectif ? Combien connaîtront l´amour et la protection des parents ?

Dans les pays du tiers-monde où presque toute la productivité est dépendante du travail misérablement payé, la prédominance des enfants est incontestable. En tout le monde, ils seront aujourd´hui plus de 300 millions, entre cinq ans et quatorze ans ! 50 à 60 millions d´enfants travaillent dans des conditions considérées, extrêmement dangereuses, comme par exemple, dans les unités de fabrication de bracelets en verre, en Firozabad, dans l´État du Uttar Pradesh, en Inde où l´extraction de ce matériau en fusion atteint des températures entre 1.500 et 1800 degrés. Dans le même État, en Varanasi, une ville touristique réputée par ses temples et par la fabrication de tapis et saris bordés à la main, des puissantes mafias travaillant pour les patrons locaux, retiennent, prisonniers, dans les ateliers et fabriques plus de 200.000 enfants esclaves. En Asie, en Afrique ou en Amérique Latine, dans les usines, dans les plantations, dans les services domestiques, dans la prostitution, dans les entreprises locales ou embauchés par les multinationales (Mattel, Barbie. Hasbro, Monopoly et tant d´autres), les profits du sang et de la mort des enfants esclaves remplissent les coffres des entreprises prédatrices et enrichissent leurs patrons et actionnaires.

Des millions et des millions d´enfants deviendront tout le long de leur enfance victimes des drames de la misère, de l´esclavage, de la prostitution infantile, du trafic d´organes. Ceux qui survivront deviendront des adultes marginalisés, stigmatisés par la pauvreté, sans instruction, sans bagage culturelle, sans ressources intellectuelles, des parias du trop-plein humain. Tout cela au nom d´une aberrante moralité pseudo religieuse qui rejette toute forme de contraception et qui condamne l´avortement !

Quel genre d´êtres humains sont ces « moralisateurs officiels et officieux », ces irréductibles adversaires de la seule solution qui sauverait le monde d´une démographie dévastatrice et qui empêcherait la naissance d´une humanité de martyres ? L´obscurantisme religieux, l´inertie des gouvernants et le pouvoir des majorités silencieuses provoquent cet holocauste de l´enfance, auquel le monde assiste, dans une indifférence malsaine.

Les millions d´enfants qui travaillent en des conditions extrêmes de danger, assujettis aux accidents, à la faim, aux maladies, aux brutalités de leurs bourreaux, privés de ce qu´il y a de plus vital pour un enfant, l´amour de ses parents, ont-ils des raisons de remercier le fait d´être nés ? Un contrôle sérieux de la natalité, adopté partout dans le monde, ferait baisser, très vite, la mortalité infantile, puisqu´il y aurait beaucoup plus de ressources naturelles et humaines à distribuer aux enfants de la génération précédente.

Le monde a besoin, impérativement, d´une démographie responsable. Réguler la procréation c´est laisser vivre les vivants. Ceux qui militent contre la limitation du nombre d´enfants par femme et pour l´interdiction de l´IGV, participent, par égoïsme et par obscurantisme, dans l´assassinat de millions d´enfants. Est-ce que ces croisés de la procréation à tout-va sont conscients de la gravité du problème ? La dénatalité exige de l´intelligence et le sens d´une responsabilité humaniste. En étant la seule mesure qui pourra agir rapidement sur l´équilibre démographique, elle s´affirme, clairement, comme une vraie amie de l´humanité et de l´environnement.

Imaginons donc que chaque femme, à partir de l´année 2014, sur toute la planète, limiterait sa progéniture à un seul enfant. Au beau milieu des années 50, le nombre d´humains qui peuplerait la planète aurait baissé de plus d´un milliard, et en 2075, la population mondiale ne serait plus que 3 milliards et demi. Un enfant né aujourd´hui, pourrait connaître, à l´âge de 75 ans, une humanité libérée des dangers du surpeuplement. Vers 2100, la Terre aurait le même nombre d´habitants qu´au début du XIXème siècle, avant les changements survenus avec l´ère industrielle, c´est-à-dire, à peu près 1 milliard et demi d´êtres humains ! La planète deviendrait, alors, plus sûre du point de vue climatique, les ressources naturelles seraient plus que suffisantes pour nourrir tous les enfants et adultes d´une manière équilibrée et, sans l´éventuelle menace d´un quelconque astéroïde errant, notre humanité pourrait repartir vers une ère radieuse, favorisée par les constants progrès des sciences.

Quelques siècles avant Jésus Christ, un philosophe nommé Platon affirma : « La procréation est la création des imbéciles ».

Peter Sloterdijk écrivit : « Un individu qui ne se reproduit pas jouit de lui-même comme un état final de l’évolution. »


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