Ne mettons pas la laïcité à toutes les sauces !
par CHALOT
mercredi 17 août 2016
Le Directeur de la Caisse Nationale des Allocations Familiales sur la page facebook « CAF et partenaires, les valeurs de la République en action » réagit à propos
de « l’affaire » du centre de vacances Les Ecrins à Pelvoux dans les Hautes Alpes :
"1. Vacaf et les Caf concernées ne participeront pas aux prises en charge de ce séjour (au titre de l'Aide aux Vacances), en raison de son caractère cultuel et à l'évidence prosélyte, et conformément à notre charte de la laïcité. Vacances éthiques a été informée dès lundi 8 août de cette décision et les allocataires le seront par chacune des Caf concernées.
2. Le centre de vacances a fait l'objet d'un contrôle sur place dès mardi 9, à l'issue duquel il lui a été rappelé qu'il ne pouvait bénéficier de l'agrément Vacaf pour ce type de séjour. D'autres conséquences de ce contrôle pourront être tirées à l'issue de la phase contradictoire (Les conclusions du contrôle seront rendues dans le " courant de la semaine prochaine " afin d'établir si le centre peut conserver son agrément Caf selon l'Afp).
3. Vacaf va adresser à l'ensemble des quelque 3000 centres agréés un courrier leur rappelant les obligations de la charte de la laïcité.
4. Dans le cadre des travaux du comité de la charte le dispositif d'agrément de Vacaf sera renforcé pour intégrer de façon plus précise les obligations de la charte et la convention avec Vacaf sera adaptée en ce sens".
Cette réaction est une réponse à l’article du Figaro du 10 août 2016
"Les curieuses vacances d'une association musulmane"
(Cette association organisait séjour agréé vacaf ( CAF) d'une semaine avec repas halal et prières guidées par un imam controversé de la mosquée d'Aubervilliers)
Pour qu’un séjour soit agréé VACAF permettant aux familles de disposer d’aides de la CAF, il faut qu’il réponde à certains critères, c’est exact
Mais que fait, ici, la laïcité ?
Faut-il rappeler que la laïcité, c’est la séparation des églises et de l’Etat, donc concerne les services publics, les institutions dont l’école publique et non l’ensemble des espaces ?
Autrement dit, pour faire écho à un autre événement récent : la « laïcité » ne s’applique pas dans la sphère privée, ni sur les plages, ni dans la rue.
En ce qui concerne la rue, les personnes peuvent porter des signes distinctifs, seul est interdite l’occupation illégale comme l’organisation de prières dans la rue, assimilée à une manifestation soumise à une autorisation.
LA LOI DOIT ETRE APPLIQUEE SANS FAIBLESSE MAIS LA LOI, RIEN QUE LA LOI
Revenons à la question des centres de vacances.
Les séjours sont déclarés à la DDCS (Direction Départementale de la Cohésion Sociale)-ex DDJS, ils doivent répondre à des normes souples sauf en ce qui concerne la sécurité.
Le respect de la laïcité n’est pas dans les critères….
Des centres de vacances catholiques ou protestants sont déclarés et reçoivent des prestations de la CAF, ce qui est usuel et incontestable.
Nous sommes dans un Etat de droit et seuls les séjours ne respectant pas cette loi comme, par exemple n’appliquant pas la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, peuvent être interdits.
Si l’organisateur d’un séjour collectif de mineurs est une secte et nuit au développement harmonieux de l’enfant, le séjour doit être interdit … On est dans le respect de la législation Jeunesse et Sports qui est claire là-dessus.
Il faut sanctionner ce centre de vacances, voire l’interdire en fonction de la loi et non au nom de la laïcité qui là n’est pas compétente.
En CONCLUSION : on ne combat pas l’intégrisme en adaptant les textes, en les interprétant ou en sortant des arrêtés de circonstance.
L’effet pervers de toute adaptation décidée dans la précipitation, c’est de renforcer les intégristes qui peuvent expliquer à ceux-qui veulent les entendre que c’est une religion qui est visée.
Jean-François Chalot