Ne réfléchissez surtout pas, votez Macron !

par Michel DROUET
vendredi 28 avril 2017

Pour marcher au pas, pas besoin de cerveau, la moelle épinière suffit (Einstein). Tout ce qu’on vous demande, c’est d’aller voter Macron massivement, en rangs serrés, et en chantant si possible d’ici le 7 mai, les louanges de ce candidat pour lequel vous n’avez pas voté au premier tour, simplement pour faire barrage au Front National.

Pourquoi cette injonction hystérique ?

Macron, c’est le dernier rempart anti FN, la digue contre tous les maux attribués à ce parti, le dernier bastion contre la dictature, contre les affres d’une sortie de l’euro et du retour au franc. En poussant un peu, Macron va guérir les plaies et les écrouelles, et ceux qui persistent à ne pas vouloir se désister pour lui sont quasiment soupçonnés d’intelligence avec l’ennemi alors qu’ils combattaient fermement le FN en 2002.

Macron, l’homme qui fait l’unanimité dans les rédactions, pas forcément par adhésion à son programme, mais parce qu’il serait ce dernier rempart bien pratique contre le FN.

L’intérêt supérieur du pays est en cause

Personne ne croit un instant que Marine Le Pen puisse être élue, sauf à penser que Macron s’effondre à cause d’une campagne de second tour calamiteuse ou d’un évènement particulier en cette fin de campagne.

L’intérêt supérieur du pays, c’est avant tout d’avoir un président bien élu pour être crédible dans et hors nos frontières et la barre est très haute depuis les 80 % de Chirac en 2002.

Imaginons un Macron en dessous de 60 % à l’issue du second tour avec un record d’abstentions. Sa légitimité ne manquerait pas d’être contestée et il aurait les pires difficultés à constituer une majorité parlementaire autour de lui.

C’est donc autour de la participation au scrutin et du ralliement contraint que tout se joue avec l’injonction du « vote républicain » qui consiste à voter contre ses convictions pour « sauver le pays ».

 « En Marche » : l’auberge espagnole

C’est ainsi que le rassemblement de Macron a été qualifié au fil de la campagne au gré des ralliements de droite et de gauche et des soutiens divers et variés de ceux qui volent toujours au secours de la victoire, pas toujours pour des raisons désintéressées. Robert Hue, Alain Minc, Cohn Bendit, Bayrou, Attali, Arthuis, Orsenna, de Rugy, Delanoë, Collomb, et tant d’autres, ni de gauche, ni de droite bien entendu, sauf Kouchner qui a déjà testé les deux.

Depuis le résultat du premier tour, d’autres soutiens se sont manifesté pour dire qu’ils voteraient Macron au second tour, Hollande, bien sûr, puisque Macron est sa créature, mais aussi Sarkozy, ce qui est plus surprenant quand on se souvient de sa drague effrénée des électeurs du FN en 2012 sur la ligne Buisson.

Que signifient tous ces ralliements à Macron ?

La recomposition politique est « en marche » et chacun veut être invité au festin ou à défaut peser dans le débat. Rien de naïf dans tout cela.

Les deux partis dits de gouvernement sortent étrillés de ce premier tour, les « républicains » qui se sont laissé entraîner dans les dérives de leur candidat miné par les affaires et les « socialistes » parce qu’ils ont torpillé la candidature de celui qui avait été désigné par la primaire.

Désormais, ce n’est plus le résultat du second tour de la présidentielle qui est important pour les appareils, mais les résultats des législatives de juin. Nous sommes déjà dans le coup d’après. L’enjeu, c’est de voir avec quel apport (« socialiste » ou « républicains ») pourra se constituer une majorité présidentielle autour d’un noyau de députés élus sous l’étiquette « en marche », le tout déterminant le tropisme qui sera retenu avec les inflexions politiques qui iront avec.

N’oublions pas par ailleurs que le FN et les Insoumis devraient également élargir leur présence à l’Assemblée Nationale et entraîner des cohabitations opportunistes droite LR/gauche socialiste auxquelles nous n’étions pas habitués jusqu’à présent.

 

Tout changer pour que rien ne change, voilà comment on peut qualifier ce qui se passe. Un pas de plus vers le libéralisme qui rassurera les marchés et l’Europe que les élus ne veulent pas changer parce que ça les arrange de se défausser sur Bruxelles.

 


Lire l'article complet, et les commentaires