Ni Macron, ni Le Pen, guerre sociale

par Mohamed Belaali
mardi 2 mai 2017

Le candidat du Cac 40 sera probablement Président de la République. Il s'agit d'un « coup d'Etat » habilement orchestré par le pouvoir financier et patronal au profit d'une minorité d'exploiteurs. Si Macron est élu, il prolongera l’œuvre de destruction et de liquidation, entamée par Sarkozy et Hollande, de ce qui reste encore des avancées sociales arrachées de haute lutte aux patrons par des générations successives de travailleurs. Macron appliquera avec zèle une politique de paupérisation systématique des classes populaires et l’enrichissement d’une minorité d'oppresseurs.

Pour produire l'illusion du changement et donner l'impression de créer quelque chose de tout à fait nouveau, Macron et son équipe doivent travestir la réalité. Les nouveaux serviteurs pour se distinguer des autres, doivent jouer une nouvelle comédie sur la scène politique française.

La classe dominante peut s’estimer heureuse ! Après le chiraquisme, le sarkozysme et le hollandisme qui l’ont comblée au- delà même de ses espérances, voilà le macronisme qui s’apprête à son tour avec un dévouement singulier à servir les mêmes maîtres. Étrange démocratie qui, avec la complicité d'une majorité, sert toujours les intérêts d'une minorité !

 

Le discours, le style, les apparences de ces serviteurs de la bourgeoisie sont différents. Mais il ne s'agit là que d'un déguisement qui reflète plus ou moins nettement le fond commun : servir la même classe sociale qui les place à tour de rôle, dans des circonstances différentes, à la tête de l’État.

Pour la classe dirigeante, Macron est l'homme de la situation d'autant plus qu'il est présenté comme un rempart contre le Front national. Il est capable de préserver les intérêts des riches tout en faisant croire aux masses populaires qu’il entreprend des réformes en leur faveur. Le sarkozysme et le hollandisme ont fait leur temps. Ils ne correspondent plus à la nouvelle réalité de la lutte des classes. Place au macronisme, aux nouveaux serviteurs de l'ordre établi.

 

Pour placer Macron à la tête de l'Etat, la classe dominante, à travers ses médias et ses instituts de sondages exerce une terrible pression sur les citoyens. Hommes et femmes politiques, journalistes, artistes, sportifs et autres intellectuels sont ainsi mobilisés pour « faire barrage » au Front national. La propagande bat son plein. Les grands médias, tous entre les mains des groupes industriels et financiers, incitent la population à voter plutôt Macron que Le Pen. Le joker Front national sera utilisé le moment venu pour servir les mêmes intérêts. Les valeurs républicaines sont brandies de manière incantatoire. Toute voix discordante qui appelle au boycott, à l'abstention et au vote blanc est suspectée, marginalisée ou tout simplement censurée. Il faut, vaille que vaille, voter Macron.

Tous les moyens, petits et grands, sont utilisés pour répandre « la vérité » de la classe dirigeante et faire élire le candidat des riches perpétuant ainsi les privilèges et les injustices de l'ordre établi.

 

Le parti d'extrême droite était présenté durant toute la campagne électorale comme un parti normal et son nationalisme xénophobe et antisémite, édulcoré, banalisé. Les sondages annonçaient Marine Le Pen présente au deuxième tour d'une manière continue. Le parti d'extrême droite bénéficiait d'une couverture médiatique impressionnante. L'hydre Front national était grassement nourri pour servir d'éventail entre les deux tours, facilitant ainsi l'élection du candidat des puissants, Emmanuel Macron. La classe dirigeante après avoir tout fait pour que Marine Le Pen soit présente au deuxième tour, « diabolise » hypocritement maintenant le Front national. La bourgeoisie dont le fascisme et le nazisme sont sortis de ses entrailles, en période de crise, feint de découvrir que le Front national peut être dangereux.

 

Macron, Le Pen sont deux têtes du même monstre, le capitalisme. Ils sont le produit authentique de la dictature du capital. Ils sont les ennemis du peuple. Les travailleurs et les salariés en général doivent s'attendre, après Chirac, Sarkozy et Hollande, à un quinquennat effroyable avec la poursuite des politiques d'austérité et de liquidation des acquis sociaux. Les conséquences seront terribles pour la population : chômage de masse, précarité, destruction des services publics, démantèlement de ce qui reste encore du droit du travail et du système de retraite par répartition basé sur la solidarité entre générations entraînant inévitablement l'augmentation du nombre de personnes cumulant vieillesse et pauvreté. Cette misère des classes populaires n'a d'égale que la richesse d'une classe de parasites dont Macron est aujourd'hui le porte parole politique. Sombre avenir pour une partie de la population de plus en plus importante.

 

Macron ou Le Pen utiliseront l'Etat et son appareil idéologique et répressif pour masquer cette cruelle réalité afin d'éviter toute révolte et toute résistance d'envergure. Macron ou Le Pen maintiendront l'état d'urgence et rétabliront le service militaire. La guerre et la négation de la vie est une caractéristique fondamentale du système qu'ils servent, le capitalisme. Ils vont contrôler, surveiller, ficher, réprimer, bref il vont terroriser les citoyens qui refusent de courber l’échine. Les richesses doivent, sous le règne de Macron ou de Le Pen, rester concentrées entre les mêmes mains.

 

Sous le régime de Macron ou de Le Pen, Les travailleurs, les salariés en général, la jeunesse et tous les progressistes doivent partout amplifier la guerre sociale. Car l'un ou l'autre, même si il y a une différence de degré et non d'essence, sont les ennemis du peuple et du progrès. Il faut éviter de reproduire l'erreur de 2002. Les partis et les organisations qui se réclament de la classe ouvrière doivent mener des luttes quotidiennes pour améliorer temporairement la situation des masses populaires sans jamais renoncer au combat politique de classe contre classe.

 

Mohamed Belaali

 


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